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Warriors : L’agence tous risques

À l’aube de leur premier match de finales NBA depuis 40 ans, le manque d’expérience des Warriors a bien été documenté. Il faut remonter au premier titre des Bulls de Jordan en 1991 pour retrouver un champion ne possédant aucune expérience préalable à ce niveau.

Et comme en 91 pour Chicago face aux L.A. Lakers, les Warriors devront faire face à une équipe de Cleveland qui, malgré sa jeunesse, possède de nombreux vétérans qui ont déjà atteint les finales (LeBron James, James Jones, Mike Miller, Kendrick Perkins, Shawn Marion et Brandon Haywood). Si l’émotion sera, sans aucun doute, forte pour les Dubs, ils nous ont prouvés tout au long de la saison, et particulièrement en playoffs, qu’ils savent apprendre de l’adversité pour rebondir de façon remarquable.

Progression, évolution et prise de risques. Un cocktail qui a fonctionné cette saison pour Steve Kerr et pour toute une franchise depuis 2011.

Un développement envié

Joe Lacob, co-propriétaire, a racheté les Warriors en Juillet 2010 après avoir été abonné pendant 10 saisons. Il aura eu besoin de trois années pour inverser le sort d’une franchise qui vivotait dans les abimes de la ligue. Et de cinq pour atteindre les NBA Finals.

Pour progresser rapidement, les dirigeants de l’équipe de la Baie de San Francisco ont pris des décisions fortes, des risques et ont bénéficié de coup de chances ici et là. Les deux premiers choix importants de Lacob auront été de recruter Mark Jackson en 2011 et de promouvoir Bob Myers, ancien agent, comme général manager en 2012.

En 2011, l’arrivée de Jackson est le premier pari de l’ère Lacob. L’ancien meneur et analyste TV ne possède aucune expérience d’entraineur mais ses qualités de leadership séduisent l’équipe dirigeante. Myers a lui aussi rejoint les Warriors en 2011 comme assistant de l’expérimenté général manager Larry Riley. Après avoir déniché Klay Thompson lors de la draft et gagné la confiance des dirigeants, il récupère les rênes de l’équipe.

Le tandem Jackson-Myers a changé la culture de la franchise en trois saisons. Connu pour son attaque de feu, Golden State ajoute doucement mais surement une défense à son répertoire. Les changements sont subtils et les résultats tardent à venir. Lors d’une saison 2011-2012 raccourcie par le lock-out et tronquée par les chevilles de Steph Curry, les Warriors envoient Monta Ellis, le chouchou de l’Oracle, à Milwaukee en échange d’un Andrew Bogut indisponible jusqu’à la fin de la saison. Le pari est risqué. Les fans se sentent floués. Révoltés, c’est avec plaisir, qu’ils huent Joe Lacob lors d’une cérémonie en hommage à Chris Mullin à quelques jours de la fin de l’exercice 2012.

Avec du recul, ce transfert peut être vu comme la fondation de l’identité actuelle des Warriors. La franchise manquera les playoffs cette année-là mais récupérera trois pépites lors de la draft 2012 en Harrison Barnes, Festus Ezeli et Draymond Green. Cendrillon de l’Ouest, les Warriors tomberont en demi finale de conférence la saison suivante face aux Spurs. La locomotive est lancée. Derrière Mark Jackson, Curry, Thompson et les trois rookies gagnent en confiance et entament une évolution qui leur donne aujourd’hui l’opportunité de jouer pour le titre.

La progression sur le terrain est constante et elle permet aux dirigeants de transformer Golden State en une destination attractive. L’arrivée d’Andre Iguodala en est la preuve. Les Warriors passeront la barre des 50 victoires en 2014 mais une élimination au premier tour des playoffs, sans Andrew Bogut, face aux Clippers auront raison de Marc Jackson. En désaccord avec les dirigeants, son licenciement semble inévitable en interne, incompréhensible pour ses joueurs et le grand public.

Décision forte et prise de risque.

Dans l’oeil du cyclone, Lacob reste fidèle à lui même et à la recette qui lui a permis de redorer le blason des Warriors. Comme trois saison auparavant, c’est sur un coach sans expérience qu’il jette son dévolu. Si Steve Kerr possède cinq bagues de champions récoltées aux côtés de Michael Jordan et de Tim Duncan, sous la houlette de Phil Jackson et Gregg Popovich, il a tout à prouver sur un banc de touche.

La cerise sur le gâteau ?

La suite vous la connaissez. Habile et intelligent dans sa façon de gérer son équipe, Steve Kerr a su profiter du vécu et des acquis de son effectif, et de son staff, pour réaliser une saison historique. À travers un collectif impressionnant des deux côtés du terrain, les Warriors ont dominé la saison régulière. Et si personne n’est aujourd’hui surpris de les voir en finales, leur chemin a été plus compliqué qu’il n’y parait.

Décisions fortes et prise de risque.

A l’instar du travail effectué par les dirigeants, Steve Kerr a dû faire preuve de caractère pour transformer cette équipe en épouvantail. Evidemment, il est difficile de recenser tous les choix importants pris par le technicien californien au cours de la saison. Nous allons ainsi nous concentrer sur deux décisions qui, dans des contextes complètement opposés, ont façonné les Warriors. Mettre Andre Iguodala sur le banc et trouver les ajustements nécessaires pour renverser la série contre Memphis.

Vétéran, titulaire lors de toute sa carrière, Andre Iguodala a pourtant accepté le choix de Steve Kerr sans sourciller. Cette décision a permis à Kerr d’annoncer la couleur avant même le début de la saison. Le collectif est plus important que les accolades individuelles ou les hiérarchies pouvant exister au sein d’un effectif. Ce choix, qui peut paraitre anodin, est devenu le symbole de l’identité de Golden State et a propulsé les Warriors au niveau supérieur.

Huit mois plus tard et après un premier tour plus épineux que prévu, Golden State se retrouve, pour l’une des premières fois de la saison, en difficulté face aux Grizzlies. Menés 2-1 dans leur confrontation, Kerr et son coaching staff tentent alors le pari de mettre Andrew Bogut sur Tony Allen. Le risque s’avère payant et les Warriors gagnent trois matches de suite pour rejoindre la finale de conférence. Dos au mur, les joueurs et le staff ont su apprendre de leurs erreurs pour évoluer et comprendre que gagner en playoffs est différent des victoires acquises en saison régulière.

Golden State arrive donc en finales en sachant qu’ils sont capables de gagner tout type de match, tout en gardant en tête qu’ils ne sont pas invincibles. Ironiquement c’est souvent à l’Oracle Arena qu’ils ont été les plus vulnérables. Devant la Dub Nation, les coéquipiers de Steph Curry ont du mal à contrôler leur talon d’Achille, les ballons perdus et les précipitations. Leur manque d’expérience, à ce stade de la compétition, pourrait leur jouer des tours lors du premier match des finales. Paradoxalement, nous ne pouvons dire que les Warriors ne sont pas expérimentés. Du propriétaire au coaching staff en passant par les joueurs, la franchise toute entière a forgé une identité et des habitudes de champions depuis les 5 dernières saisons.

Progression, évolution et prise de risques. Un cocktail qui n’est pas sans rappeler l’ADN de la Silicon Valley.

Start-up, en juillet 2010, les Warriors de Lacob sont devenu les Facebook, Twitter ou Uber de la NBA. Comme ces compagnies avant eux, ils n’ont qu’une obsession, celle d’arriver au sommet le plus rapidement possible. Et pour atteindre cet objectif, il n’y a qu’une option : Détrôner le roi de son industrie.

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