Dallas Mavericks 2020 : meilleure attaque de l’Histoire de la NBA.
L’attaque de Dallas écrase tout sur son passage. Comment, pourquoi, est ce durable ? Entre paroxysme de jeu collectif et génie individuel de Luka Doncic, quelques éléments de réponse pour tenter d’y voir plus clair.
Guillaume (@GuillaumeBInfos)
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Les Dallas Mavericks sont de retour.
Après quelques saisons compliquées parallèles aux dernières années de Dirk Nowitzki, la franchise de Mark Cuban semble être de retour sur de devant de la scène tel qu’ils l’ont été pendant l’intégralité des années 2000s et la première moitié des 2010s. Peut-être pas encore prêt à entrer dans la danse des prétendants sérieux au Larry O’Brien, mais se réaffirmer comme une place forte, sérieuse et solide de la Conférence Ouest, c’est acté.
Dallas pointe pour l’instant à un coquet bilan de 11 victoires pour 5 défaites (4e à l’Ouest) et le moins qu’on puisse dire c’est qu’un côté du terrain les aide particulièrement à ramener le scalp de leurs adversaires soir après soir : l’attaque.
Or, cette attaque-là, elle n’est pas juste bonne, excellente, ni même « seulement » élite.
Si je vous demande quelle est la meilleure attaque de l’Histoire de la NBA vous arriveriez probablement à deviner plus ou moins vite de qui il s’agit : les Golden State Warriors saison 2018-19 avec 115.9 points scorés par 100 possessions. Y’a pas de piège : Stephen Curry, Klay Thompson, Draymond Green, Kevin Durant, l’équipe la plus incroyable jamais construite, une anomalie historique du salary cap, vous connaissez le refrain. Et si la version 2019 de ces Warriors-là ne vous convient pas celle de 2016-17 n’est pas très loin derrière (115.1 pts/100poss, 3e de l’Histoire). Entre eux se dressent seulement les Los Angeles Lakers de 1986-87 (115.6 d’Off-Rtg). Les Bulls de 1991-92 et les Rockets 2018-19 (115.5 chacun) complètent le top 5 All-Time.
De Stephen Curry à Michael Jordan, en passant par James Harden, Kevin Durant, Scottie Pippen, Magic Johnson, Kareem Abdul Jabbar, Chris Paul, et autres Klay Thompson, Draymond Green, James Worthy, le niveau de talent de ces équipes est littéralement extraordinaire. Sans même évoquer les patronymes des tacticiens derrière ces machines infernales (Phil Jackson, Steve Kerr, Mike D’Antoni, Pat Riley), eux-mêmes parmi les meilleurs de l’Histoire de ce sport.
Si je vous demande à présent quel est l’Offensive Rating des Dallas Mavericks 2019-2020, vous me dites ?
118.1 pts/100poss.
Ce n’est pas juste le meilleur de l’Histoire, c’est carrément plus de deux points supérieurs au record actuel détenu par l’équipe la plus talentueuse de tous les temps. Même les Warriors et leur paroxysme de compétences individuelles et fond de jeu collectif se prennent 2.2 pts/100 possessions dans les dents par une équipe à l’effectif assez banal. Un bon effectif, mais très loin d’être spectaculaire. Pour mettre en perspective, si on descend de 2.2 dans l’Off-Rtg dans le sens inverse, on trouve la 33e meilleure attaque All-Time. Entre ces Mavs là et leurs dauphins, il existe le même écart qu’entre le 2e et le 33e de la liste.
C’est absurde.
Les Dallas Mavericks ne battent pas les défenses adversaires. Ils les étrillent. Les écrasent. Les atomisent, et dévastent tout semblant de rempart défensif se dressant sur leur passage.
Pas convaincu ? D’autres chiffres vous intéressent ?
Grâce à une défense dans la moyenne, les Mavericks ont actuellement le 2e meilleur Point Differential de toute la NBA avec +9 pts/100poss par rapport à leurs adversaires. Seul l’ogre Milwaukee fait mieux, avec +0.4 de plus seulement. Plus encore, Dallas poste un coquet bilan comptable de 11 victoires pour 5 défaites…avec en plus un mauvais Win Differential (22e/30) de la ligue, chiffre qui calcule le nombre de victoires réelles par rapport au nombre de victoires attendues par le niveau de jeu et le différentiel. Autrement dit, ce bilan de 11-5 ce n’est pas du vent : c’est même moins que ce qu’ils pourraient avoir. Sans les deux gamelles contre les Knicks, par exemple, un bilan de 13-3 plus en accord avec leur production leur vaudrait d’être 2e de la Conférence Ouest.
Portée par son attaque de folie, cette équipe des Mavs c’est du très solide. Semblerait-il.
Plus encore, l’accomplissement de Dallas est encore plus spectaculaire que tous ces chiffres ne le suggèrent pour une raison supplémentaire : ces Mavericks sont à des années-lumière du niveau de talent des autres équipes du top 5 All-Time.
Les Bulls avaient Michael Jordan *fin de l’argumentaire*. Les Warriors avaient trois des meilleurs shooteurs de l’Histoire, dont deux des meilleurs attaquants All-Time, et un intérieur passeur on ne peut plus intelligent pour les sublimer. Les Rockets avaient deux incroyables créateurs et décisionnaires, peut-être deux des tout meilleurs All-Time même (et le pouvoir des mathématiques). Les Lakers, un meneur de légende, le meilleur scoreur de l’Histoire de la ligue et un troisième Hall of Famer. Pour ne s’attarder que sur les principaux acteurs.
Les Mavericks actuels ? Luka Doncic. Des shooteurs et des finisseurs intérieur (aucun de calibre d’élite par rapport aux standards actuels de la ligue). Et puis…c’est tout. Vous avez déjà sans doute pas mal entendu la candidature du Wonderboy monter en puissance pour le trophée de MVP, mais s’il était nécessaire d’enfoncer le clou pour vous convaincre qu’il appartient à cette catégorie-là dès cette année, ceci le fera peut-être. Doncic porte la meilleure attaque de l’Histoire de la ligue sans l’ombre d’un lieutenant légitime à ses côtés. C’est pas mal.
Néanmoins, tout le crédit ne revient pas au joueur non drafté par les Suns, Kings et Hawks : Rick Carlisle n’en est pas à son premier coup d’essai.
Une des rares équipes à s’être rapproché de telles stratosphères ces dernières années ? Les Dallas Mavericks de 2014-15…avant le trade de Rajon Rondo.
Le meneur de la maison verte débarquant mi-Décembre 2014, cette orgie offensive n’avait duré qu’une vingtaine de matchs, mais elle fut réellement spectaculaire : 116.4 points/100 possessions. Mieux que les Lakers de 1987, record de l’époque. Mieux que les Warriors à 73 victoires et même mieux que la version « My Next Chapter » des trois dernières années qui se sont emparés du record All-Time sur une saison par deux fois en trois ans (quasiment).
L’effectif de ces Mavericks 2014-2015 ? Dirk Nowitzki à peine, mais quand même déjà passé son prime (36 ans), Monta Ellis plus mature, mais moins tranchant que dans ses jeunes années, Chandler Parsons fraîchement subtilisé aux Rockets durant la Free Agency, Tyson Chandler revenu au Texas après ses aventures new-yorkaises (33 ans), Jameer Nelson et Davin Harris (32 ans) loin de leur niveau All-Star *de l’Est, le finisseur explosif Brendan Wright, les vétérans Richard Jefferson, JJ Barea, Raymond Felton, un Al Farouq Aminu encore loin d’être le solide ailier titulaire de son époque Blazers, ou encore un jeune Jae Crowder drafté quelques saisons plus tôt.
Pas vraiment un casting à la Tarantino ni un roster de All-Star Game. Et pourtant : 116.4 points par 100 possessions. Mieux que quiconque avant cette saison-là.
Comment ? Assez simplement, en réalité : Rick Carlisle avait trouvé la recette de la potion magique et on lui avait donné des ingrédients qui se mariaient incroyablement bien entre eux.
D’abord et avant tout, Dirk Nowitzki. Non pas pour sa création offensive directe, ses capacités de 1vs1 et son fameux fadeway jump-shot qui a lui seul avait suffi à envoyer Cuban chez le joaillier en 2011. Non, au contraire : pour sa création indirecte. Sa gravité de shooteur à 3pts, sa dangerosité arrière arc qui mobilisait la défense à tout instant, qu’il soit directement impliqué sur un Pick & Roll ou qu’il reste en simple observateur sur le côté faible. Un véritable aimant à défenseur, aspirant les adverses vers l’extérieur et offrant un espace phénoménal aux Monta Ellis, Devin Harris, Jameer Nelson ou JJ Barea pour scorer au panier, ou aux finisseurs aériens Tyson Chandler et Brendan Wright de pouvoir finir au cercle sans être gêné par un défenseur venu aider. Et si la défense préférait aider en le délaissant, Dirk punissait.
Le système et les schémas offensifs de Rick Carlisle misent principalement sur un équilibre des forces sur le terrain, et offrent beaucoup de responsabilités à ses porteurs de balle. Cette année-là, chacun de ceux-là (Ellis, Harris, Nelson, Barea, mais aussi Chandler Parsons dans son prime, ou Richard Jefferson) était capable de tout faire, shooter, driver, passer, tout en étant intelligent et altruiste. La machine était bien huilée. La balle tournait, les espaces étaient là et les schémas veillaient à les exploiter. Et puis Rondo est arrivé, avec son manque de spacing (neutralisant l’effet Dirk), de tir en sortie de dribble, ses envies de garder la gonfle pour organiser, et sa défense défaillante (ce pourquoi on l’avait pourtant fait venir pour compléter cette attaque).
