Dans son livre, Kevin Garnett fait l’éloge du basket européen
Dans son livre KG: A to Z: An Uncensored Encyclopedia of Life, Basketball, and Everything in Between, en vente depuis le 21 février, Kevin Garnett rend un bel hommage au basket européen. Lui, arrivé en NBA juste après le lycée en 1995, voue une admiration sans borne au géant Arvydas Sabonis, 7 saisons NBA au compteur avec les Portland Trail Blazers.
« Mon joueur européen préféré de tous les temps c’était Arvydas Sabonis, né en Lituanie. J’avais des cassettes de lui qui jouait avec l’URSS. C’était un monstre. Il a tenu tête à Ewing et Robinson aux JO de 88. Il nous a montré que les Américains n’étaient pas les seuls à savoir jouer au basket. Il faisait 2,21 m, il était capable de sauter, de jouer les cinq positions sur le terrain. Il utilisait ses deux mains. Souple. Fluide. Et cérébral aussi.
En 1995, j’ai rencontré Arvydas dans le vestiaire de l’Alamodome à San Antonio. Il était là avec sa femme et l’un de ses fils, qui avait une sacrée tignasse. On était tous ravis de l’écouter raconter ses histoires sur ses face-à-face avec les meilleurs, avec son gros accent et ses manières vigoureuses. J’aurais pu rester là à l’écouter parler pendant des heures.
Sa propre histoire professionnelle s’est terminée tristement, car il s’est déchiré les deux tendons d’Achille. Tout le monde vous le dira, après ça, vous n’êtes plus jamais le même. Vous perdez votre explosivité. Sur une note plus joyeuse, son fils avec la tignasse dans le vestiaire était Domantas Sabonis (pas possible puisque ce dernier est né en mai 1996, il s’agissait plutôt de Zygimantas ou Tautvydas Sabonis, ndlr), arrivé en NBA en 2016 avec OKC. Je considère le père de Domantas comme l’un de mes héros. »
Selon lui le style de jeu à l’européenne, faussement réputé soft, s’est d’ailleurs bien plus démocratisé que l’on ne croit au sein de la ligue, et ce depuis déjà de nombreuses années.
« Est-ce que j’ai aimé qu’ils amènent le flopping ? Bien sûr, pourquoi pas ? Ça a leur a donné une identité. Le euro step, le fadeaway à un pied contre la planche, tout cela a grandement contribué au style NBA. J’ai adoré que d’autres cultures incorporent leurs compétences aux nôtres. Ça a profité à tout le monde. L’internationalisation du basket est l’une des grandes histoires du sport. Certains disent que le style européen est soft. Bullshit. Qu’est-ce que vous croyez que nous faisions à Boston, quand on faisait tourner la balle autour de la ligne à 3-points pour trouver un shoot ouvert à Ray ou P. Qu’est-ce que les Warriors faisaient durant leurs runs vous croyez ? C’était clairement du jeu à l’européenne. Ce n’est pas soft. C’est intelligent. Et une fois que tout le monde a compris ça, une fois que tout le monde a vu le succès que pouvait avoir une équipe en jouant comme ça, tout le monde a commencé à les imiter. Tout le monde utilise le euro step maintenant. Si ça ne fait pas partie de ton jeu, ton jeu est incomplet. » Kevin Garnett
Comme Kobe Bryant (qui a passé une partie de son enfance en Italie) avant lui, Garnett vante aussi les qualités de la formation européenne vis-à-vis d’un système américain parfois plus proche de la « fabrique à jeunes stars » que d’une école à fondamentaux individuels et collectifs.
« Plus je voyageais, plus j’appréciais l’approche européenne. Les joueurs européens ne vont pas à l’université. Ils commencent à jouer au niveau professionnel dès qu’ils sont suffisamment bons pour. Ricky Rubio a commencé à jouer pro à 14 ans. À côté de lui, Dirk et Luka étaient des vieux quand ils ont commencé à 16 ans. Jouer pro à cet âge-là, ça veut dire que personne n’a de temps à perdre avec des conneries immatures. Tu joues contre des hommes qui ont besoin d’argent pour nourrir leurs familles, et qui n’ont aucune envie de supporter des divas. Ça te fait grandir vite. Pas comme dans le système américain avec la machine à créer de la hype qu’est la culture AAU, où on leur dit oui à tout. Tout le monde veut se faire de l’argent sur ton dos donc tout le monde te lèche les bottes et te dit ce que tu as envie d’entendre au lieu de ce que tu as besoin d’entendre. Donc quand les joueurs américains arrivent enfin en NBA, ils doivent surmonter tout cet ego trip. Il y a toujours quelques exceptions avec des joueurs américains qui sont très matures quand ils arrivent dans la ligue ou des joueurs européens qui sont de petits cons qui pensent que parce qu’ils sont chauds à l’étranger ce sera pareil en NBA. Mais dans la plupart des cas, le modèle européen semble mieux conçu pour mener au mieux un joueur au succès. » Kevin Garnett
via BasketNews.com