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Road to the Draft : Dennis Smith

Dennis Smith Jr est un cas réellement particulier dans cette Draft. Le meneur de jeu du Wolfpack de NC State demeure un très grand talent, peut-être même un des plus gros de cette cuvée 2017, et pourtant sa cote ne cesse de chuter ces derniers temps. De 2ème choix annoncé à l’aube de la saison universitaire, le voilà désormais en train de glisser jusqu’à la 7ème place chez DraftExpress notamment. Et si ce n’est à cette place là précisément, il semble en tout cas peu probable de le voir atterrir sur le podium comme cela aurait pu être le cas il y a quelques mois.

Jetons un coup d’œil à son profil.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

Voir aussi : Road to the Draft – Markelle Fultz

Il faut dire que Smith a connu une unique saison universitaire presque catastrophique. Le presque, c’est pour sa production qui fut malgré tout assez honnête : 18.1pts, 4.6rbs et 6.5ast de moyenne par rencontre. Mais tout le reste le fut, en revanche, catastrophique.

Collectivement, d’abord et surtout, cette équipe de NC State fut un véritable désastre malgré un talent pas si scandaleusement bas que ça. Au contraire, par rapport à bon nombre de modeste fac qui à force d’efforts et de solidarité ont réalisé de belles saisons jusqu’au tournoi final de la March Madness, NC State n’a rien fait du tout de son potentiel. Il y avait de la profondeur à l’arrière (des joueurs bien peu intelligents quoique athlétiques, certes), de la présence intérieure passable, physiquement à défaut de basketballistiquement, un jeune intérieur turc talentueux et promis à un premier tour de draft (Omer Yurtseven) et Dennis Smith, attendu tout en haut de la draft .

Le problème, c’est que le fond de jeu (ou plutôt, l’absence de fond de jeu) a fait de cette équipe très correcte sur le papier, une équipe médiocre ne dépassant pas les 50 % de victoires et n’étant pas invitée au grand tournoi final du championnat. Pire, sur le calendrier de Conférence (la deuxième partie de saison, contre de bonnes équipes), NC State a plafonné à un bilan de 4-14 et terminant 13ème de l’ACC (avant dernière) derrière des équipes bien moins talentueuses. Des systèmes ne menant nulle part, un manque de mouvement collectif, des joueurs jouant pour leur pomme, et en plus de tout une défense on ne peut plus poreuse (324ème de la NCAA). Preuve que cette équipe marchait sur la tête, l’entraîneur Mark Gottfried s’est fait virer en cours même de saison. C’est déjà très rare en NCAA de limoger un coach, les cycles étant plus longs et le turnover plus rare que chez les pros, mais en plus, en cours de saison, c’est encore plus rare, et c’est un signe très fort qui montre bien le dysfonctionnement de cette équipe.

D’un point de vue individuel, Smith a surnagé, sans pour autant arriver à influencer les résultats de son équipe. Comme pour Markelle Fultz, lui aussi dans une équipe abonnée aux défaites, absente de la March Madness, et dont le coach a été viré au terme de la saison. Deux angles de vue sont possibles pour juger de la saison de Smith, les deux en rapport avec les résultats collectifs : d’une part, Smith s’est avéré insuffisant pour faire gagner les siens, et en qualité de meneur et meilleur joueur a échoué. D’autres part, Smith a réalisé une belle saison dans le marasme de NC State et vaut bien plus que ce que l’on a pu voir sur cette saison universitaire à oublier.

D’un point de vue physique, Smith possède absolument tout ce que l’on recherche chez un meneur NBA, ou presque. D’une bonne taille (6’3, comme Curry, Irving, etc), son seul et unique défaut, assez conséquent, reste son envergure de bras assez limite (autour de 6’3/6’4) qui le fait paraître plus petit qu’il n’est réellement. Mis à part cela, Smith est sans aucun doute le meilleur athlète de cette draft, au sens premier du terme. Il est très puissant, avec une magnifique charpente déjà mature malgré son jeune âge, des épaules très larges, un torse épais, et surtout, il est ultra explosif autant dans sa capacité à décoller du sol que dans sa vitesse d’appuis. A l’image de Curry ou Irving justement, ce manque de longueur de bras devrait le limiter à défendre des poste 1 presque exclusivement.