Revenons un peu sur Terre, toutefois.
Si l’arrivée de l’ancien Celtics a précipité la chute, cela semble assez évident toutefois qu’un retour à la moyenne était inévitable pour cette équipe. Les chiffres, aussi magnifiques fussent-ils, représentaient un échantillon très réduit d’une vingtaine de matchs à peine où de nombreux facteurs peuvent influencer les résultats d’une manière ou d’une autre : le hasard de la réussite au tir, la difficulté du calendrier, les défenses qui ne se sont pas encore adaptées, etc. Il est possible d’argumenter que ce retour à la moyenne n’aurait pas été si grand que ça, et que Dallas aurait quand même pu rester une superbe attaque toute la saison…mais sans doute pas avec ce rythme effréné de briseur de record. Notez d’ailleurs que la même saison, 2014-15, au moment du trade, les Golden State Warriors eux-mêmes postent un Offensive Rating record et encore meilleur que les Mavs (117.6 !) sous l’impulsion d’un Stephen Curry en train de devenir MVP, Klay Thompson qui passe un palier, Harrison Barnes, Andrew Bogut, et un Draymond Green fraîchement intronisé titulaire à la place de David Lee. Ces Warriors-là, même eux, subiront un retour à la moyenne inévitable (111.6).
Soyons clairs sur cet article et cette équipe 2020 des Mavericks : le propos n’est évidemment pas de dire que cette équipe 2020 des Mavericks va rester officiellement la meilleure attaque de l’Histoire de la ligue en fin de saison. Les indicateurs notables suggèrent même que cette version-là est plus susceptible de subir un retour sur terre que celle de Dirk et Monta sur le long terme.
Pour commencer, l’échantillon est encore plus petit, donc encore moins représentatif pour le moment que leurs aînés de 2014. Une quinzaine de matchs disputés, en début de saison qui plus est (contexte toujours particulier) est un fragment quasiment négligeable ou tout du moins pas assez conséquent pour en tirer des conclusions en béton armé.
Plus encore, impossible d’évoquer toutes ces statistiques sans évoquer le calendrier de ces Dallas Mavericks jusqu’ici : sur les 16 matchs disputés, les troupes de Mark Cuban ont eu une des programmations les plus simples de toute la ligue (28e/30 en termes de difficulté du calendrier). Non seulement l’échantillon pour juger est faible, mais en plus, les belles performances sont survenues face à des équipes moyennes ou carrément mauvaises : Knicks, Cavaliers, Spurs, Warriors, Grizzlies, Pelicans, Blazers, Wizards, Houston. En somme : 10 matchs sur 16 contre 9 des 13 pires défenses de NBA.
Il semble raisonnable d’attendre un peu avant de couronner ces Mavericks-là Super Puissance de tous les temps.
Néanmoins, il est tout de même possible d’extraire quelques informations pertinentes sur ce qu’est cette équipe. Tout n’est pas que du vent, un calendrier facile, ou de la chance. Laissons de côté cet angle du record All-Time: il y a quand même beaucoup de choses à aimer dans ce Dallas-là.
La première chose qu’il convient de noter est bien évidemment l’avènement de Luka Doncic. Après un tour de chauffe en tant que rookie où, nous vous y trompez pas, il démontrait déjà bien plus qu’une simple production statistique « classique » de rookie, le Wonderboy s’affirme cette année comme une superstar. Le go-to-guy annoncé par les observateurs de Draft pertinents, bien qu’eux-mêmes n’avaient pas vu le train arriver aussi vite.
Luka Doncic fait tout ce qu’une équipe attend de son franchise player, de son créateur de jeu, de son porteur de balle principal. Ce n’est d’ailleurs pas simplement le fait qu’il réalise ces choses-là, mais aussi, et surtout qu’il les fasse à merveille.
Il est celui qui prend la gonfle et qui, en jouant avec, arrive à faire passer la défense d’une situation ordonnée, d’homme à homme stricte (chaque défenseur colle son attaquant) à un état de désordre où un des cinq attaquants se retrouve libre parce que son défenseur a dû l’abandonner pour aider ailleurs. Voilà ce qui départage un porteur de balle principal d’un créateur occasionnel (lieutenant, 6e homme, scoreur occasionnel) : arriver à créer le jeu et des ouvertures de manière très régulière. Pas seulement sur une fois de temps en temps, mais tout le temps. Ou plus précisément avec un taux de réussite assez conséquent sur un grand nombre de possessions jouées.
Or, pour attirer la défense à soi et créer le désordre, il faut que la défense ait peur de vous. Sans quoi, elle reste organisée et vous concède les 1vs1, vous défie de la punir. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que cette année, Doncic est capable de créer à volonté.
Le Wonderboy version 2019-2020 semble être un scoreur bien plus tranchant que par le passé. Plus que son répertoire technique, sa maîtrise des subtilités, son art de la nuance ou sa science du dribble qu’il continue d’améliorer, Doncic apparaît surtout dans une meilleure condition physique : plus mature physiquement que dans ses jeunes années au Real Madrid (débarrassé de son baby-fat), mais surtout moins pataud que pendant son année rookie (après avoir découvert les barbecues texans l’été de sa Draft). Encore loin d’être explosif, son accélération horizontale au démarrage est meilleure, et même sa verticalité au panier s’est améliorée. Il lui arrive de mettre dans le vent son défenseur sur de la « vitesse » pure au premier pas, quelque chose d’encore impensable il y a quelques mois, et il parvient notamment à mieux punir les intérieurs/switch en attaquant le panier.
Et lorsque cela ne suffit pas, Doncic utilise ses bons vieux outils : une capacité de décélération, et donc une capacité à changer de direction réellement d’élite, sa taille et puissance, et son toucher de balle pour rentrer les tirs même lorsqu’il n’est pas arrivé à totalement créer une séparation avec le défenseur.
Quelques exemples ici face à des défenseurs au-dessus de la moyenne (Gary Harris, Dejounte Murray, Danny Green, PJ Tucker, Kenrich Williams, Clint Capela, Kentavious Caldwell-Pope, Chris Boucher, Austin Rivers)
Cette saison, Doncic a élevé sa production de quasiment 10 points par match. Dix points. Une telle augmentation, dans ces proportions là et surtout à ces niveaux-là (de 20 à 30pts/m, pas juste de 2 à 12pts/m) ça n’arrive jamais. Encore moins entre la première et la seconde saison d’une carrière. A 20 ans.
Évidemment, pour arriver à de tels résultats, il convient de préciser que le slovène bénéficie de bien plus d’opportunités pour aller chercher ses points, mais ce seul facteur n’explique pas un tel différentiel. Il n’est pas seulement question de le laisser jouer plus de ballons, Doncic est réellement devenu un meilleur scoreur par rapport à sa saison rookie. Sur ses tirs à 2 points, Doncic tire avec une réussite de 62% contre seulement 50% l’an passé (!), le propulsant depuis un percentile de 62 à 95 (il fait mieux que 95% des joueurs NBA à son poste). Particulièrement, sa réussite au panier a décollé : 62% l’an dernier, 72% cette année (92%centile !).
Son profil de tir est similaire, pour ne pas dire carrément identique à l’an passé (il prend le même nombre de tirs aux mêmes endroits) mais sa réussite générale est décuplée : de 50% eFG, il est à présent à 58% (soit dans le 90%centile, mieux que 90% des tous les autres joueurs NBA à son poste). Les statistiques confirment assez facilement l’impression visuelle et le scouting report : Doncic n’a pas changé sa manière de jouer, c’est « juste » qu’il rentre ses tirs beaucoup plus souvent qu’avant.
Si les progrès sont le plus palpables à deux points, sa meilleure arme, ce qui en faisait le meilleur prospect de la Draft 2018 de manière écrasante et qui aujourd’hui fait de lui une superstar candidate au MVP, c’est encore et toujours le pull-up 3. Son efficacité dans l’exercice ne s’est pas franchement améliorée, tout comme le nombre de fois où il dégaine depuis cette zone du terrain, mais ce tir-là est l’arme atomique qui fait perler de grosses gouttes sur le front des défenseurs et coachs adverses.
Le Pull-up 3, c’est le tir qui débloque toutes les situations. La capacité de Doncic à être dangereux à cette distance, sur un des tirs les plus rentables du basket (3pts > 2pts) est la raison même pour laquelle il est capable de créer le chaos dans une défense : celle-ci est obligée de sortir de sa zone de confort, de faire les efforts nécessaires pour l’empêcher de prendre ce tir-là quitte à se désorganiser pour le faire (prise à deux, défenses agressives, etc).
Les défenses qui ne le font pas, qui lui concède un peu trop d’espace ou un 1vs1 en pensant qu’un seul défenseur suffira ? Elles en payent le prix fort.
Doncic ne shoote qu’à 35% à longue distance cette saison (et même 32% en carrière). En somme, des pourcentages corrects ou moyen bons, mais bien loin de la barre symbolique des 40%. Sauf que cette seule statistique ne rend pas justice à la valeur de ce tir-là. Quelques explications.
