L’Italie, un outsider crédible
On ne les attendait pas forcément à pareille fête. Privée d’Andrea Bargnani et de Danilo Gallinari, les italiens ont débarqué en Slovénie sur la pointe des pieds, avec pour premier objectif celui de s’extraire d’une poule très délicate. Vainqueurs de leurs trois premiers matchs (dont la partie de cette après-midi disputée face à la Finlande), les Italiens sont maintenant favoris pour l’accession au second tour dans le groupe D. Les coéquipiers de Marco Belinelli doivent encore affronter la Suède et surtout la Grèce avant la fin de ce premier tour, dans ce qui constituera certainement un test majeur et un match de très haut niveau.
La première force de cette équipe italienne, c’est son collectif. Lors du match face à la Finlande, un seul joueur émerge à 10 points, Luigi Datome, mais l’on trouve 5 joueurs entre 7 et 9 points. Ce même Datome avait inscrit 25 points lors du match inaugural face à la Russie, avant de terminer avec… 0 point au compteur le lendemain contre la Turquie. Et malgré cela, l’Italie n’a rencontré aucune difficulté lors du game face à Hedo Turköglu (ou son frère, vu comment il démarre son euro, difficile de savoir) et les siens. La raison? Un banc parfaitement rôdé qui n’a aucun mal à prendre le relais et à faire aussi bien, voire mieux que les titulaires. Le troisième quart-temps d’Aradori contre les hommes du Bosphore (15 points sur la période) et la première mi-temps du pivot remplaçant Nicolo Melli (12 points sur les 20 premières minutes) en sont la preuve. La réussite des italiens cette après-midi malgré la faillite de Belinelli (0/8 en première mi-temps) également.
Outre ce collectif, la qualité de passe générale de l’équipe italienne est un énorme atout. C’est d’ailleurs lorsque Belinelli a tenté de forcer en solitaire pour casser les prises à deux mises en place sur les pick-and-roll par les finlandais que les Italiens ont eu le plus de mal lors de ce tournoi. Une fois le savon de Simone Pianigiani passé, Belinelli s’est mis à lâcher plus tôt la balle sur ses actions, permettant ainsi au collectif transalpin de faire admirer sa circulation de balle et sa capacité à trouver et exploiter des angles de passes parfois improbables.
Plus qu’une qualité de passe de l’effectif italien, c’est en fait une véritable propreté technique que l’on retrouve chez la plupart des joueurs italiens, qui peuvent pour la plupart parfaitement alterner entre le shoot extérieur et la pénétration susceptible de mettre la défense sens dessus-dessous. Une arme précieuse et capable de compenser les éventuelles faillites de l’équipe en terme d’adresse, car la majorité des joueurs transalpins peuvent créer du jeu à partir de rien ou presque, bien que le pick-and-roll soit l’arme favorite de Pianigiani.
Autre force de nos meilleurs amis footballistiques, la défense. Contrairement à la France qui avait laissé l’Allemagne prendre feu à trois points, les Italiens ont compris très tôt dans le match que laisser les finlandais trouver leur rythme serait une grave erreur. Le verdict est sans appel: après les trois shoots longue distance encaissés dans le premier quart-temps, l’Italie n’a plus concédé de tir derrière l’arc… de la partie. Oui, avec un 3/26 à trois, les scandinaves sont morts avec leurs tirs. Et s’ils ont bien réussi à poser des problèmes aux transalpins en jouant à l’intérieur durant le deuxième quart-temps, les intérieurs italiens, bien au-dessus du niveau qu’on leur prêtait avant le début du tournoi, ont su non seulement contenir les pénétrations finlandaises (en plaçant parfois de jolis contres) mais également faire l’effort de sortir pour venir perturber un peu plus des shooteurs déjà en manque de confiance. D’ailleurs, la Turquie avait connu les mêmes difficultés dans son jeu en pénétration, et l’absence de tireurs dans le collectif turc n’est jamais apparue aussi gênante que lors de la rencontre face à l’Italie. Preuve que la défense de Pianigiani est bien en place, elle qui peut aussi monter en intensité pour perturber très sérieusement le porteur de balle, comme elle l’a fait dans ses différents matchs lors des séries qui ont fait la différence (le 9-0 face à la Finlande par exemple).
La dernière force de cette équipe italienne est symbolisée à merveille par la hargne de Nicolo Melli sur cette action: c’est bien l’intensité et la volonté d’enfouir l’adversaire six pieds sous terre qui fait la force de ce collectif. Après avoir arraché des rebonds sur la tête des géants turcs, les transalpins ont su relever et remporter le défi imposé par les guerriers finlandais. Du début à la fin du match, les italiens jouent avec le coeur et laissent tout sur le terrain, un atout qui rend fatal tout retard à l’allumage de l’adversaire.
Voilà pour ce qui est des qualités de cette équipe. Mais ce groupe n’est évidemment pas exempt de défaut. Sa défense sur le jeu en transition est très moyenne (c’est d’ailleurs la dessus que les finlandais ont fait souffrir leurs adversaires cette après-midi), son adresse variable (aucun tir à trois points inscrit en première mi-temps contre la Finlande), et l’importance prise par Belinelli dans un jeu placé offensif s’initiant quasiment exclusivement par un pick-and-roll du néo-Spur, couplée à sa lucidité et sa vision du jeu moyennes (voire très moyennes si on compare l’arrière à un meneur de métier) sont de nature à calmer les ardeurs des observateurs qui placeraient l’Italie trop vite trop haut. Les intérieurs, s’ils se sont montrés solides jusque là, pourraient être mis en défaut face à des grands plus techniques. Le match face à la Grèce sera d’ailleurs très important, tant le passage de Melli et Cusin (très solide cette après-midi) face à Bourousis et ses amis semble constitué un parfait crash-test. Enfin, l’irrégularité de Belinelli, leader technique sans équivalent dans l’équipe, pourrait devenir très gênante pour nos voisins lors des matchs à élimination directe. D’autant que le joueur semble encore incapable de trouver d’autres solutions que de forcer ses tirs jusqu’à en réussir certains.
L’équipe italienne apparaît donc clairement comme un nouvel outsider dans cet Euro très ouvert. Les performances de Gentile (le « chouchou » de Stephen Brun), Cinciarini, Aradori, Melli ou Cusin, que l’on attendait pas forcément à pareille fête, en plus de l’impact des Belinelli et autres Datome sont de nature à susciter de grandes attentes au pays des pâtes et de la pizza. Coaché par un Pianigiani qui a pour l’instant su trouver tous les ajustements nécessaires (dans le jeu de Belinelli, dans l’adaptation de sa défense) et n’a pas hésité à tenter des choses audacieuses (Vitali, deuxième meneur placé en ailier-fort contre les turcs), les transalpins peuvent clairement visé les quarts de finale. Le test à venir face à la Grèce permettra d’en savoir plus sur les capacités réelles de l’équipe, qui semble quand même un peu jeune pour espérer une breloque. Mais, 10 ans après la médaille de bronze glanée face à la France, nul doute que les Italiens ne lâcheront rien à leurs adversaires. Et ne lâcheront rien tout court…
L'équipe d'Italie la plus mythique c'était celle avec Carlton Myers et Gregor Fucka !
C'est vrai que c'est vraiment pas mal collectivement. A voir ce que ça va donner contre la Grèce
Celle de 1999, par exemple ? Bon sang, j'y étais, à son sacre, et la demi contre les Yougos était une merveille ! C'était aussi et tout autant l'équipe du superbe Meneghin.