La banalisation du triple-double; Stan Van Gundy : « Je ne suis pas certain que faire un triple-double c’est la marque d’un grand match »
Depuis le début de la saison, un match sur sept se termine avec un joueur en triple double. C’est 47% de plus que la saison dernière, et 700% de plus par rapport à la saison 2011/2012, qui s’est achevée avec 18 triples doubles au total de la part de tous les joueurs réunis. Une nouvelle régularité qui impressionne, mais n’enthousiasme pas tout le monde.
« Je comprends, c’est des chiffres ronds, et les spectateurs aiment bien ce genre de choses dans le sport. Mais je n’ai jamais fait partie de ceux qui apportaient beaucoup d’importance à cette histoire de triple double. Pour moi, c’est des nombres arbitraires. Si vous avez 10 points, 10 rebonds et 10 passes, c’est mieux que 35, 9 et 9 ? Il y a une grosse différence entre 35 et 15 points, pareil pour 10 et 18 rebonds, ou 10 et 17 assists. Je ne suis pas certain que faire un triple-double c’est la marque d’un grand match » Stan Van Gundy, le coach de New Orleans.
« Je m’en fous des triple-doubles. On joue pour gagner. » Jimmy Butler, après en avoir réussi en Finals.
Même si des fois, il faut bien le reconnaitre, certaines performances sont tout bonnement impressionnantes. Comme les 35 points, 14 rebonds et 21 passes décisives de Russell Westbrook lundi pour mener ses Wizards à la victoire.
« Il fait des choses que je n’avais jamais vues par le passé, et ça fait 30 ans que je suis en NBA. C’est un gagnant. » Scott Brooks, le coach des Wizards.
Pour la cinquième saison consécutive, les joueurs NBA ont cumulé au moins 100 triple doubles. Cette année, il n’a fallu que 692 matchs pour atteindre cette marque, soit le plus petit total de l’histoire. Westbrook en a cumulé 17 à lui tout seul, Nikola Jokic et James Harden en sont eux à 12, et Luka Doncic à 9. C’est l’ère du 3-pts, mais aussi celui du triple-double, qui est de plus en plus banalisé.
« Le basket, ce n’est pas que marquer des points. C’est possible de manipuler le jeu d’autres manières : faire des passes, trouver vos coéquipiers, les mettre en bonne position pour marquer. » Giannis Antetokounmpo.
Le record est pour l’instant de 127 triple doubles en une saison. Une marque qui devrait normalement être dépassée cette année, puisque les joueurs sont actuellement sur les bases d’une saison à plus de 150 triple doubles. Mais au milieu de cette banalisation, se cachent encore quelques performances réellement impressionnantes. Comme celle réalisée par TJ McConnell le 3 mars dernier. Le meneur de 29 ans a comptabilisé 16 points, 4 rebonds, 13 passes décisives et 10 interceptions. Des triple doubles de ce genre, il n’y en a eu que onze dans l’histoire NBA. Une performance beaucoup plus rare donc, qui vient principalement du fait que, s’il est assez facile d’attraper un rebond ou de délivrer une passe décisive pour valider un triple double si on se concentre exclusivement là-dessus, c’est beaucoup moins évident de réussir une interception.
« J’ai juste laissé le jeu venir à moi. » TJ McConnell.
Pour en revenir au champion des triple doubles, Westbrook en est à 163 depuis le début de sa carrière. Il n’est plus qu’à 18 unités d’Oscar Robertson, le recordman all-time. En plus, il a aussi la possibilité de terminer une saison avec plus de 10 points, 10 rebonds et 10 passes de moyenne pour la quatrième fois en cinq saisons, puisqu’il tourne actuellement en 21,8, 10,3 et 10,6.
« Il est capable de remplir les feuilles de statistiques comme personne dans l’histoire de ce sport. » Scott Brooks.
Reste maintenant à comprendre pourquoi il y a de plus en plus de triple doubles. Compliqué d’en trouver une seule, mais une chose est claire : la liberté de mouvement permise aux joueurs par les arbitres permet aux profils plus offensifs de briller, ce qui veut dire que le nombre de points et de passes décisives sont plus élevés. Tout comme la vitesse de jeu, ce qui permet de prendre plus de rebonds. Si on regarde, il y a huit possessions de plus, et huit tirs pris de plus par équipe et par match par rapport à 2011/2012.
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