La quasi-totalité de ses tirs vient en sortie de dribble. Doncic ne prend quasiment aucun catch & shoot à 3pts, le genre de tir bien plus facile qui booste les pourcentages : pas besoin de travailler pour se créer son tir, déjà en posture idéale pour déclencher la mécanique et bien l’exécuter. Or, pour ces tirs en sortie de dribble à longue distance, une probabilité/pourcentage de réussite de 35% est tout à fait correcte si ce n’est carrément très bonne. Si Doncic ne rentrait que 35% de catch & shoot tentés, on pourrait dire qu’il pénalise un peu son équipe en ne réussissant pas assez de bons tirs, mais ce n’est pas le cas. Au contraire, il réussit le bon nombre de paniers que son équipe et que la norme peut attendre de lui.
D’un point de vue rentabilité et stratégie, un pull-up 3 de Doncic est un très bon tir pour Dallas une fois recontextualisé, bien que les pourcentages bruts ne le suggèrent pas à un œil novice. Surtout quand on rajoute à cet aspect purement métrique la notion d’importance du tir et la valeur que ce pull-up 3 a dans une attaque NBA.
Le 35% de réussite de Doncic n’est pas égal ou équivalent au 35% de Mo Harkless, Miles Bridges ou Bruce Brown. De la même manière que le 36% de réussite de James Harden en carrière est bien meilleur que le 36% en carrière de DeMarre Carroll. Il n’y a pas qu’une seule grille de lecture. Ça ne viendrait pas à l’idée de dire qu’un body-builder semi-pro capable de faire 20 séries de 100 kg a plus de force qu’un champion olympique qui ne fait « que » 15 séries à 250 kg. Je ne sais pas d’où vient cette métaphore ni où elle va, mais vous voyez l’idée. J’espère.
Doncic est donc désormais capable de scorer à volonté cette année, forçant les défenses à se mobiliser pour ne pas le laisser faire. Et c’est à ce moment-là que peut s’exprimer sa deuxième grande force : le playmaking.
Il ne s’agit pas seulement de savoir créer le désordre dans la défense, il faut aussi savoir en tirer profit et faire la passe juste pour l’exploiter, sans quoi cette dangerosité de scoreur ne gagne pas toute la valeur qui pourrait être la sienne. Shooter encore et encore par-dessus deux ou trois défenseurs, c’est moyen. Punir une défense trop agressive en trouvant encore et encore des shooteurs ouverts pour des positions très confortables et des tirs à grande probabilité de réussite, c’est beaucoup mieux.
Tout comme l’élite de l’élite, le playmaking de Doncic est merveilleux sur deux aspects différents.
D’abord, sur les qualités pures de passeur, le slovène est dans ce qui se fait de mieux au monde probablement. Précision, dosage, timing, Doncic fait ce qu’il veut du ballon, et plus important encore, il est capable de trouver des passes dans tous les angles possibles et imaginables. Sa très grande taille pour un porteur de balle combinée à sa vision et son toucher de balle, la balle peut partir de n’importe où, vers n’importe où, de n’importe quelle manière. Une palette où aucune passe possible et imaginable ne manque à l’appel, qui permet à Dallas et Doncic de trouver même la plus petite des ouvertures pendant l’exécution de n’importe quel système de jeu (ou en improvisation totale), bien souvent quand et là où la défense ne s’y attend pas.
Notez à quel point les tirs obtenus sont de parfaite qualité (dunk ou très grand ouvert).
Ensuite, le second aspect sur lequel Doncic est déjà un joueur d’élite est le decision making. Il ne s’agit pas seulement de faire des belles passes de toutes les manières possibles, mais également de savoir lire la défense très rapidement et de savoir comment la battre. Le Wonderboy est d’ores et déjà un des cerveaux les plus aboutit de NBA, un des stratèges les plus cérébraux de la ligue, capable de voir ce que fait la défense et de trouver la parade.
Quelques exemples ici où l’on peut voir sa vision de jeu (parfois très périphérique) et son QI basket en pleine démonstration, punissant des défenseurs qui osent aider à la fois depuis le côté fort comme le côté faible.
Revenons un instant sur son utilisation rapidement évoquée plus haut.
Durant sa saison rookie, Doncic avait un usage rate de 32% (ie : 32% des possessions des Mavericks se finissaient par un tir, passe ou turnover de Luka). Pour un rookie, c’était déjà un volume d’utilisation faramineux. Certaines stars ne vont jamais au-delà ni même parfois n’atteignent cette barre des 32% (Paul George, Kawhi Leonard, Giannis Antetokoumpo, Jimmy Butler, etc). Cette année pour Doncic ? 39%. Si vous n’êtes pas familier avec cette statistique, sachez simplement que le record All-Time du nombre de ballons qui passent par un seul joueur était détenu jusqu’à très récemment par Kobe Bryant en 2006 avec 38.6%, avant que James Harden et Russell Westbrook ne passent par-là ces dernières saisons (40 et 41%).
32% d’Usage Rate était déjà un taux d’utilisation calibré franchise player pour le rookie Doncic. La version sophomore du Slovène et ses 39% naviguent déjà dans des eaux historiques, à un niveau où seuls des monstres d’isolation et/ou de gobage de ballons ne se sont jamais aventurés.
Certes, Doncic produit bien plus cette année parce qu’il a plus d’opportunités, mais l’inverse est au moins autant vrai : si Rick Carlisles et les Mavericks lui confient cette quantité astronomique de responsabilités, c’est parce qu’il est capable de les assumer avec brio. C’est très simple : sans son scoring à volonté, sa capacité à distribuer le jeu et son efficacité générale, le coaching staff arrêterait assez rapidement de lui confier autant de responsabilités. Il est l’attaque des Mavericks, mais ce n’est pas par défaut : c’est parce qu’il est brillant. Il manufacture cette quantité gigantesque de ballons à gérer en une production statistique, une efficacité et des résultats collectifs de très loin supérieurs (pour l’instant) de ce que les autres Usage Rate Monsters ont fait par le passé (Kobe 2006, Jordan 1987, Westbrook 2017).
Luka Doncic est l’attaque les Dallas Mavericks. Le moteur, l’engin principal. Mais il ne carburerait sans doute pas autant sans le fuel exquis que Rick Carlisle lui fournit.
En un an à peine, les Mavericks sont passés de 19e attaque de NBA à 1e, et de manière intéressante, l’ont fait sans bouleversement d’effectif spectaculaire. À première vue, en tout cas. L’arrivée la plus significative reste celle de Kristaps Porzingis, mais même l’intégration du letton ne marque pas une différence si grande que ça stylistiquement et dans la façon de créer du jeu d’attaque. Qui plus est, la seule progression + responsabilisation de Doncic ne suffit pas à elle seule à expliquer l’explosion de cette attaque.
Plus encore, le type de tir prit entre l’an passé et cette année est très similaire : des tirs au cercle, énormément de tirs à trois-points et très peu de tirs à mi-distance. L’attaque produit plus ou moins le même jeu et aboutit sur les mêmes positions de tir. Qu’est-ce qui a changé, alors ?
Deux facteurs en particulier diffèrent par rapport à l’an passé : la réussite au tir, où Dallas passe de 18e à 4e de NBA au eFG%, mais aussi, et surtout le nombre de turnovers. En 2018-19, les Mavericks perdaient la balle 14.2% de leur possessions, soit le 20e plus gros total de toute la ligue. Cette année ? Seulement 13.6%, 4e meilleur total. Les maths sont simples parfois : en perdant moins de balle, on score plus souvent.
Et c’est très loin d’être négligeable : les équipes de Rick Carlisle ont historiquement toujours été propres de ce côté-là du terrain. Depuis son arrivée en 2008, ses Mavericks ont systématiquement été dans le top 6 au turnover rate, sauf deux années : 2011 et 2019. Si la première, année du titre, est plus un accident aléatoire qu’autre chose (bien compensé par le 1e eFG% de NBA et une capacité à rentrer tous les shoots tentés, comme vérifié en playoffs), 2019 est en revanche la résultante d’une équipe très inexpérimentée et pas bien rodée.
Sur cet aspect, l’amélioration n’est pas à aller chercher du côté de Luka Doncic : il perdait un grand nombre de ballons l’an passé et en perd toujours autant. Même un peu plus, cette saison (13.9% et 14.4%). En revanche les départs de Dennis Smith Jr et DeAndre Jordan ont fait beaucoup de bien à l’équipe : le meneur et le pivot étaient respectivement 2%centile et 3%centile (seulement 2% et 3% de joueurs à leurs postes faisaient pire qu’eux en NBA).
Smith Jr, pas connu pour son decision making, était pourtant utilisé de manière conséquente l’an passé (25%, pas loin des 32% de Doncic). Ce n’est pas seulement son départ qui a tout changé, mais plutôt le fait qu’ils soit remplacé par des meneurs bien plus sobres et lucides (Delon Wright, Jalen Brunson) et le fait que l’équipe ne tourne aujourd’hui plus qu’autour d’un seul créateur flamboyant. Les schémas offensifs de Carlisle reposent en très grande partie sur la production et le jeu de ses porteurs de balle. Ce sont eux qui prennent les décisions et créent le jeu. Aussi, lorsque sur cette première rampe de lancement on remplace un meneur très brouillon par quelques vétérans aguerris, la machine se met plus souvent en route de la bonne manière.
La part de déchet du jeu de Doncic est inévitable étant donné son utilisation gigantesque et son style de jeu (parfois la passe magique qui passe par un trou de souris se cogne contre le bord du mur et n’arrive jamais). Mais c’est du déchet acceptable : il y a largement assez de bon dans le lot pour rendre l’opération rentable. Le fait qu’il soit à présent le seul à tenter ses coups de poker pendant que tous les autres font sobrement tourner le jeu permet à l’échelle de l’équipe de le rendre encore plus acceptable. Avec 7 joueurs au-dessus du 70%centile au turnover rate (Porzingis, Jackson, Hardaway, Curry, Wright, Brunson, Kleber), Dallas est redevenu propre.