Offensivement, l’arme qu’il utilise le plus reste le jump-shot, bien que ce ne soit peut être pas la meilleure de son répertoire.

D’un point de vue technique, Smith possède de bons fondamentaux mais souffre encore d’une irrégularité de geste par moment, du fait de n’être qu’un nouveau shooteur. En effet, c’est pour son explosivité délirante et son impact en pénétration qu’il a toujours été connu depuis ses très jeunes années, et il a commencé à développer ce jump-shot assez tardivement (cette saison NCAA fut sans doute la première véritablement consistante de ce point de vue là).

La grande caractéristique de son tir reste son énorme élévation. La hauteur avec laquelle il parvient à sauter au moment du jump-shot est tout bonnement superbe, et cela lui permet de largement compenser ses bras un peu courts et de relâcher le ballon très haut au moment du tir pour un meneur de jeu. Bien plus haut par exemple que des meneurs comme Lonzo Ball ou De’Aaron Fox, tous deux pourtant plus grands. Sa mécanique de bras est assez propre également, bien que sujette à plus d’irrégularité, et il place bien justement le ballon au-dessus de sa tête pour rendre la tâche du défenseur encore plus ardue.

Néanmoins, l’irrégularité évoquée sur certains tirs se produit à une fréquence un peu trop élevée pour être négligeable. Au niveau de sa mécanique de bras par exemple, il ramène parfois trop le ballon vers lui (angle inférieur à 90°) produisant un effet catapulte, de la perte de précision et des trajectoire plates. De plus, il n’est pas toujours en très bon équilibre, du fait justement de cette incroyable élévation qu’il prend au début du tir. Montant très haut dans les airs et restant suspendu très longtemps, il n’arrive pas a se stabiliser une fois en l’air et c’est là que son tir peut parfois dérailler. Plus encore, il ne semble pas prendre tout le temps la même élévation, certaines fois arrivant à pousser encore plus fort que d’habitude et à décoller encore plus. Il aurait sans doute besoin d’être plus régulier de ce point de vue là, apprendre à toujours sauter avec la même énergie pour prendre une habitude, sauter sans doute un peu moins haut également pour se stabiliser plus facilement, et ainsi être plus régulier d’un tir à l’autre. C’est toute son manque d’expérience et de répétitions qui s’illustre là dans ce défaut, et on peut penser en toute légitimité qu’il a encore le temps d’améliorer tout cela (rien n’est dit qu’il y arrivera, mais le fait qu’il commence à peine à bosser ce jump-shot est gage qu’il reste peut être une marge de progression).

Dans le jeu, c’est principalement en sortie de dribble que Smith a dû opérer pour aller chercher des jump-shots, l’équipe n’étant pas capable de lui offrir de bonnes opportunités plus faciles.

Sur P&R, il se sert bien de l’écran pour manœuvrer son défenseur et se cacher derrière l’écran pour se dégager un tir ouvert. En isolation, il a également montré de très belles promesses. D’une part, il peut se contenter de tirer par dessus le défenseur ou la défense, en s’élevant plus haut que la mêlée ou les bras tendus de son défenseur pour tirer assez librement. D’autre part, il peut aussi se dégager un tir créativement, et non pas simplement sur son haut point de relâchement du tir. Il a montré par moment d’excellents mouvements avec le ballon, des crossovers très rapides et très efficaces, des petites hésitations, et un step-back prometteur. En revanche, Smith n’est pas encore un joueur accompli dans cet exercice malgré ses belles performances. Il lui arrive d’apparaître indécis ou de ne pas bien lire les mouvements d’un défenseur (et continuer à tricoter en laissant passer une ouverture). Il pourrait être beaucoup plus incisif que cela dans ses choix, et placer des moves plus courts mais plus efficaces.

