Oh my Beard !

Réveil brutal, entre le changement d’heure et la bombe du jour : la barbe la plus célèbre de la ligue s’en va rejoindre les trois pelés et le tondu qui composent l’effectif des Rockets. C’est un peu exagéré, mais il y a un fond de vérité lorsqu’on se souvient que Houston avait volontairement tanké son effectif playoffable l’an passé (Kyle Lowry, Louis Scola, Goran Dragic, etc) pour attirer Dwight ou Deron pendant l’été, en vain. Ou du moins pas tout à fait, puisque c’est un calibre All Star, et potentiellement beaucoup plus, qui débarque dans le Texas. Analyse.

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Souvenez vous, il y a quelques temps, je vous présentais déjà dans un récent article la multitude de choix sportif et financier qui s’offrait à James Harden pour son futur. Il en était ressorti de cette analyse, qu’il ne pouvait en ressortir qu’un bon choix seulement : soit s’asseoir sur un gros contrat et prolonger avec son équipe et ses potes d’OKC, soit relever un plus gros défi sportivement et s’en aller porter une franchises sur ses épaules, non plus en tant que joker de luxe, mais franchise player. Seulement voilà, au final, la décision n’a pas reposé dans ses mains bien longtemps, et ce matin très tôt a eu lieu le dénouement de la plus courte situation « je signe, je signe pas » de ces dernières années. A en rendre jaloux Carmelo Anthony et Dwight Howard.

Et on le doit à un homme et un seul, Sam Presti. Hier soir avait commencé le début de la saga, qu’on s’attendait à être au moins aussi longue et passionnante que le Dwightmare. Une saga qui nous aurait tenu en haleine jusqu’à l’été prochain : mais que va faire James Harden. Hier soir donc, premier épisode, le barbu refuse l’extension de contrat de quelques 52 millions de la part du Thunder. Pêché d’orgueil ? Peut être. Peut être aussi touché dans sa fierté qu’un Serge Ibaka ait été prolongé avant lui à gros prix. Peut être aussi demandant plus d’argent, vu que sportivement il aurait été cantonné à un rôle de joker en sortie de banc, une sorte de compensation financière en somme. Toujours est il que l’accord n’est pas trouvé, et que l’éventualité d’un trade est émise. En toute honnêteté, on n’y croyait pas. On ne voyait pas OKC lapider son effectif en cours de saison alors qu’ils ont une réelle opportunité de remporter le Graal cette année encore.

OKC a du faire un choix, dans l’incapacité de conserver les deux au prix demandé.

Mais Sam Presti continue de prouver à toute la ligue qu’il est un des meilleurs dirigeants en activité. Non seulement de réaliser le meilleur travail de toute la NBA en terme de développement des jeunes talents, Presti a su faire le bon choix pour sa franchise de suite. C’était un choix difficile, mais il l’a fait. Ne pas vivre un Dwightmare, ou un Melo Drama, sans aucun doute était son objectif premier. Le second, étant de commencer de suite à reconstruire sans James Harden. Ça peut paraître brusque comme décision, mais on ne peut plus intelligent dans le fond. Si Orlando avait su faire ça dès le début, sans doute auraient-ils pu commencer à reconstruire depuis la saison passée. Avec ce trade, Sam Presti semble en plus donner une claque monumentale aux dirigeants d’Orlando et d’ailleurs : aussi talentueux soient-ils, ce ne sont pas les joueurs, mais bien les GM’s qui ont le pouvoir.

Ainsi donc, le Thunder perd Harden, mais il récupère deux bonnes pioches pour le remplacer. Kevin Martin tout d’abord, l’arrière scoreur destiné à être la star des moribonds Rockets jusqu’à ce trade. Mais aussi Jeremy Lamb. Si c’est Kevin Martin qui semble la pièce essentielle de ce trade, et également celui qui aura un impact direct dans l’équipe, nul doute que connaissant Presti et connaissant la franchise du Thunder, la cible était bel et bien Lamb. Un rookie typé scoreur lui aussi, capable d’évoluer poste 2 et 3, bon athlète qui plus est. En gros, le Thunder ne peut pas conserver Harden, alors on prend un autre jeune et on recommence. Le seul souci, c’est que Lamb n’a pas pour le moment les qualités de playmaker qu’avait James Harden. L’ancien sixième homme d’OKC était le leader de la second unit, mais également un des meilleurs passeurs de cette équipe, une qualité qu’on lui oublie souvent, à tort. Seulement voilà, l’an passé, si Harden avait autant de responsabilité de distribuer le jeu en sortie de banc, c’est parce qu’Eric Maynor était out pour toute la saison. Lui est un vrai playmaker, qui distille le jeu et score de temps en temps. Rappelez-vous que lors de l’épopée 2011 du Thunder, lorsqu’OKC sort Memphis en 7 manches et tombe en Finale de Conf’ contre Dallas, Scott Brooks utilisait parfois énormément Maynor à la mène, plus qu’un Westbrook relégué sur le banc ou au poste 2 sur certaines séquences.

Kevin Martin passe de go-to-guy d’une franchise médiocre à joker d’une équipe bâtie pour le titre.