Moins de pertes de balles, on prend les mêmes tirs et on les rentre beaucoup plus souvent. Chouette constat. Mais comment Rick Carlisle arrive-t-il à ce résultat ?
À vrai dire, les ressemblances entre cette équipe 2020 et celle de 2014 va au-delà de leur production offensive faramineuse : la manière de faire est très similaire. Carlilse a dépoussiéré quelques vieilles feuilles de route et applique les mêmes principes de l’époque : rentabilité, intelligence et espace.
En premier lieu, la rentabilité, déjà évoquée plus haut, se retrouve dans les tirs qui sont prioritisés : surtout du trois-points et des tirs au cercle, très peu de tirs à mi-distance. Carlisle et Cuban traînent derrière eux une réputation d’ancien joueur et de propriétaire qui ne cherche pas trop à réfléchir (d’apparence, en tout cas), et « sauvent » un peu leur image de cette manière, mais leurs Mavericks prennent des tirs tout aussi analytics-friendly que leurs voisins Texans du Number Geek en chef, Daryl Morey.
En second lieu, l’intelligence de jeu, qu’il convient d’associer à une autre notion importante : l’altruisme. L’effectif mis en place déborde de joueurs sobres, très orientés collectif et lucides. Mis à part Doncic et Porzingis, le reste de l’effectif est composé exclusivement de role player qui ne sont pas orientés scoring. En conséquence, on retrouve cette saison quelques séquences de jeu délicieuses au mouvement de balle impeccable où chaque joueur réalise l’extra-pass, veille à la fluidité du jeu, et ne force jamais son propre tir.
On se croirait en 2014.
Enfin, le troisième principe de jeu, l’espace, est sans l’ombre d’un doute le plus important de tous.
C’est simple : le mot d’ordre, c’est le spacing. À tout instant, qu’importe les circonstances, la priorité est et restera de veiller à une optimisation de l’occupation du terrain pour produire un jeu le plus aéré possible. Dallas est sans doute une des équipes de NBA qui évolue le plus souvent en 5-Out, sur Spread-Offense, postant littéralement ses cinq joueurs derrière la ligne à trois points.
Ca peut paraître simple, voire simpliste comme raisonnement, mais vous n’imaginez pas le nombre de problèmes qui peuvent être solutionnés, le nombre de prouesses qui peuvent être accomplies et le nombre de retombées positives que peut entraîner le simple fait de jouer avec de l’espace.
C’est aussi une des raisons pour lesquelles l’attaque a autant progressé en à peine un an : les minutes de DeAndre Jordan au poste 5 ont été remplacées par celles de Kristap Porzingis, intérieur shooteur par excellence. Porzingis n’a pas la gravité de shooteur ni l’adresse pure du génie du shoot qu’était Nowitzki, mais le simple fait d’évoluer avec un shooteur supplémentaire plutôt qu’un pivot que la défense délaisse, ça change la vie.
En vérité, ce n’est pas que le shooting particulier de Porzingis apporte une plus-value, mais bien le fait que d’un point de vue plus global Dallas peut évoluer sans aucun non-shooteur. Il n’y a plus de maillon faible, les défenses adverses ne peuvent en aucun cas abandonner un des cinq Maverick pour aider sur le ballon, en sachant très bien qu’on peut compenser derrière avec des rotations. Les deux pivots stretch-5 de l’effectif, Porzingis et Maxi Kleber, shootent d’ailleurs à 37% de loin cette saison. C’est très solide, mais pas incroyable non plus. Et pourtant, le simple fait d’avoir son intérieur en dehors de la peinture capable de punir quand il le faut est un atout on ne peut plus précieux.
Dallas prend 41% de ses tirs à longue distance, soit le 2e plus gros total de toute la NBA derrière Houston (46% !). Plus intéressant encore : ils dominent la ligue offensivement principalement en utilisant encore et encore de ce tir…sans pour autant connaître une très belle réussite dans l’exercice. Les Mavericks sont en effet seulement 15e sur 30 à la réussite à 3pts, ce qui est d’ailleurs un indicateur plutôt positif pour le reste de la saison : leurs orgies offensives ne sont pas liées à une réussite aléatoire totalement absurde. Au contraire du calendrier facile qui devrait rapidement se durcir et compliquer les choses, le fait de dominer autant sans mettre une tonne de tir est en réalité assez positif, et un indice qui devrait limiter la violence du retour à la moyenne.
S’il était seulement besoin de s’en rendre compte à nouveau : la clé n’est pas dans le fait de réussir un tir à trois points, mais bien de le tenter, en sachant que sur le long terme une certaine réussite même minime sera au rendez-vous et pourra rendre toute l’opération rentable. La réflexion doit être faite à l’échelle d’un match, pas d’une possession. La valeur du tir à trois points ne s’exprime jamais mieux que dans la quantité. Même sans arriver à tous les mettre avec une grande réussite, le 3e point supplémentaire attribué les fois où le ballon transperce les filets suffisent à rendre l’opération plus que rentable.
Et c’est ici que se cache le grand secret de cette attaque : le trois-points n’est pas seulement au service du trois-points, il sert aussi le tir au cercle.
Dallas possède un profil de tir atypique pour une équipe aussi analytics-friendly. La coutume veut qu’on prenne un maximum de tirs dans les zones les plus rentables : derrière l’arc, pour le point bonus, et au cercle, pour la proximité/facilité du tir. Avec Dallas, cette description à la Milwaukee ou Houston ne colle pas du tout : les hommes de Rick Carlisle sont une des 3 équipes qui prennent le moins de tirs au panier.
Mais ils sont par ailleurs une des trois meilleures sur la réussite des tirs au cercle.
Les Mavericks convertissent un impressionnant 68% de réussite au panier, sans pour autant avoir des intérieurs aux mensurations d’élite ni des extérieurs réputés pour leurs drives et leurs capacités en pénétrations. Et pourtant : la réussite de cette équipe sur les tirs les plus rentables du basket est splendide. Un mot d’ordre pour arriver à cet objectif : la qualité des tirs.
Dallas ne prend pas énormément de tirs au cercle ni ne force de shoots dans cette zone. Au contraire : l’espace fait le travail. Si les cinq attaquants évoluent loin du cercle, leurs défenseurs se doivent d’y être aussi (sous peine de concéder un tir ouvert). Or, lorsque les défenseurs partent de très loin, il leur est bien plus difficile d’apporter des aides à temps, bien faites, dans le bon timing.
Admirez à quel point sur chacun des drives suivants les joueurs de Dallas jouissent d’une raquette totalement libérée, n’ont absolument personne pour les gêner sur leurs pénétrations, et peuvent se contenter de battre leur vis-à-vis en un contre un pour obtenir un lay-up d’excellente qualité (proche du cercle, non contesté).
D’une facilité déconcertante, tel un couteau dans du beurre.
Plus que le simple fait d’avoir quatre shooteurs sur le terrain, le positionnement de Porzingis ou Kleber en stretch-5 permet surtout d’éloigner le protecteur de cercle adverse du panier.
Pour Dallas, c’est très utile d’empêcher un ailier ou un arrière de réaliser une rotation défensive à temps, mais c’est encore plus fort d’arriver à neutraliser complètement la valeur d’un intérieur défensif dont c’est le travail. Voyez comme sur ces actions, Tristan Thompson, Clint Capela, Marc Gasol, Nikola Jokic ou Paul Millsap, les joueurs désignés dans les schémas pour affecter les tirs au cercle, ne peuvent rien faire (ou font trop tard) sur ces drives, du fait d’être coincé sur un pivot shooteur dans le périmètre.
Pouvoir obtenir régulièrement bon nombre de drives à ce point faciles, n’importe quel joueur NBA en rêve.
Ce faisant, Carlisle parvient à tirer une quantité de bons tirs et de points facile à partir d’une escouade d’arrières NBA assez moyens. Certains manquent clairement d’explosivité (Doncic, Wright), certains d’une bonne qualité de dribble (Hardaway), d’autres encore manque à la fois d’explosivité et de taille/envergure de bras (Curry, Brunson, Barea). Mais au final, tout cela importe peu : dans ces conditions idoines, il n’y a pas besoin d’outils extraordinaires pour faire la différence. Tous sont au-dessus du 56%centile de réussite au panier, alors que le scouting report indique d’un point de vue talent dans le domaine un groupe de joueur probablement coincé dans le dernier tiers de la ligue.
Evidemment, si la défense triche et décide d’aider sur ces pénétrations pour ne plus concéder ces drives faciles, cela résulte automatiquement sur une opportunité de tir ouvert à trois points. Autrement dit : exactement ce que veut Dallas.
L’avantage ultime de ce genre de configuration est double. D’abord, avec autant de shooteurs sur le terrain, il n’y a pas toujours forcément besoin de systèmes de jeu très élaboré : un simple drive ou un écran suffisent à piéger la défense. Ensuite, le type de trois points obtenus : en catch & shoot, facile, en rythme, avec donc une belle probabilité de réussite. Dallas ne tente pas juste beaucoup de trois-points, ils en prennent aussi beaucoup de très belle qualité.
Un autre outil utilisé par Rick Carlisle qui fonctionne à merveille dans les configurations en 5-Out : les écrans glissés et les cuts backdoor.