Là où semble résider une grande partie du potentiel de star de Dennis Smith, c’est sa capacité à dégainer à trois-points en sortie de dribble. L’arme ultime dans la NBA actuelle. Il n’est pas encore très efficace là dessus, affichant un 36% correct mais sans plus depuis la longue distance (un bon volume de 5 tentatives/matchs, la quasi totalité en sortie de dribble), mais la recette est simple : s’il parvient à améliorer cette arme, il pourra très sérieusement aspirer à un grand statut dans la ligue.

Sa sélection de tirs fut quelques fois assez contestable, bien que pas dans d’aussi grandes proportions que dans ses années High School. En effet, son reproche majeur pré-NCAA était d’un peu trop aimer les longs jump-shots, difficiles et tôt dans la possession. En NCAA, Smith a également affiché ce défaut, mais pas avec une aussi grande fréquence. De plus, même s’il ne faut pas l’utiliser comme excuse à quelques très mauvais tirs qui lui sont largement imputables, l’environnement médiocre de NC State est également à prendre en compte dans l’équation. Une équipe très mauvaise, sans fond de jeu et avec des joueurs jouant pour leur pomme, n’a pas dû aider à réfréner le goût de Smith pour les tirs compliqués.

De manière générale, Smith a sans doute beaucoup trop tenté de jump-shot cette saison, mais c’est, d’une certaine mesure (qui n’est pas l’angle principal sous lequel juger, cependant), il l’a fait «à raison». En tout cas, pour lui. Smith possède presque tous les éléments dans son jeu (distribution, pénétration, défense) mais, à l’image de Marcus Smart en 2014, avec un jump-shot un peu fébrile. Le jump-shot qui, pourtant, est l’arme ultime de la NBA actuelle, a fortiori chez les arrières. Aussi, à l’image de Smart qui avait les clés du camion à Oklahoma State, Smith a sans doute forcé plus que de raison sur son jump-shot en désirant montrer qu’il était capable de shooter. Et bien que l’expérience ne fut pas une brillante réussite (un Smith à 40% à 3pts aurait été le dauphin assuré de Fultz), elle fut tout de même plus concluante que pour Smart. Le Celtic shootait moins bien, avec une mécanique bien plus irrégulière, avec moins de réussite (29 % contre 36 à 3pts) tout en ayant beaucoup plus d’opportunités en catch & shoot (plus facile).

Il convient toutefois de mettre en perspective cette saison NCAA. Certes, les raisons d’espérer sont concrètes, que ce soit du fait de ses atouts dans l’exercice, l’environnement autour ou tout simplement son âge et sa capacité de progression. Toutefois, il existe aussi un scénario inverse où cette saison (qui sans être très bonne fut tout de même correcte) s’avère être un plancher, et où du coup Smith n’atteint jamais le niveau de régularité suffisant. Pour toute les raisons déjà évoquée, ce 36% à 3-pts pour un aussi « jeune » shooteur reste correct et prometteur, mais c’est peut-être simplement une bonne passe qui est venu cacher des irrégularités peut être plus importantes qu’on ne le pense. C’est peut être une bonne forme d’une trentaine de matchs seulement, avant le reste de sa carrière de retomber à un niveau moins intéressant. Kris Dunn tournait à un bon 37% l’an dernier (sur un plus petit échantillon, et avec une seule année sur quatre en NCAA à bien shooter, c’est vrai) mais pourtant galère pour l’instant en NBA (29%).

Voilà sans doute un premier indice de pourquoi Dennis Smith Jr est descendu dans les mock draft dernièrement (résultats collectifs mis à part), et pourquoi un Lonzo Ball est passé devant. Vu l’importance du jump-shot actuellement, difficile d’imaginer son meneur titulaire être en dessous des standards. Or, il y a deux lectures très claires et distinctes à faire du cas de Smith : la première un peu plus pessimiste, le projetant comme un shooteur limité toute sa carrière, la seconde plus optimiste misant sur ses progrès au shoot.

Ce qui est encore plus intéressant, c’est que le type de carrière qu’aura Smith est directement lié au développement de son jump-shot. A elle seule, cette arme peut déterminer quelle sera son importance en NBA. Dans un scénario où Smith plafonne sans jamais acquérir efficacité et régularité dans l’exercice, il demeurera un rôle player, voir un excellent lieutenant dans le meilleur des cas, mais avec toujours un plafond. Dans le scénario où Smith confirme les promesses affichées à NC State, il pourrait devenir All Star et dominant.

