[Interview] Nicolas Batum : « C’est oublié avec James Borrego »
Revenu hier au Madison Square Garden, après sa blessure au tout premier match de la saison, le Français a eu droit à 30 minutes inattendues, pour 3 pts (1/4), 9 rebonds, 6 passes, 1 contre et 1 interception… et le money time en prime ! Surtout, son utilisation par l’entraineur des Hornets semble être enfin bien lancée. Contrairement à l’an dernier. Basket-Infos était sur place pour en discuter.
Nicolas, premier match plein pour ta reprise ?
Je ne m’attendais pas forcément à jouer 30 minutes ! Ou à être sur le terrain en fin de match, quand c’est serré. Mais c’est bien de rejouer. De ne pas rester sur le côté à regarder. J’étais blessé en pré-saison, blessé au premier match (à la main gauche). Donc c’était un peu galère pour moi de revenir. Mais j’ai essayé de rester en forme, notamment au niveau du cardio et du shoot, pour revenir. Et puis ce que j’ai fait sur ce match, c’est un peu l’illustration de ce que je vais devoir faire cette année. Après, au tir, l’adresse va revenir. Mais rebonds, passes, défense, communication. C’est un peu ce que j’ai fait cet été (en bleu), de toute façon !
Pas trop de gêne à ton doigt et à la main ? Tu donnais un peu l’impression que si parfois…
Oui, une ou deux fois ce fut un peu douloureux. J’ai pris un gros coup dessus à quatre minutes de la fin aussi, ce qui m’a pas mal lancé pendant deux-trois minutes. Mais les « docs » m’ont dit que pendant deux ou trois semaines ça allait être comme ça. Donc il faut juste que j’apprenne à jouer avec ça justement, et ça ira. Passé ce délai de deux ou trois semaines, l’os qui est cassé sera bien remis. Et vu que les tendons ont été touchés aussi, cela va prendre un peu plus de temps, mais c’est pareil, je peux jouer avec.
Ton rôle semble plus défini que l’an passé : vétéran du groupe ?
Oui, avec Marvin Williams. C’est ce qu’on a mis en place avec le coach. Et « MJ » (Michael Jordan). Comme ce soir : c’est à moi de parler, de dire « calmez-vous ! », « une possession à la fois… » (notamment après le game-winner de Devonte’ Graham, où il restait 2 secondes importantes à jouer derrière). Mais on a des matchs qu’on doit aller chercher, qu’on doit aller gagner. Et malgré tout le respect que j’ai pour les Knicks, ce match là on doit aller le gagner. On se doit de le gagner, même en back-to-back, si on veut apprendre. Il y a Devonte’ qui a fait un énorme match (dont le tir de la gagne). Il y a PJ Washington, que moi j’adore, qui a été très, très bon, surtout dans le money time, et qui a fait un gros stop sur (Julius) Randle à la fin. Malik (Monk, auteur d’un buzzer-beater la veille) a montré des choses très, très intéressantes… Non, c’est bien. C’est bien ce qu’on fait cette année. On est dans la même mentalité, et c’est bien ce qu’il se passe.
« Mon été en bleu a été intéressant pour Charlotte »
D’où est partie la discussion avec James Borrego ?
Je pense que cet été, ç’a été quelque chose d’intéressant pour moi. Car là c’est un peu ce que j’ai fait en équipe de France, ce que l’on me demande. Evan (Fournier), Nando (De Colo) étaient les leaders en attaque, avec Rudy (Gobert) à l’intérieur. Moi j’étais plus à fond dans le rôle de leader, de capitaine. Que je fasse toutes ces choses à côté, défense, communication…
Du coup il parle de toi de manière bien plus convaincante… et convaincue !
On s’est beaucoup parlés cet été. Je sais qu’il a suivi. On a beaucoup échangé. Et c’est parti sur une nouvelle mentalité. Ca va donc être dans la continuité des Bleus. Parce que c’est clair, ils vont partir sur les jeunes de toute façon. Et c’est très bien ! D’autant qu’ils répondent présent. Et moi le fait de changer ce rôle, de sortir du banc et d’être le « grand-frère », ça me va.
Parce que l’an dernier, ou peut dire que tu as été clairement sous-utilisé (il pointait autour de la 400ème place sur 465 joueurs répertoriés)…
On était plus dans le flou l’année dernière. Clairement. On était un peu entre les deux lui et moi. Là il y a une meilleure communication depuis cet été et on est beaucoup plus clairs sur ce qui va se passer, individuellement. Donc oui, justement, on en a parlé. Mais cette année c’est différent. C’était la saison dernière. On a mis cette histoire derrière nous. On a beaucoup changé par rapport à ça et c’est oublié. C’est oublié. C’est une nouvelle saison.
« MJ est venu nous parler »
Es-tu surpris du bon de début de saison de Charlotte ?
Pas forcément, parce que je sais comment ils ont bossé cet été. Ils étaient tous à la salle, quasiment, depuis le mois de juin ! Le training camp que l’on a eu aussi. On sait ce qui se dit sur nous, que l’on n’a pas de « Star Power », comme ils disent en NBA. Mais on bosse. Mais quand tu bosses, que tu joues juste, avec les bonnes intentions… Après, je ne dis pas que l’on va gagner 50 matchs ! Mais on fera en sorte de se donner les meilleures chances.
Y a-t-il un objectif de fixé, comme accrocher les playoffs ?
Non, pas forcément d’objectif. On a eu une grosse réunion collective quand « MJ » est venu nous parler. Et c’est ce qu’il veut aussi. C’est le mot d’ordre : de ne pas prendre un match off. Même si des fois, il y a un match où tu n’es pas dedans… il y en aura quelques-uns. Mais c’est important de rebondir et de rester concentré et d’avancer ensemble et pas s’enflammer. Baisser la tête. Parce qu’on a une équipe jeune, mais intéressante quand même.
Peux-tu décrire la teneur de son propos ?
Le message qu’il a, c’est qu’il a aussi connu des galères. Des moments où tu ne fais pas les playoffs, ou que tu les fais, mais que tu as une équipe jeune et qui découvre. Tout le monde passe par là ! Même lui est passé par là ! Mais le plus important, c’est de continuer le travail, d’être compétitif, de n’avoir peur de rien et de rester ensemble.
C’est aussi une recette pour progresser….
Oui, oui, oui ! Parce que l’équipe grandit tous les jours. Il y a eu l’explosion de Devonte’ Graham, il y a eu l’apprentissage et la confirmation de PJ, la maturité de Malik. Le nouveau rôle de Terry Rozier. Confirmation de Bismack (Biyombo) et Cody (Zeller). Et j’étais là tous les jours et j’essayais de m’adapter à eux. Parce que c’est ça aussi mon rôle.
Titulaire ou pas titulaire, c’est important pour toi ?
C’est moi qui ait demandé de sortir du banc là. J’étais censé être dans le cinq, mais je voyais l’explosion de PJ et j’ai dit « coach, ça ne sert à rien là, lance PJ ». On en a parlé entre nous, et moi je suis prêt à faire mon rôle comme j’ai fait maintenant.
Ce qui compte, c’est plutôt le cinq de fin ?
Oui, ça c’est sûr ! Je m’en suis rendu compte là d’ailleurs. C’est peut-être plus gratifiant de faire les fins de matchs serrées que de les commencer.
Propos recueillis par Antoine Bancharel, à New York