Les Mavs pimentent régulièrement leurs jeux en sortie d’écran en demandant à l’intérieur de glisser l’écran, c’est-à-dire de ne pas le poser, ni d’attendre de créer un contact avec le défenseur, mais au contraire de feinter et immédiatement se faufiler jusqu’au cercle. Une variation classique de ce genre de systèmes de jeu, la défense étant généralement aspirée et portant son attention sur le shooteur profitant de ces écrans, mais ce genre d’action dans le spacing optimal de Dallas est encore plus dévastateur qu’ailleurs : une fois que l’intérieur glisse, l’espace à disposition est gigantesque et aucun défenseur n’est dans les parages pour apporter une aide dans les temps, même si quelqu’un remarque la supercherie.
Une nouvelle fois, admirez la superbe qualité de ces tirs au panier. Du tout cuit.
Venons-en à l’exercice favori de Rick Carlisle : le Pick & Roll.
Carlisle demeure un coach créatif, qui préfère apporter de la variation tactique plutôt qu’une certaine forme de jusqu’au-boutisme à la Mike D’Antoni. Dallas veille donc à saupoudrer quelques bons systèmes en sortie d’écran par-ci par-là et, en conséquence, ne siège pas tout en haut de la liste des équipes NBA sur le nombre de P&R joué par match. Mais ne vous trompez pas : l’arme ultime de cette équipe, c’est le jeu à deux.
Le premier avantage de cette orgie de Pick & Roll est évidemment de continuer à offrir à ses porteurs de balle des excellentes opportunités de drives et, si tout se passe bien, des lay-ups de très bonne qualité au cercle. Comme évoqué précédemment, l’escouade de meneur/arrières des Mavericks manque de talent sur drive, et plus particulièrement de capacité de création pure. Aussi, les faire jouer systématiquement sur P&R permet de leur offrir un écran qui à lui seul crée un premier petit décalage. Peut être pas énorme, juste mettre en retard le défenseur qui essaye de traverser l’écran, mais un vrai décalage tout de même qu’ils sont ensuite capables de manufacturer.
Arriver lancé avec un décalage d’avance, avec autant d’espace pour opérer, face à un intérieur à reculons, et devoir se contenter de battre ce dernier en 1vs1 est bien évidemment un exercice bien plus facile que d’essayer de créer quelque chose à partir d’une simple ISO statique. L’espace et l’écran mis en place par Carlisle créent le jeu ici, autant (si ce n’est plus) que le porteur de balle lui-même et sa capacité à aller au panier.
Admirez la facilité avec laquelle les Doncic, Wright, Brunson & co parviennent à s’infiltrer jusqu’au cercle après l’écran, et tout l’espace dont ils disposent pour déstabiliser l’intérieur censé contenir le ballon.
Evidemment, les porteurs de balles ne sont pas les seuls à profiter de cette combinaison Pick & Roll + Spacing.
Dans ce 5-Out un simple High P&R ou Side P&R suffit bien souvent à faire la différence pour que les Diwght Powell, Maxi Kleber et Kristaps Porzingis puissent s’échapper complètement seul vers le panier et finir leurs actions avant même que le défenseur côté faible n’ait eu le temps d’arriver. Aucun d’eux n’est à la fois superbement explosif et doté d’immenses mensurations, mais lancés dans l’espace, ils arrivent souvent assez facilement à leurs fins.
Ici aussi, tout comme pour les pénétrations des meneurs et arrières, créer ce spacing maximal a pour but d’augmenter considérablement la qualité des tirs prit au cercle. On ne shoote pas si souvent que ça au panier, mais quand on y va c’est parce que la voie est bien dégagée et que le tir, c’est du gâteau.
Rien n’exprime mieux cette capacité à créer des tirs extrêmement rentables au cercle que le nombre de alley-oops des Mavericks sur Pick & Roll. Sans spécimen extra-terrestre à la Giannis ou AD, notez bien une nouvelle foi. Sans joueurs capables d’aller chercher des ballons très vite très haut et de conclure dans toute circonstance. Dwight Powell est très bondissant et vertical, mais pas superbement grand ni long, Maxi Kleber bien plus fluide et aérien que l’an passé, mais ne ressort pas du lot sur les mensurations physiques ni sur les qualités athlétiques, et le très grand Porzingis n’a pas non plus le jump de Zach LaVine. Sauf qu’à Dallas, le sens du timing, le spacing, et le toucher de balle fabuleux de Luka Doncic suffisent à mettre les intérieurs « juste » bons ou très bons (et pas phénoménaux) sur orbite, encore et encore.
D’un point de vue rentabilité, quoi de mieux qu’un dunk tout fait pour booster de manière incroyable l’efficacité d’une attaque ? Dallas prend peut-être beaucoup moins de tirs au cercle que la majorité de la ligue, mais ils n’ont pas besoin d’insister plus que ça. N’importe quelle autre équipe de NBA serait prête à payer très cher pour être capable de créer des points aussi faciles avec une telle régularité.
Ce festival de alley-oops et de points outrageusement faciles permet par ailleurs d’ouvrir d’autres brèches dans la défense : lorsque l’adversaire ne veut plus se faire avoir et concéder ce genre de tir tout fait, elle se met à surveiller d’encore plus près l’intérieur pour l’empêcher d’avoir ce genre d’opportunités au cercle.
Très concrètement, l’intérieur adverse se met alors à rester plus bas sur le terrain, plus proche de l’intérieur Mavercick afin de ne pas l’autoriser à plonger dans son dos. Sauf que : s’il est plus bas sur le terrain, il peut évidemment beaucoup moins bien contenir le ballon et contester le tir au cercle. Le porteur de balle de Dallas se retrouve alors dans des situations encore plus faciles, avec des drives et des chemins jusqu’au cercle encore plus dégagés qu’à l’accoutumée.
Il semble évident que dans ces systèmes là et avec autant de spacing à disposition, la gravité de finisseur intérieur de Dwight Powell, Maxi Kleber et Kristaps Porzingis est bien plus grande que leurs qualités intrinsèques ne pourraient le suggérer pourtant.
Le trois-points travaille pour le cercle, et le cercle travaille pour le trois-points.
Autre façon dont la gravité des Roll Man influe sur le jeu des Mavs : leur capacité à mobiliser un défenseur supplémentaire. Plutôt que de continuer à jouer à 2vs2, les défenses adverses adoptent parfois des schémas défensifs où un troisième défenseur aide momentanément sur l’action, souvent depuis le côté faible. Le but est simple : pendant que les deux défenseurs du Pick & Roll sont occupés à gêner le porteur de balle ou à le contenir, un troisième larron coulisse sur le Roll Man pour l’empêcher de filer tout seul au cercle.
Le revers de la médaille, bien évidemment, est que ce faisant la défense se découvre à un endroit précis : l’attaquant du troisième défenseur se retrouve libre. Ce compromis, tout à fait classique, est généralement accepté et assumé puisque c’est souvent depuis le côté faible que vient le défenseur supplémentaire : l’attaquant libre est donc lui aussi côté faible, donc loin de l’action et/ou pas dans le champ de vision directe du meneur. Or tout le monde n’est pas capable de faire une passe précise aussi lointaine, et même si c’est le cas, le temps que la balle voyage jusqu’au joueur en question la défense aura le temps de revenir.
Sauf que face à Dallas, ça ne marche pas si bien que ça : l’effectif des Mavs déborde de porteurs de balle très intelligents et tout à fait compétents pour réaliser cette passe qui trouve la 3e option du Pick & Roll. Posséder de tels joueurs capables de faire encore et encore la bonne lecture de jeu en sortie de l’écran est un atout on ne peut plus précieux pour faire tourner à plein régime une attaque qui se repose à ce point sur le P&R.
Plus encore, sur Pick & Roll la puissance de frappe de Dallas ne se limite pas à envoyer son intérieur plonger au cercle : le Pick & Pop demeurent une arme de choix de leur répertoire. Si la défense passe une demi-seconde de trop à vouloir contenir le porteur de balle, Porzingis ou Kleber se feront un plaisir de s’écarter à trois-points pour un tir facile.
En somme, Dallas n’est pas seulement capable d’étirer une défense de manière verticale avec un porteur de balle qui attaque Nord-Sud, ou un intérieur qui fait une course tête de raquette-panier pour un alley-oop : les Mavs sont aussi capable de tordre la défense sur le plan horizontal via un P&Pop qui s’écarte. En somme, très soudainement, selon si Porzingis ou Kleber décide de plonger au panier ou de ressortir à trois-points, ce n’est pas du tout le même défenseur off-ball qui est supposé faire une rotation pour aider.
Conséquence très importante et pourtant peu souvent soulignée : prendre autant de tirs à trois-points résulte sur une grande quantité de longs rebonds offensifs. Étant expédiée depuis plus loin et avec plus de puissance, la balle tend à rebondir sur le cercle et à s’éloigner du panier plutôt que de rester à proximité du cercle. La défense, plutôt regroupée autour du cercle ou au centre du terrain, a alors bien moins de chance de pouvoir s’emparer de la gonfle, contrairement à aux attaquants, positionnés à l’extérieur.
C’est d’ailleurs une des grande force de cette équipe des Mavs : Dallas est 5e de toute la NBA au nombre de rebond offensif captés, et donc au nombre de secondes chances possible. Pour enfoncer le clou en attaque, rien de tel que de pouvoir multiplier les possessions supplémentaire, retenter sa chance, ou même profiter d’une défense beaucoup moins organisée après un rebond offensif que sur jeu placé.