Des exemples existent dans les deux cas, bien que plus nombreux parmi la colonne des déceptions. Un Dennis Schröder (encore très jeune lui aussi) peine à confirmer les petites promesses de son jump-shot et n’a toujours pas atteint un niveau suffisant pour faire de lui un joueur dominant. A l’inverse, Kyle Lowry au moment de sa draft en 2006 possède un tir très suspect (aperçu sur un tout petit volume de tir qui plus est) et s’avère aujourd’hui un des meilleurs de toute la NBA pour dégainer en sortie de dribble. Kyle Lowry qui semble, au passage, une excellente comparaison de manière générale au profil de jeu de Dennis Smith.

En pénétration, Smith est également performant mais avec quelques limites peut être pas si négligeables.

D’abord et avant tout, c’est son explosivité qu’il faut mentionner. Les jambes remplies de dynamite, Smith possède en toute logique un superbe premier pas et dépasse avec aisance son défenseur au démarrage depuis une situation d’isolation. Sa vitesse de propulsion est réellement excellente, même depuis une position arrêtée, et bien souvent en NCAA ce seul premier pas suffisait à faire la différence. Bien qu’il n’ait pas forcément besoin d’un écran pour se créer un chemin au cercle, lorsque son équipe lui en offrait un, c’était tout ce dont Smith avait besoin pour éliminer son défenseur et filer au panier.

Au delà de cette première accélération brute, Smith possède déjà de belles variations dans son jeu en pénétrations. Son explosivité ne réside pas seulement que dans sa vitesse initiale de propulsion, mais également et surtout dans ses appuis, eux aussi très explosifs et incisifs. Même à grande vitesse, il a la capacité de planter son pied au sol et de rebondir dessus vers une nouvelle direction avec aisance. Cette capacité à changer de direction et à se réorienter très rapidement s’accompagne même de bons changements de vitesse, puisqu’il adore ralentir le rythme puis brusquement repasser en vitesse maximale pour perturber son défenseur et mieux le mettre dans le vent.

Avec de tels atouts physiques, c’est sans surprise que Smith est également très performant sur du jeu en transition, et on imagine cet aspect là de son jeu s’adapter assez facilement à la NBA. Il accélère le tempo de manière brillante, usant de son explosivité, sa capacité à jouer proche du sol et ses qualités pour s’infiltrer dans les petits espaces tout en contrôle.

De manière générale, c’est son état d’esprit et son agressivité qui sont excellentes. Smith n’est pas effrayé du tout par les contacts, il semble même les rechercher et arrive superbement à provoquer les fautes pour obtenir des lancers francs. Son total de 7.2 LF/m est d’abord la parfaite illustration de cette agressivité, et ensuite un très gros total pour les standards NCAA, où les matchs sont plus courts, les terrains moins espacés et donc les statistiques en général plus faibles. D’autant plus que Smith n’a pas pu profiter d’un bon spacing à NC State, et qu’il aurait pu faire plus de dégâts avec plus d’espace pour opérer et moins de murs de défenseurs à éviter. C’est également à noter qu’il parvient très bien et très régulièrement à conclure malgré les contacts au cercle.

Une fois arrivé au cercle, cependant, c’est une autre histoire. Ses qualités de finisseur sont un peu moins bonnes que sa capacité à se rendre au panier.

D’un part, Smith a montré quelques superbes finitions, assez régulièrement. Son contrôle du corps est notamment superbe, et il utilise bien sa détente et sa capacité à absorber les contacts pour conclure de manières parfois très acrobatique.

