Kenyon Martin : « Je ne pourrais pas jouer avec cette génération, je ne savais pas comment simuler où ne pas défendre »
Dans la catégorie des anciens joueurs NBA qui n’aiment pas ce qu’est devenue la Grande Ligue, je demande…Kenyon Martin ! L’ancien intérieur des Nets, drafté en première position en 2000, s’est fendu d’un long article pour expliquer à quel point la NBA n’était pas physique aujourd’hui, et que les joueurs étaient devenus softs.
« Je ne suis pas certain que je pourrais jouer dans la NBA actuelle. Quand je regarde les matchs maintenant, et que je vois certains coups de sifflet, je suis époustouflé. Je dis toujours aux gens qui sont avec moi que je ne pourrais pas jouer avec cette génération. Je ne savais pas comment simuler où ne pas défendre. Je n’ai jamais reculé face à quiconque et j’ai toujours défendu dur. Je me serais bien adapté pour le tir et tout, mais pour ce qui est du style de jeu, ça n’aurait pas marché, je ne suis pas comme ça. Les gens me disent toujours que je ne suis pas de la bonne génération, que j’aurais été bien plus à ma place dans les années 80s ou 90.
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Maintenant, les joueurs ont l’air de s’en foutre de la défense. Ils voient un gars venir vers le panier, ils s’écartent. Maintenant, les arbitres sifflent des flagrantes pour ce qui n’aurait été qu’une faute normale il y a 10/15 ans. Si je jouais en NBA aujourd’hui, je serais probablement le joueur qui se ferait le plus expulser.
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De nos jours, il y a plus de floppings que d’actions physiques, et des fois c’est dur à regarder. Les gars sont très bons sur le terrain, plus techniques que nous, mais ils font tout pour essayer d’avoir des fautes. S’ils se font toucher d’une certaine façon, ils veulent une flagrante. Ils veulent que toutes les actions soient revues à la vidéo. Quand il y a une grosse faute, ils font genre qu’ils se sont fait tirer dessus, alors que le défenseur n’a fait qu’effleurer leur lèvre. Et la ligue a laissé faire, ils veulent plus de rythme, plus d’attaque et je comprends ça. Mais il ne faut pas tout compromettre en échange. Être physique devrait être autorisé, surtout au poste. » Kenyon Martin.
L’intérieur, qui mesure 2m06, explique en quoi jouer physique lui a permis de faire carrière.
« Je devais jouer physique pour avoir une place en NBA. Rappelez-vous, j’étais petit pour mon poste. Je faisais 2m06 et 105/110 kilos pendant toute ma carrière. La plupart des gars contre qui j’ai joué étaient plus grands, et tout le monde était plus lourd. Donc je devais leur rentrer dedans, je n’avais pas le choix.
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J’ai vu récemment que David West avait dit qu’Andrea Bargnani (550 matchs en NBA, 14,3 points et 4,6 rebonds de moyenne ndlr) serait dominant dans la NBA actuelle, et je suis d’accord. On lui rentrait dedans nous, et il ne voulait pas de ça. Dans la NBA actuelle, il s’en sortirait bien, parce que personne ne pourrait se comporter comme nous on le faisait. Il serait une superstar. Dans la NBA actuelle, Bargnani serait Joel Embiid. Aujourd’hui, beaucoup d’Européens réussissent en NBA, en tant que stretch 4 ou stretch 5. Mais à notre époque, ils ne réussissaient pas parce que c’était trop physique pour eux (à part Dirk Nowitzki, qui n’a pas eu de problèmes à se battre dans la raquette pendant 20 ans). Quand je jouais, il y avait des gars très techniques, mais qui ne pouvaient pas réussir parce qu’ils n’aimaient pas la partie physique. Ils galéraient en NBA, et retournaient en Europe pour être des stars là-bas. Parce que c’était moins physique. » Kenyon Martin
Pour finir, celui qui a tourné en carrière à 12,3 points et 6,8 rebonds par match, et qui a atteint deux fois les Finals avec les Nets regrette la fin des bagarres sur les terrains.
« Les joueurs d’aujourd’hui ne veulent pas se battre. Ils aboient, mais ils espèrent que quelqu’un va les séparer. Je vois beaucoup de gars faire semblant d’être durs et de se provoquer, mais ils n’envoient jamais de coups de poing. Ces gars, ils n’ont jamais été dans un combat. Ils sont sous les projecteurs depuis qu’ils sont gosses, et peu de personnes vont essayer de se battre avec des gens qui font leur taille. Du coup, ils ne se battent pas parce qu’ils ne savent pas se battre. Ils ne savent pas ce qu’ils font, et ils ne veulent pas que leur première bagarre soit retransmise à la télé. En plus, beaucoup d’entre eux sont actuellement amis. Alors ils ne vont pas chercher à se faire mal. Il y a encore quelques gars qui peuvent se battre, et qui veulent le faire. James Johnson est un maniaque, et il est ceinture noire ! Quand il est sur le terrain, il cherche une raison pour se battre. Je le regardais jouer un moment, et il a commencé à se chauffer avec quelqu’un, et il s’est fait pousser. Dans ma tête je me suis dit « Mec, ce n’est pas la personne avec qui déconner. Laisse-le tranquille. » Les jumeaux Marcus et Markieff Morris sont pareils. Ils viennent de Philadelphie, et ils cherchent toujours les problèmes. Ils veulent une raison pour se battre. » Kenyon Martin.
Sans oublier d’en placer une pour Kevin Garnett au passage.
« J’ai joué contre des gars qui étaient physiques et qui voulaient qu’on se rentre dedans : Derrick Coleman, Zach Randolph, David West, Antonio Davis, Dale Davis, Kurt Thomas… Ils ne reculaient jamais, et j’avais beaucoup de respect pour eux. Vous ne pouvez pas transformer un caniche en chien d’attaque. Et il y a beaucoup de caniches en NBA aujourd’hui. Il y en avait aussi à mon époque. Kevin Garnett par exemple : un tout petit chihuahua dans un corps de doberman. Je lui ai dit en le regardant dans les yeux qu’il ne faisait qu’aboyer. Il n’a jamais voulu se battre avec moi. Je lui ai dit : « Allez retourne avec tes potes avant que je m’énerve. » »
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