Néanmoins, les longs rebonds sur tentatives à longue distance ne sont pas les seules raisons pour lesquelles Dallas est capable de récupérer autant de rebonds offensifs : c’est une véritable consigne de jeu de Rick Carlisle. Un choix stratégique et un parti pris d’attaquer avec agressivité les panneaux plutôt que de revenir sagement en défense dès lors que le tir est tenté.
Notez l’intentionnalité de tous ces joueurs se ruant au rebond offensif, et l’intensité avec laquelle ils y vont. Tout autant les intérieurs…que les ailiers ou arrières. Cinq des sept extérieurs principaux des Mavs (Doncic, Finney-Smith, Brunson, Wright, Jackson) sont parmi les extérieurs qui captent le plus de rebonds offensifs en NBA, tous se situant au-dessus du 75%centile à leur poste.
Outre le Pick & Pop et le spacing qu’il offre, le rebond offensif est d’ailleurs clairement un des domaines du jeu où Porzingis apporte le plus à ces Mavericks cette année, bien que les chiffrent ne reflètent pas tellement son impact (28%centile à son poste en NBA) tant il passe de temps derrière la ligne à trois-points.
Dwight Powell se débrouille particulièrement bien dans l’exercice également, même si pour lui aussi les statistiques ne lui rendent pas honneur (55%centile).
Le Canadien fait preuve d’une activité impressionnante pour aller chercher des rebonds offensifs, ne se laissant jamais bloquer par le défenseur et travaillant sans relâche pour se démarquer. Son anticipation et son timing pour sauter et monter chercher la balle au parfait moment sont d’ailleurs de très belle facture.
Mais celui qui remporte la palme d’or dans cette équipe, c’est Dorian Finney-Smith. L’ancien ailier de l’université de Florida est l’atout de choix de Rick Carlisle pour aller agresser les panneaux et récupérer des secondes chances (100%centile, mieux que n’importe quel autre joueur NBA à son poste !).
Finney-Smith semble être devenu un suffisamment bon shooteur à trois-points au fil des ans pour ne pas handicaper son équipe, et même sanctionner à cette distance, mais ce n’est pas là son activité favorite en attaque. Il se tient derrière la ligne à trois-points pour respecter le spacing, mais dès lors qu’un tir est pris, il se rue vers le panier pour aller batailler avec sa grande taille, ses très longs bras et ses très belles qualités athlétiques. Il se bat très bien dans le trafic, possède un vrai sens de l’anticipation et est capable de capter la gonfle à une très grande hauteur.
Secrètement, le rebond offensif d’élite de Finney-Smith est une des raisons non négligeables du succès offensif des Mavericks cette saison.
En dézoomant un petit peu, on se rend comtpe assez facilement que les rebonds offensifs ne sont pas le seul domaine d’excellence des Dallas Mavericks : la bande à Luka brille sur tous les Four Factors, les fameux quatre indicateurs significatifs du jeu offensif.
Premièrement, l’efficacité offensive : 54% eFG, 4e de NBA.
Déjà largement évoqué, ce n’est pas tant la réussite à trois-points qui porte l’équipe (15e/30) mais plutôt celle autour du panier, véritablement excellente (3e de NBA avec 68%). S’il fallait rentrer un peu plus dans le détail, Dallas shoot également très bien à mi-distance (8e de NBA) même si ces tirs-là n’affectent pas tant que ça le eFG total étant donné le faible nombre de tentatives dans cette zone. Pour résumer, même si le hasard et l’aléatoire influence énormément l’efficacité, Dallas shoote par ailleurs aussi bien aussi parce qu’ils sont capables de se dégager d’excellentes positions de tirs : à trois points, des catch & shoot ouverts, au cercle, des paniers tout faits sans défenseur autour.
Deuxièmement, les pertes de balle : 13.1% de turnover rate, 2e de NBA.
Déjà évoqué dans le détail également, le jeu s’est recentré autour d’un seul créateur à déchet (Doncic, avec un taux record d’utilisation) dont le ratio réussite/échec dans la prise de décision reste satisfaisant, et le reste de l’effectif étant complété par des role player sobres et lucides qui ne sortent pas de leur cadre de jeu. En conséquence, Dallas est redevenu une attaque extrêmement propre, ce qui lui permet de finir plus de possessions par des tirs (plutôt que de perdre la gonfle) et donc de ramener plus de points.
Troisièmement, le rebond offensif : 27.9%, 5e de NBA.
Détaillé quelques lignes au-dessus, Dallas se repose sur une escouade de joueurs très compétents dans l’exercice, tout en donnant une consigne collective très claire d’attaquer en masse le rebond offensif. Résultat : plus de secondes chances, face à des défenses pas aussi bien organisées, et plus de points engrangés.
Quatrièmement, les lancers francs : 21.8%, 9e de NBA.
Dernier indice du quartet gagnant pas encore évoqué jusqu’ici : les Mavs se rendent sur la ligne des lancers francs de manière très régulière. Or, en basket, il n’y a rien de plus rentable qu’un lancer franc. La manière dont les Mavs parviennent à obtenir tous ces lancers est assez simple. Ils sont la conséquence du spacing optimal : liberté de mouvement pour l’attaquant, difficulté à défendre en bonne position/de la bonne manière pour les défenseurs on ball (qui doivent gérer plus d’espace) et off-ball (qui apportent des aides de plus loin). Mais aussi tout simplement du fait de posséder des joueurs qui ne refusent pas le contact : Doncic, Wright, Finney-Smith, Powell en particulier (tous au-dessus du 70%centile dans les fautes provoquées sur un tir). Mieux encore, si on s’intéresse aux joueurs performants pour réussir des And 1, ils sont encore plus nombreux à surnager par rapport à la compétition (Doncic, Wright, Brunson, Kleber, Porzingis, Powell au-dessus du 70%centile).
Si on fait le bilan, cette orgie offensive connue sous le nom « attaque 2019-2020 des Mavericks » ne domine pas pour rien : Dallas se positionne dans le top 10 de chacun des Four Factors offensifs, et même dans le top 5 pour 3 d’entre eux.
De manière plus générale, à propos de la constitution de cette équipe, il semble assez raisonnable d’affirmer que le recrutement de l’intersaison apparaît de plus en plus comme une réussite. Ce qui, pourtant, n’était pas évident il y a quelques mois.
Beaucoup d’observateurs soulignaient cet été, à raison, la timidité de l’intersaison des Mavericks, à savoir ne pas aller chercher (ou ne pas être capable de le faire) des joueurs d’un plus grand calibre. Surtout durant cette intersaison où la moitié de la ligue a changé d’équipe. Un manque couplé, par ailleurs, aux re-signatures de certains joueurs à des prix un peu élevés.
Offrir des contrats de 11 et 9 millions annuels à Dwight Powell et Maxi Kleber, sans pour autant être une mauvaise opération, ne semblait pas aux yeux de beaucoup d’observateurs comme une excellente affaire (encore une fois, par rapport au contexte du marché de l’époque). Toutefois, avec le départ de DeAndre Jordan, Powell est devenu le pivot, mais surtout le finisseur intérieur attitré des Mavs. Un rôle primordial, comme longuement exposé ici, à la fois pour l’optimisation l’attaque et les systèmes de Rick Carlisle comme pour celle de Luka Doncic, jamais aussi bon que lorsqu’il peut envoyer un intérieur en orbite sur alley-oop. Il y avait mieux sur le marché, mais pour ce prix-là et ce rôle-là, Powell est une bien belle affaire chez les Mavs.
Maxi Kleber tient également un rôle assez fondamental dans ce roster, et plus particulièrement cette attaque : il est le troisième larron de la rotation intérieure, un vrai bon joker qui ne fait pas perdre tant que ça en valeur par rapport aux titulaires lorsqu’il est sur le terrain. Mais surtout, il est celui des trois qui est le plus polyvalent : Powell est le finisseur intérieur (quasi exclusif), Porzingis est plutôt la menace sur Pick & Pop, et entre eux, Kleber est le joueur capable de bien faire chacune de ces deux choses-là. Or, cette polyvalence n’est pas négligeable : il peut être à la fois celui qui doit s’écarter, en jouant avec Powell, mais aussi celui qui plonge au cercle et finit au panier lorsqu’associé à Porzingis. En somme, Rick Carlisle a le luxe de pouvoir évoluer durant l’intégralité d’un match de 48 minutes avec la même configuration et le même équilibre des forces du simple fait de la polyvalence de Kleber. Tout cela sans même parler de son intelligence de jeu et sa sobriété, et même sa polyvalence défensive.
Mais la recrue sur laquelle le plus de doutes pouvaient être émis restait Delon Wright. Et pourtant, aujourd’hui, il est un de ceux qui méritent le plus d’être mis en lumière.
Sans remettre en cause les qualités de Wright et tout ce qu’il est capable de bien faire, les interrogations se portaient plutôt sur sa réelle valeur dans une équipe déjà tenue par Luka Doncic. Vrai meneur de métier, Wright a besoin de la balle pour s’exprimer d’autant plus que son manque de shoot et de spacing ne se marierait pas bien avec le slovène lorsque ce dernier aura inévitablement la gonfle. Or, une somme non négligeable (9 millions l’année) pour un partenaire de backcourt qui, justement, n’ira sans doute pas de pair avec la star disputant +35 minutes par match, ce n’est pas rien.