D’autre part, il n’arrive pas tout le temps à générer de bons tirs au cercle, ou à tout simplement les convertir. Il arrive parfois autour de l’arceau dans de mauvaises positions, en déséquilibre et prend ainsi des lay-ups très compliqués. Il donne parfois l’impression de vouloir battre le défenseur sur la capacité à rester dans les airs plus longtemps, et il y arrive parfois (les fameux paniers acrobatiques évoqués juste au dessus), mais de manière globale c’est une mauvaise approche qui génère de positions de lay-ups très compliqués, plutôt que d’essayer de finir plus proprement ou de manière plus académique. Les fois où il ne se lance pas dans le défenseur sans trop de plan si ce n’est voler plus que lui, Smith utilise aussi assez régulièrement la mauvaise main du mauvais coté du panier (main gauche alors qu’il tombe vers la droite, et l’inverse). Ce qui est surprenant, vu qu’il est capable de finir des deux mains au panier, mais ne recherche pas encore la position idoine et préfère miser sur ses qualités athlétiques.

Au delà de ça, son toucher de balle n’est pas apparu si bon que cela, et certainement pas bon au point de compenser ses positions de tirs peu académiques. Il bénéficierait notamment beaucoup d’un floateur fiable (qu’il n’a pas encore) pour scorer à quelques mètres du cercle par-dessus le défenseur, plutôt que d’essayer de passer sous lui dans les airs et se retrouver en mauvaise posture.

Plus encore, un défaut un peu plus intangible pour le moment (sauf si développement d’un excellent toucher de balle) est le fait qu’il est assez affecté par la longueur des défenseurs au cercle. Malgré sa détente, il reste petit (pas pour le poste, en général) et avec de petits bras (en général et pour le poste), et n’arrive pas à avoir une belle extension au moment du tir (lorsqu’il saute, s’allonge bien et tend le bras le plus possible, c’est encore insuffisant). Son explosivité et sa détente ne compense pas assez, et il joue quasi exclusivement sous le cercle. Le fait que ce problème soit apparu assez clairement au niveau NCAA peut être inquiétant, étant donné qu’il aura à faire en NBA à des défenseurs bien plus grands, plus longs et plus athlétiques pouvant surgir d’encore plus loin.

Au demeurant, ce n’est pas un problème complètement incontournable. Le meilleur finisseur au cercle de la ligue se nomme Kyrie Irving, joue aussi sous le cercle et possède des mensurations physiques (taille et bras) identiques à Smith. Il en va de même pour Stephen Curry, bâti de la même manière. La différence, c’est que Irving est un véritable maître en finition, pouvant finir de manières très différentes, dans des angles très variés, avec un toucher de balle et une créativité d’un niveau d’élite. Cette créativité et ce toucher, Smith ne l’a pas pour l’instant. C’est quelque chose d’assez dur à acquérir (rien n’est sûr qu’il y arrivera) mais s’il y arrive il pourra surmonter cette faiblesse. D’autant que Smith est bien meilleur athlète que Irving ou Curry en terme de détente et d’explosivité. Parmi les meilleur scénario, le plus probable reste qu’il pioche un peu le meilleur des deux mondes et s’en sorte en bricolant avec un peu de qualité de finition en finesse et un peu plus de qualités athlétiques pures. L’imaginer atteindre le niveau de toucher et de créativité d’Irving ou Curry semble beaucoup moins plausible. Parmi les pires scénarios, il n’arrive jamais à réellement compenser cela et n’exploite jamais ses qualités d’impact en pénétration.

C’est toutefois à noter que Smith compense très bien ses déficiences en finition par sa capacité à obtenir des lancers francs (au niveau NCAA en tout cas). C’est à dire que son incapacité à conclure très fréquemment les actions au cercle n’annihile pas ses pénétration jusqu’à ce même cercle. Il lui arrive souvent de faire la différence, prendre la faute et rentrer les lancers, ce qui valide le drive en lui même et manufacture d’une manière plutôt que d’une autre sa capacité à faire la différence sur son adversaire en pénétrant.

En terme de playmaking en revanche, difficile de trouver beaucoup à redire. Il y a même de quoi arguer que Dennis Smith Jr est le meilleur pur meneur de jeu de cette classe de draft, pourtant fournie en meneur de très grand talent.

Smith est d’abord et avant tout un vrai meneur de jeu de métier. Un général de terrain, qui gère le jeu et y impose sa patte. Il est toujours sous contrôle, même dans les petits espaces et même à grande vitesse, il se montre très patient et prend ce que la défense offre. Il réalise toujours et en tout lieu la passe simple qui se présente, et fait preuve d’un vrai bon altruisme.