De plus, avec James Harden c’est aussi Daequan Cook qui fait ses valises. Et si il sera difficile de remplacer Harden, Cook lui est un spécialiste longue distance, un artilleur à trois points. Aussi, nul doute qu’un Kevin Martin et un Jeremy Lamb ont une palette offensive bien plus varié que cela, et quand il faudra se coller à dégainer des tirs primés, ce ne sera sans doute pas Kevin Martin qui va s’en plaindre. Sur ce point là, on peut même dire qu’OKC y gagne au change. Alors, OKC sans Harden, plus des concurrents légitimes au trophée Larry O’Brien ? Non, et il ne faudra pas les sous estimer, n’en déplaise aux supporters des Lakers et des Spurs.

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Que penser à présent de la situation du principal intéressé ? Il voulait toucher le maximum avec le Thunder, 60 millions, mais il ne les a pas eu. A présent dans le Texas, c’est 80 millions qu’il peut empocher. Mais attention, si il a été échangé à Houston, il n’a pour le moment pas prolongé son contrat, qui se termine l’été prochain. Aussi, dans le fond la situation est toujours pareille pour lui, du moins sur le plan contractuel. Si il n’a pas prolongé avant le 31 Octobre 2012, il sera libre l’été prochain. Et quand on vient d’une équipe comme OKC, qu’on désirait rester là-bas avec ce noyau dur de jeunes joueurs qui sont par ailleurs ses meilleurs potes, qu’on avait envisagé un départ uniquement pour Phoenix (dans son Arizona natal) ou au pire une équipe qui joue la titre, on comprend pourquoi James Harden ne voudrait pas prolonger à priori.

Désormais patron des Rockets, Harden aura la place d’exprimer tout son talent.

Dans un équipe ou les cadres se nomment Jeremy Lin, célèbre phénomène de la Linsanity durant quelques semaines la saison passée, ou Omer Asik, un pivot remplaçant signé à prix d’or, c’est légitime d’avoir la nostalgie des Kevin Durant et autres Russell Westbrook, pour ne citer qu’eux. Il va en tout cas être le patron de cette équipe, et devenir le go to guy des Rockets. Etre un des meilleurs scoreurs de la ligue ? C’est possible, connaissant les qualités du garçon, tant au shoot extérieur qu’en pénétration, sans même citer sa capacité à se créer son shoot. Emmener Houston en playoffs ? Ça paraît quand même bien plus compliqué, étant donné les grosses cylindrés qu’il y a dans la Conférence Ouest (Clippers, Lakers, Thunder, Spurs) et les outsiders aux effectifs bien plus dense en comparaison (Memphis, Dallas, Denver, Minnesota, Portland, Phoenix, ou même Utah). Mais après tout, pourquoi pas ? A James Harden de montrer à Sam Presti et Scott Brooks qu’ils ont agit trop vite en le laissant partir. En tout cas sportivement, le défi est de taille pour lui, et ce sera sans doute un régal à suivre cette saison. L’éclosion de la barbe pour 2012-2013, on a déjà pris rendez-vous.

Mais qu’adviendra-t-il l’été prochain ? C’est compliqué de s’y projeter, étant donné que James Harden pourrait signer une extension à 80 briques dans les jours qui viennent, et poser donc ses valises à Houston pour du long terme. A Kevin McHale et aux dirigeants de Houston de le convaincre, si ce n’est avant le 31 Octobre, avant l’été en tout cas, histoire qu’il prolonge le bail chez eux. Seulement voilà, comme on l’a déjà dit, Harden adorait OKC, et n’avait envisagé de partir que pour Phoenix, lui qui a fait ses gallons universitaire à Arizona State. Aussi, si les Rockets n’arrivent pas à équilibrer leur bilan, ou qu’ils manquent la post season, Harden va-t-il se priver de partir à Phoenix, où les dirigeants ont déjà amorcé une belle reconstruction post Nash, et où toute une ville serait aux anges de le voir rentrer au pays ? Si il y a une pièce à mettre quelque part, je la placerait en tout cas plus sur Phoenix, ou même Dallas et son fantasque Mark Cuban, Boston qui va chercher à reconstruire l’après Pierce/Garnett, que sur les Rockets.

La fin de ce qui aurait du être une magnifique histoire …

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Ainsi donc s’achève cet épisode, qui n’aura même pas passé la nuit. Quelques heures, entre le refus d’extension de contrat et le trade, pas assez pour nous amuser à trouver un joli nom à tout ceci, comme on avait déjà octroyé à Anthony et Howard les délicieux termes de Melo Drama ou Dwightmare. De quoi être déçu donc. De quoi être bien plus déçu également, lorsqu’on ne peut que constater la loi du bling bling, lorsqu’on voit que le Heat peut se permettre de rassembler trois joueurs à plus de 100 millions de dollars le contrat, et continuer d’ajouter encore et encore des role players toujours plus performants. Lorsqu’on voit Los Angeles rassembler, pour la deuxième fois en dix ans, un quintette de stars Hollywoodiennes à prix d’or, et qu’on constate amèrement que le Thunder est incapable, par manque d’argent, de continuer cette fabuleuse reconstruction par la draft, qui avait tant fait rêver les passionnés de balle orange.

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