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Concilier mesures sanitaires et santé mentale : l’impossible équation

S’il n’a pas à proprement parlé expérimenté la bulle d’Orlando car son équipe n’était pas éligible, Kevin Love est conscient des problèmes de santé qu’a posé cette bulle sanitaire. En effet, l’ailier fort explique que nombre de joueurs l’avaient contacté afin d’exprimer leur impuissance et leur lassitude, notamment vis-à-vis de l’impossibilité de pouvoir voir leurs proches. Ainsi, Love espérait que ses fréquents appels téléphoniques avec d’autres joueurs pourraient au moins les aider à passer outre ce climat difficilement supportable. Mais la bulle a véritablement laissé des traces :

« Vous pouvez parler des protocoles, et vous pouvez avoir des appels Zoom jusqu’à être exténué », explique Love. « Mais tant que vous ne l’avez pas réellement vécu, vous ne savez pas à quoi vous attendre ».

Si la saison NBA 2020-21 a été épuisante, sur l’aspect mental, mais aussi sur le plan physique, joueurs et entraineurs s’accordent une chose : la bulle de Disney ne manque à personne.

« Être dans la bulle, c’était un peu comme une prison », explique Kyle Kuzma. « Vous ne pouviez pas partir. Nous mangions les mêmes trois ou quatre repas chaque jour pendant trois mois, et nous n’avons pas vu nos familles. Donc c’était vraiment dur ».

Rien de surprenant à voir certains joueurs apprécier les libertés, certes loin d’être absolues, qui leur ont été accordées cette saison :

« Cette année a été plus facile parce que j’ai des échappatoires », avance Paul George, l’ailier des Clippers. « Je suis capable de vivre une vie normale. Je peux rentrer chez moi. Je peux voir ma famille, passer du temps avec elle et voir des gens en dehors de l’équipe. Rien que cela constitue une grande différence pour retrouver une forme de normalité. »

Doc Rivers, coach des 76ers, se montre, quant à lui, très critique envers la bulle sanitaire, en expliquant que la bulle sanitaire « était 1000 fois pire » que cette saison, et que la moitié de ses joueurs (à l’époque, il coachait les Clippers) ne voulaient pas être là en réalité. Pour autant, tout n’a pas été rose avec l’organisation de la saison 2020-2021. D’abord, les joueurs ont longtemps dû faire sans public. Aussi, tous les membres de chaque organisation ont été testés très régulièrement. Ne parlons même pas des protocoles sanitaires, particulièrement stricts. Surtout, les joueurs ont souffert d’épuisement : avec une intersaison raccourcie, le rythme déjà infernal de la NBA s’est encore un peu plus accéléré, mettant les organismes à rude épreuve. Kevin Love abonde :

« Cela a été difficile pour le sommeil », a déclaré Love. « Cela a potentiellement des effets à long terme sur votre corps, effets qui peuvent être mauvais. Cela pourrait même avoir mené à certaines des blessures que l’on a vues, et à ce que certaines personnes tombent malades. »

La faute à une saison NBA raccourcie, mais non moins intense. D’ailleurs, la ligue, en accord avec le syndicat des joueurs, a décidé de faire démarrer la saison le 21 et 22 décembre, notamment afin de maximiser les contrats TV qui comprenaient ainsi les matchs de Noël. Rien d’étonnant à voir les Lakers, le Heat ou encore les Celtcis, finalistes de conférence l’an passé, échouer dès le premier tour des play-offs. La star LeBron James a ainsi décrit cette saison comme étant « mentalement, physiquement, spirituellement et émotionnellement épuisante. » Saison éprouvante, d’autant plus qu’elle s’inscrit dans un climat politique mouvementé aux USA, avec le procès de Derek Chauvin pour le meurtre de George Floyd ou encore l’invasion du Capitole. Aussi, contrairement à ce qui s’est passé pendant la bulle, les joueurs, entraîneurs et membres du staff sont devenus vulnérables au COVID-19. Une saison complexe à gérer donc, à bien des égards. D’où la nécessité de prôner le bien-être et la santé mentale, afin qu’aucun sujet ou souffrance ne devienne tabou :

« Ils se sont enrichis – spirituellement et mentalement. Mais je pense que cela a mis à rude épreuve certains d’entre eux », a déclaré le Dr William Parham, directeur de la santé mentale et du bien-être du syndicat des joueurs. « Il faut s’y attendre. Mais je pense qu’en tant que groupe, ils ont plutôt bien réussi et vont faire mieux. Pour ceux qui ont encore du mal, nous les accompagnons à chaque étape. »

Depuis 2015, la ligue avait mis un psychologue clinicien à la disposition des joueurs et du personnel. En mai 2018, la NBPA (syndicat des joueurs) a lancé son propre programme de santé mentale et de bien-être. Avant la saison 2019-20, la NBA a quant à elle exigé que toutes les équipes fournissent aux joueurs un accès à des professionnels de la santé mentale cliniques et agréés. Brad Stevens, ex-coach des Celtics, comprend et appuie ce soutien fourni aux joueurs :

« Avec le monde dans lequel nous vivons, je pense qu’il est juste important qu’ils aient ce genre de soutien dans ces locaux et dans cette ligue : il faut s’assurer que nous faisons tout ce que nous pouvons pour les aider à vivre pour le mieux cette situation », explique-t-il.

Toutefois, les questions de santé mentale demeurent très prégnantes, notamment depuis la bulle d’Orlando. Cela a ainsi conduit plusieurs joueurs NBA à adopter diverses routines entre les entraînements et les matchs pour maximiser leur bien-être. Donovan Mitchell évacue la pression dans les jeux vidéos, Aaron Gordon dans la lecture de « Play Present », véritable Bible du basket à ses yeux. Giannis Antetokoumpo n’a pas particulièrement d’exutoire. Il explique :

« J’essaie de m’amuser et d’être compétitif autant que possible », avance-t-il. « Mais quand je rentre chez moi, je suis bien dans ma peau. Pour moi, cela fait disparaître la pression. »

Si la pression persiste, c’est à l’entourage propre ou à des professionnels de santé que les joueurs se confient. Kevin Love constate des progrès en la matière :

« Les gars sont beaucoup plus disposés non seulement à être vulnérables, mais à avoir des conversations qui auraient pu être dérangeantes dans le passé », a déclaré Love. « Ces conversations ont vraiment lieu dans notre vestiaire et sont rendues plus faciles. Nous avons cet état d’esprit empathique. Nous sommes curieux des défis que chacun d’entre nous doit relever. »

Bien que la ligue ait encore du pain sur la planche en la matière, il semblerait que la NBA soit l’une des organisations où les questions mentales sont le plus prises au sérieux. À l’inverse du tennis, par exemple (cf. « polémique Osaka), où l’on a du mal à considérer que derrière le joueur, se cache un être humain… À bon entendeur.

Via Usa Today

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