Smith est le parfait équilibre scoring/distribution. Un vrai 50/50. Si des Markelle Fultz et Kyrie Irving ont aussi cette capacité et ce souci d’alterner l’option individuelle et l’option collective, ce serait toutefois une sous utilisation de leurs splendides qualités naturelles de scoreur que de les limiter à 50% de recherche de points seulement. Smith, lui, présente beaucoup plus ce profil très équilibré, pouvant créer sans doute un peu plus pour les autres que Fultz ou Irving, et étant moins bon scoreur naturel qu’eux. En somme, le registre Ty Lawson dans ses grandes années à Denver : un solide 16-17 points de moyenne, menace importante (2ème ou 3ème option d’équipe), et 10 passes par rencontre également, avec ce souci de faire fonctionner l’attaque et mettre tout le monde dans de meilleures conditions. Ou le registre de Kyle Lowry, lui aussi très équilibré points/passes.

Smith possède un excellent QI basket et une vraie bonne compréhension de ce qui se passe sur le terrain. Au delà de son excellente vision de jeu (voir les joueurs ouverts, les mouvements), c’est surtout sa lecture du jeu qui fait sa force : voir mais surtout analyser ce qui se passe, comprendre les déplacements, anticiper les mouvements de la défense, les ouvertures qui vont se faire, les endroits où ne pas passer, etc. Une de ses grandes forces est de rester sans arrêt la tête levée, à scanner le terrain, pour déceler la faille et s’enfoncer dans une brèche qui s’ouvre. Sa patience pour ne pas forcer les choses est également impressionnante.

En création pure, Smith est également très bien armé. Il a montré de très belle choses sur Pick & Roll, notamment toujours cette patience pour fixer le défenseur et attendre le bon moment pour passer. Il glisse aussi de bonnes passes entre les deux défenseurs si ces derniers se resserrent sur lui. Plus encore, il lit bien l’action et très régulièrement fait le bon choix de passer à la deuxième option (le shooteur abandonné par son défenseur, celui-ci ayant aidé sur le Pick & Roll). Sur pénétration, Smith utilise son impact en pénétration pour créer des ouvertures dans la défense, et peu ensuite passer par-dessus tout le monde vers un shooteur ouvert, ou glisser la gonfle à un intérieur ouvert sous le cercle.

C’est important de noter également à quel point l’environnement autour de lui était peu propice à la pleine exploitation de ses qualités. Au delà du manque de fond de jeu, de systèmes mettant les joueurs dans des positions idéales ou du manque de mouvement, la qualité intrinsèque des joueurs autour laissait à désirer. Tout comme pour Fultz à Washington. A NC State, Smith manquait cruellement d’intérieurs doués pour scorer efficacement et régulièrement dans la peinture (les bons athlètes manquaient de taille et les grands intérieurs n’étaient pas de bons athlètes), ne manufacturant pas les nombreuses offrandes distribuées par leur meneur. A l’extérieur, c’est de shooteur fiable qui faisait défaut à l’attaque, et offrait un spacing médiocre (ou plutôt offrait un grand manque de spacing). Son total de « seulement » 6.2 ast/m est donc à relativiser, et nul doute que Smith aurait été encore plus productif dans de meilleures conditions. D’autant plus que son rôle non plus n’a pas été celui d’un monopolisateur de la gonfle.

En effet, pour un meneur avec autant de qualités de créateur, de gestionnaire, et même un vrai bon charisme affiché pour gérer l’équipe, le voir aussi peu balle en main à NC State l’an passé était un fait tout aussi surprenant qu’incompréhensible. Smith passait un temps de jeu conséquent sans la balle, en second arrière à coté d’un autre porteur de balle. L’effectif était certes bien fourni en meneurs-arrières, mais d’une part aucun d’eux n’étant véritablement talentueux ou ne devraient poser le pied sur un parquet NBA, et d’autre part, c’est clairement sous utiliser les qualités de son meilleur joueur que de faire cela. Priver John Wall de ballon, c’est très peu pertinent, mais si c’est pour filer la gonfle à James Harden, ça se comprend un peu plus. En l’occurrence, à NC State, le talent des joueurs privant Smith de ballons n’étaient pas suffisamment bon pour rendre l’opération rentable. Les résultats collectifs médiocres et le licenciement du coach sont venus apporter un peu d’eau à ce moulin.