Et pourtant, Carlisle et Wright ont trouvé le moyen de très bien faire fonctionner l’affaire pour l’instant.
C’est principalement en sortie de banc que l’ancien Raptor opère cette saison, disputant assez peu de minutes significatives avec Doncic. Plutôt que d’en faire un titulaire non adapté à côté du Slovène, Carlisle a fait de Wright le backup de grande qualité du Wonderboy, et s’assure d’un playmaking de très bon niveau pour l’intégralité de la rencontre, même lorsque Doncic se repose sur le banc.
Lorsque la balle est dans ses mains, le problème de son manque de spacing est largement réduit, et il peut se contenter de créer pour les autres shooteurs placés autour de lui. Le playmaking de Wright fait beaucoup de bien aux Mavs, et est une des raisons pour lesquelles la second unit de Dallas fait partie des toutes meilleures de la ligue. Il est intelligent et lucide, jamais hors de contrôle, n’hésite pas à créer sur pénétrations/drive & kick et sait parfaitement gérer un P&R. Wright manque de génie/création d’élite, mais placé dans ce genre de spacing optimal, il est la rampe de lancement suffisamment fort pour créer juste ce qu’il faut de désordre (face à des défenseurs remplaçants, moins bons) pour générer du jeu et des tirs ouverts.
En tant que scoreur, Wright est d’abord et avant tout un slasher qui gagne son pain en allant au panier. Ses pénétrations agressives (à défaut d’explosives) tout autant en force qu’en finesse et subtilité de dribbles font du bien à une second unit qui, sans lui, tournerait un peu en rond dans le périmètre. Son tranchant s’équilibre assez bien avec les autres remplaçants plutôt orientés shoot extérieur.
Enfin, Wright arrive tout de même à avoir une certaine valeur en tant que joueur sans ballon.
Quelque chose d’assez important pour la suite de la saison et des échéances un peu plus importantes s’il veut être associé à Luka Doncic plus fréquemment (étant donné son apport défensif, l’association pourrait être intéressante si viable offensivement).
Pour l’instant, c’est principalement encore dans la second unit lorsque Jalen Brunson gère la gonfle qu’on voit le plus souvent Wright actif. Son intelligence et timing pour effectuer de bons cuts et prendre la défense à revers est vraiment très bon, tout comme son agressivité pour attaquer le rebond offensif.
Pour être complet sur le recrutement, le retour de Seth Curry est une excellente addition étant données ses aptitudes à trois points (43% en carrière) qui se combinent avec à peu près n’importe quelle configuration offensive. Même la prolongation de Dorian Finney-Smith pour à peine 4 millions par an ressemble fortement à un excellent coup, après une année compliquée suite aux blessures.
Reste enfin le cas Kristaps Porzingis.
Son shooting, à défaut d’être Nowitzkien, demeure toutefois d’une très grande qualité et une des raisons pour lesquelles l’attaque fonctionne aussi bien actuellement. Porzingis n’est pas seulement dangereux en tant que menace statique côté faible : il est également très bon pour shooter en mouvement, en sortie d’écran et sur Pick&Pop. Le genre de tirs à longue distance créant une bien plus grande synergie offensive qu’un simple catch & shoot prit dans le corner.
Plus encore, son apport dans la peinture et au cercle est précieux, que ce soit sur rebond offensif comme expliqué plus tôt, mais aussi en tant que simple finisseur en tout genre autour du panier. Porzingis ne shoote que très peu au cercle, comme tous les autres Mavs (peut être même plus étant donné son positionnement en en stretch-5) mais le fait avec une très belle réussite : 8%centile en fréquence de tirs tentés mais 82%centile en réussite (il rentre 74% de ses tirs dans cette zone, de loin son meilleur pourcentage en carrière).
De même, Porzingis semble avoir réalisé de réels progrès sur le jeu collectif. Plutôt connu pour être un mauvais passeur, voire un trou noir par moments, le letton s’est mis au niveau de ses coéquipiers cette année (tous meilleurs extra-passeurs les uns que les autres). Il exécute le jeu et fait tourner la balle. On est encore très loin de passes qui créent le jeu, forcent un décalage ou trouvent une ouverture subtile dans la défense, mais ce niveau minimum de jeu collectif est largement satisfaisant.
De manière plus générale, d’ailleurs, c’est en ça que l’intégration de Kristaps Porzingis est en train de se faire aussi naturellement : il ne dérange pas le système de jeu, les intentions où les principes mis en place, mais les sublime. Il s’inscrit dans la continuité de ce que Rick Carlisle a toujours voulu faire et que ce Luka Doncic fait de mieux, plutôt que de créer une discontinuité stylistique en termes de jeu. Quelque chose de pas si évident que ça pour un joueur de son envergure médiatique et salariale.
Le spacing qu’il offre, la finition au panier, la synergie d’un shoot en mouvement, la sobriété/simplicité de son répertoire, Porzingis s’immisce parfaitement dans le flow du jeu des Mavs. Sans l’altérer, mais en apportant une dose de talent bien supérieure dans les tâches à exécuter. Il n’est jamais aussi bon que lorsqu’il n’a pas besoin de créer les actions et peut se contenter de les finir (bien que sa réputation médiatique de star suggère l’inverse). Carlisle n’a pas besoin de stopper le jeu et mettre la balle à l’intérieur pour qu’il travaille au poste (une des zone et manière de jouer les plus compliquées pour créer du jeu et de l’espace), il peut se contenter d’utiliser Porzingis en finisseur de luxe, punissant toute liberté que prendra la défense face à l’intenable Doncic.
Ce qui nous emmène au seul défaut (non négligeable) de cette attaque des Mavericks : la création de Porzingis.
Ce qui rendait Dirk Nowitzki aussi dangereux pour une défense, même passé son prime, était sa capacité à scorer en un contre un. Et même plus généralement, à évoluer en un contre un. Lorsqu’une défense tentait de défendre agressivement sur une de ses isolations ou ses jeux au poste, l’Allemand était capable d’en tirer profit et de trouver le joueur ouvert avec une passe bien placée. Et quand la défense lui concédait le un contre un, Nowitzki se faisait un plaisir de sanctionner avec facilité.
Porzingis, lui, n’a pas du tout ce genre de capacités de création. Dans n’importe quel secteur du jeu, d’ailleurs (périmètre, poste bas, à la passe, en mouvement), mais c’est principalement sur du jeu au poste qu’apparaissent ses limites cette année. Son répertoire de move est on ne peut plus basique, pour ne pas dire sous développé, et se limite en fait à tenter de prendre des face-up jumpers ou fadeway jumpers. Il possède la taille pour shooter par-dessus n’importe qui, mais d’une part, ce n’est pas un tir très facile/rentable à moins d’être extrêmement bon dans l’exercice (ce qu’il n’est pas), et d’autres parts, n’avoir qu’une seule arme dans son répertoire apporte un élément de prévisibilité inhérent à son jeu au poste qui facilite encore plus la tâche du défenseur.
Comme dit précédemment, Carlisle n’a pas besoin de stopper son jeu pour alimentez Porzingis poste bas, ce n’est pas là-dessus qu’il fait son beurre. Néanmoins, il est arrivé cette saison que le jeu des Mavs passe par lui sur certaines séquences, et il ne serait pas étonnant que Porzingis lui-même (fort de son statut et contrat de star) réclame ce genre d’opportunités. Sur la saison, il est à 2.6 possessions par match joué au poste bas, pour une efficacité abyssale de 0.57 point par possession. Pour l’instant, cette marque est suffisamment catastrophique pour que les défenses adverses l’encouragent à jouer ainsi, mais s’il se met à rentrer les tirs et que les prises à deux arrivent, ses faiblesses pour ressortir intelligemment et proprement les ballons ressortiraient à leur tour.
Certainement un des sujets à surveiller du côté des Mavs : à quel point Porzingis veut-il qu’on lui donne ce « possessions de stars », ou peut-il se contenter d’être le role player finisseur de grand luxe ?
Cette question en elle-même risque d’être problématique à gérer pour les Mavs, d’un point de vue managérial. Mais les soucis ne s’arrêtent pas là malheureusement, notamment d’un point de vue du jeu cette fois : quid de sa capacité à punir les mismatchs ?
Même si Dallas arrive à limiter les envies d’un contre un de Porzingis pour l’instant, les Mavs auront quand même besoin sur le long terme d’un Porzingis capable de jouer au poste bas au moins un minimum. Si une défense décide de commencer à switcher les Pick & Roll, les décalages d’habitude créée, les opportunités de drive ou les catch & finish au cercle peuvent être totalement annihilés pour, à la place, ne concéder que des un contre un. Dans ces cas-là, il faut savoir tirer profit de ces 1vs1 et les punir, sans quoi la défense peut continuer à tout switcher sans concéder aucun décalage pour faire tourner en rond l’attaque adverse.
Le problème pour Dallas actuellement réside dans l’incapacité de Porzingis à punir les mismatchs. Face à des défenseurs plus petits, il se contente là encore de prendre des tirs par-dessus le vis-à-vis, sans plus de créativité, de recherche du contact (gagner sur la puissance), ni même sans arriver à convertir ces difficiles face-up jumpers avec une suffisamment bonne efficacité.
Cet aspect du jeu peut être vu comme une marge de progression potentielle : Porzingis peut encore s’améliorer, même si la tâche va s’avérer compliquée. En revanche, pour le moment sur du court/moyen terme, ce point-là revêt plutôt l’aspect d’un problème loin d’être négligeable : après un bon mois de compétition à observer ces Mavericks dominer de la tête et des épaules n’importe quelle défense NBA, il est fort possible que les premiers vrais ajustements tactiques majeurs commencent à être mis en place. Un de ceux-là pourrait être d’insister sur la switch et inciter Dallas à passer par Porzingis à la création.