Décrit au fil de ces lignes comme un excellent meneur, dans sa globalité avec toute les notions qui y sont rattachés, il faut toutefois noter que Smith possède encore une marge de progression. Lucide et sous contrôle la plus part du temps, Smith a toutefois commit cette saison son lot de mauvaises passes, et surtout, quelques turnovers très grossier pour un meneur affichant d’aussi belles qualités le reste du temps. Des erreurs évidentes de lecture du jeu et des passes trop nonchalantes qui font assez tâche. Ce qui semble évident au visionnage des matchs, c’est une certaine tendance à être beaucoup trop facile et à se relâcher par moments sur certains matchs, et ainsi à effectuer des passes largement à portée de la défense.

Ce qu’il faut noter également, c’est qu’avant la NCAA, un des gros reproche fait à Smith dans ses années High School était justement cette tendance à commettre des turnovers largement évitable et à être hors de contrôle par moment. Le bon point c’est qu’en NCAA, cela n’est pas apparu de manière aussi évidente qu’en High School, et que même s’il a commit des erreurs, ce n’était pas avec une aussi grande fréquence et cela n’avait pas une aussi grande importance dans le jeu que ça pouvait lui être reproché au lycée. Notamment, il fut rarement hors de contrôle, au contraire, et c’est plutôt au niveau des turnovers nonchalant que lui sont faites les critiques.

Encore et surtout, le contexte de l’équipe n’est surtout pas à ignorer. Une équipe sans spacing, sans mouvement et avec des joueurs limités autour, pas franchement le contexte idéal pour juger le joueur. Seul créateur fiable de l’effectif, il n’avait ni le luxe de se reposer sur des systèmes de jeu bien ficelés, ni des joueurs assez bon autour pour mobiliser un minimum l’attention de la défense sur eux.

Cela dit, rien ne dit qu’il parviendra chez les pros à suffisamment épurer son jeu et limiter ces erreurs, il n’y a jamais aucune certitudes. Ce que l’on peut dire en revanche, c’est que l’environnement de NC State n’était pas le plus pertinent pour, premièrement, le développement d’un joueur devant apprendre, et deuxièmement, pouvoir juger des performances de ce joueur. Au final, il s’en sort avec 3.2 turnovers par matchs, un pourcentage de 17.2%tov (nombre de tov pour 100 possessions), un pourcentage moins bon que celui de Markelle Fultz (13.4%), De’Aaron Fox (13.7%) mais meilleur que Lonzo Ball (18.6%).

Défensivement, Dennis Smith n’est pas irréprochable sur chaque action, mais les bonnes possessions qu’il a réalisé furent réellement d’un très haut niveau.

Le principal défaut de Smith en défense reste sa taille, ou en tout cas son manque de longueur de bras qui le fait paraître plus petit qu’il n’est vraiment. Il lui est arrivé de se faire marquer par dessus la tête, même s’il était en très bonne position pour contester, autant dire qu’en NBA où il aura fort à faire face à des joueurs à la fois plus grands et meilleurs, cela pourrait s’avérer problématique.

Du reste, Smith est capable d’être un superbe défenseur sur l’homme. En premier lieu, sa posture défensive est excellente, il descend très bas sur ses appuis, ce qui lui permet de d’avoir un centre de gravité bas (plus facile pour bouger rapidement) mais aussi une base défensive plus large. En effet, en restant bas et en gardant les pieds bien écartés il représente un plus grand obstacle à contourner pour l’attaquant. En second lieu, sa vitesse latérale est tout aussi excellente, et il semble rebondir sur le sol vers l’avant, en reculant ou en allant sur le côté avec une aisance impressionnante, sans aucun doute lié à l’explosivité de ses jambes et sa vitesse d’appuis. Plus encore, il coulisse bien latéralement de manière bien fondamentale (techniquement parlant) : ses pieds ne se croisent jamais et il se déplace en gardant bien ses épaules bien en face de l’attaquant. Lorsqu’il le veut, il peut faire preuve d’une très grosse activité pour harceler son défenseur, lui bouffer son espace en bougeant constamment ses appuis et le perturber dans sa zone de confort (la manière dont Patrick Beverley, plus petit que Smith, compense brillamment son manque de centimètres).