Plusieurs autres facteurs restent à surveiller, néanmoins, vis-à-vis de cette attaque et de sa possible (probable ?) perte de vitesse dans les semaines et les mois à venir.
D’abord, et très simplement, le niveau de difficulté du calendrier. Le fait de devoir rencontrer des adversaires bien plus coriaces que ceux rencontrés jusqu’à présent. Les bonnes équipes possèdent de meilleurs défenseurs individuels, chacun capable de beaucoup mieux tenir leurs vis-à-vis, d’être toujours en meilleure position et de concéder beaucoup moins d’espaces et de décalage à exploiter pour la défense.
Ensuite, un point lié à au premier, le fait de rencontrer de meilleures équipes sous-entend également de faire face à de meilleures défenses d’un point de vue collectif. Des schémas plus élaborés et mieux exécutés qui ciblent tel ou tel domaine du jeu et arrivent parfaitement à le contrecarrer. Certaines équipes parviennent à verrouiller magistralement la raquette et à ne concéder que de très mauvais tirs (et très mauvais pourcentages), certaines sont très compétentes pour n’autoriser qu’un nombre limité de tirs à trois-points (le fuel de cette attaque), d’autres sont spécialisées dans les schémas agressifs mettant hors d’état de nuire les porteurs de balle adverses, d’autres encore savent switcher parfaitement et forcent l’adversaire à réussir des difficiles un contre un, d’autres sont capables de totalement priver l’adversaire d’espace et d’interdire l’accès au milieu du terrain.
Plus la saison va avancer, plus Dallas va fournir des matchs aux analystes vidéo dans lesquels telle ou telle tendance va ressortir, tel ou tel défaut mis en lumière, fournissant petit à petit une feuille de route globale sur ce qui marche le mieux et quels schémas/principes adopter pour freiner cette attaque. M’est avis que ces ajustements tourneront plus ou moins autour d’un désir de complètement boucher l’espace intérieur avec des défenseurs qui dézonent juste ce qu’il faut pour occuper la raquette, mais ça ne serait pas étonnant que d’autres tactiques (blitz du P&R, switch) marchent très bien.
D’une manière ou d’une autre, il faut être conscient que cette redescente sur Terre paraît difficilement inévitable.
Rick Carlisle n’a pas réinventé le basket, il applique simplement des principes de base et parvient à les optimiser quasiment à la perfection. Ça ne veut pas dire non plus que c’est facile ni que n’importe quel entraîneur y arriverait en un claquement de doigts, mais il n’y a rien de révolutionnaire. La force de cette équipe demeure dans son exécution impeccable de schémas de jeu qui placent des joueurs intrinsèquement moyens dans des conditions idéales. En particulier : la production offensive de Dallas repose sur sa capacité à créer de l’espace. Or, comme à peu près tous schémas ou façons de jouer en basket, il existe toujours un moyen de le contrecarrer. Au prix de se découvrir et d’être vulnérable ailleurs, mais c’est faisable.
C’est véritablement le point central de cette discussion : les meilleures attaques, que ce soit All-Time mais même sur des échelles de temps plus courtes, sont celles qui sont imparables. Celles dont la force de frappe est inconditionnelle. Les Warriors de Curry et KD ont dominé la NBA de par cette implacabilité : qu’importe le schéma défensif qu’on leur jetait à la gueule, ils étaient quand même capables de s’en sortir et de scorer avec une régularité largement suffisante. Ils ne le faisaient pas de la même manière selon l’opposition, parfois à coup de transition, parfois à coup de mi-distance, d’autres fois sur du trois-points, ou des pénétrations, en jouant l’isolation ou au contraire en faisant danser la balle de mains en mains.
Sans surprise, cette force de frappe imparable provenait directement de la supériorité individuelle de leurs joueurs : Golden State trouvait les solutions parce que Stephen Curry et Kevin Durant savaient trouver les solutions, qu’importe, fussent elle. Le même raisonnement peut s’appliquer aux Rockets de James Harden et Chris Paul, content d’atomiser les couvertures traditionnelles du P&R mais également capables de désosser celles trop agressives, ou de faire plier celles qui ne veulent rien concéder, et défient sur un contre un. Idem pour les Cavaliers version LeBron-Kyrie, ou pour reprendre les exemples historiques, les Bulls de Jordan et Lakers du Showtime.
Les Mavericks, eux, n’ont pas cette puissance inconditionnelle : ils dépendent directement de la viabilité du système de jeu pour placer les joueurs dans de bonnes conditions, tout simplement parce que ceux-ci ne sont pas assez intrinsèquement forts pour forcer la décision par eux même et/ou quoi qu’il arrive. Après Doncic et Porzingis, le niveau de talent chute de manière assez conséquente d’un point de vue offensif, et bien qu’il soit juste aujourd’hui de dire à quel point des Delon Wright, Maxi Kleber, Dwight Powell, Jalen Brunson, Tim Hardaway Jr, Justin Jackson, Seth Curry ou Dorian Finney-Smith se subliment magistralement, il faut également avoir conscience de leurs limites et des raisons derrière leurs surperformances ainsi que la disproportion entre leur talent/production.
Si à l’avenir les défenses adverses arrivent à faire chuter la qualité des tirs, n’importe quel tir, si les chemins de drives dégagés deviennent bouchés, que les alley-oops tout fait sont bien gênés et les trois-points contestés, les joueurs de Dallas n’auront pas les compétences suffisantes pour quand même réussir ces tirs.
À moins que…
À moins que Luka Doncic ne maintienne son niveau de jeu absurde face à de grosses défenses et tout le long de la saison. Un des points de bascule de cette attaque se trouve ici : à quel point le Wonderboy peut-il rester merveilleux ? S’il est bien un joueur capable de continuer à créer à la fois de manière qualitative et quantitative, un joueur au talent pur extraordinaire capable de faire maintenir le cap contre vents et marées, c’est bien lui. Dallas n’a pas de Stephen Curry, de LeBron James ou de James Harden…mais ils ont Doncic. L’argument du « il faut un joueur imparable pour maintenir une attaque implacable » pourrait se retrouver à Dallas si le Slovène confirme sur la durée être de ce niveau-là.
On savait avant même sa Draft que Doncic faisait partie de cette race-là, en termes de potentiel. Ce qu’il réalise depuis le début de saison permet pour l’instant de retirer cette notion de potentiel pour parler dans des termes plus absolus : Luka Doncic fait partie de cette trempe-là de superstar au talent transcendant. On sait qu’en théorie, il possède l’intégralité des atouts nécessaires pour contrecarrer n’importe quelle défense, et on l’a déjà vu faire même.
Quelques chiffres pour appuyer cette candidature du Wonderboy au rôle de scoreur inarrêtable ? Les progrès qu’il a réalisés au scoring ont déjà été évoqués plus tôt, mais d’autres stats pas encore citées mérite tout autant de l’être : au niveau des points inscrits par tir tenté, Doncic a bondi depuis un très bon 60%centile à un splendide 93%centile (129.3 points par 100 tirs tentés, mieux que 93% des joueurs NBA à son poste donc). Le tout en augmentant son utilisation et ses responsabilités considérablement.
Sur le taux de passes décisives délivrées pour son équipe, Doncic a également bondi de 31% à 49% (même si ça ne l’a fait progresser que d’un seul centile, de 99 à 100). Sur la réussite générale, son eFG est classé au 89%centile, alors même que sa réussite à trois-points est loin d’être spectaculaire (et grâce notamment à une splendide efficacité au panier, 63% de réussite, 96%centile).
Plus intéressant encore, et sans doute un des tout meilleurs indicateurs d’une superstar : Doncic est une machine pour provoquer les fautes adverses. Sur les tirs qu’il tente, il obtient d’aller sur la ligne des lancers francs 17.3% du temps (96%centile !). Mieux encore : il est dans le 99%centile pour provoquer des fautes autrement que sur des tirs. S’il est bien une statistique qui reflète parfaitement la qualité d’un porteur de balle (et sa qualité de dribble) c’est bien celle-ci. Telle une méga star, Luka Doncic provoque les fautes avec une impressionnante facilité et se rend sur la ligne des lancers on ne peut plus abondamment : 9.8 par match (!), presque deux au-dessus de la barre symbolique de 8 LF/m sur laquelle on attend les stars.
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Cette attaque de Dallas devrait à n’en pas douter redescendre des hauteurs stratosphériques qu’elle a atteint sur ce premier mois de compétition. La question va être savoir à quel point, et une des réponses probables : sans doute de façon inversement proportionnelle au niveau d’implacabilité dont Luka Doncic saura faire preuve.
Quand on prend un peu de recul et que l’on réalise qu’il est légitime de d’avance ce genre d’hypothèse pour un joueur d’à peine 20 ans, il y de quoi avoir des étoiles plein les yeux pour les années à venir.
Dallas est déjà en mode record, mais ce n’est que le début. Accrochez-vous bien fort pour la décennie qui arrive, le Luka Train nous embarque à bord pour une Odyssée légendaire.
Tachez de savoir en profiter.
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Note : Toutes les statistiques datent du 26 Novembre (date de recherche & d’écriture de l’article). Des changements minimes ont pu arriver depuis sans changer pour autant la teneur du propos.
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