Il utilise bien cette mobilité latérale sur Pick & Roll. Là encore il est très aboutit techniquement pour traverser les écrans : il colle bien son attaquant juste avant, il passe le bon pied en premier pour rester bien en face et offrir à tout instant un obstacle entre son joueur et le panier. Quelque chose que tout les jeunes joueurs ne savent pas faire et/ou n’ont pas encore apprit (Fultz, par exemple). De plus, Smith est suffisamment costaud et dur pour se frotter aux contacts sans aucune réticence. Même dans les cas où il se fait prendre dans l’écran, ou s’il le contourne, il revient très vite vers son attaquant et perturbe à nouveau sa zone de confort, ou conteste très bien son tir.

Toutefois, Smith est encore branché sur courant alternatif par moments, comme beaucoup de jeunes joueurs, et il lui arrive de ne pas faire preuve d’une intensité suffisante. Il se laisse parfois dépasser par certains athlètes particulièrement peu impressionnants comme on en trouve beaucoup en NCAA, et il est vrai que cette tendance à abandonner semblait de plus en plus évidente à mesure que la saison de NC State tombait peu à peu à l’eau, jusqu’à finir aux oubliettes.

Smith possède également des mains très rapides et un bon sens de l’anticipation pour arracher des ballons des mains même de ses adversaires. Que ce soit en les jouant en un contre un, ou en jouant loin du ballon sur des « dig steal » (piquer le ballon à un attaquant, autre que le siens, qui pénètre). Il est également actif sur ligne de passe, là encore démontrant de très bons instincts et mettant à profit son explosivité, ces deux éléments là compensant bien son manque de longueur de bras et d’extension. Son playmaking défensif (1.9 int/m) est une assez bonne illustration de sa compréhension du jeu, y comprit défensive.

En revanche, Smith recherche parfois trop à réaliser l’interception, à l’excès, et au détriment de la bonne action défensive (garder les bras levés pour contester le tir). Ce manque de discipline est encore un défaut caractéristique de sa jeunesse, qu’il faudra arriver à corriger pour ne pas gâcher des possessions défensives qui, jusqu’au moment où il rabat les bras et/ou fait la faute, étaient de qualité.

Dans sa défense collective, Smith est également très performant. Au delà de ses jaillissements sur ligne de passes évoqués plus haut, c’est aussi et surtout de très bonnes rotations sur jeu placé dont Smith fait preuve. Il aide intelligemment et efficacement. Notamment, il est venu très régulièrement coulisser à l’intérieur pour poser des boxouts sur des intérieurs beaucoup plus grand et gros que lui afin de protéger le rebond. Quelque chose dont, au contraire, sont très peu capable les petits meneurs, tout simplement pas assez imposant pour le faire, mais Smith y arrive parfaitement avec sa puissance et sa dureté au dessus de la moyenne. Plus généralement, c’est un très bon rebondeur pour son poste (4.6/m) qui use bien de ses qualités athlétiques et ses instincts d’anticipation pour gober la gonfle.

Malgré son intelligence de jeu défensive, Smith manque encore de discipline défensive loin du ballon également, à un certain degré pas si négligeable que ça. Particulièrement, il doit faire l’effort de rester attaché à son attaquant, à ne pas lui donner trop d’espace et à toujours garder un œil sur lui. Actuellement, il n’est toujours attentif et concède un certain nombre de tirs ouverts dans le périmètre simplement parce qu’il perd de vue son vis-à-vis, qui se démarque alors facilement pour le tir. Même lorsque ce n’est pas un soucis de garder son homme à l’œil, Smith semble attiré un peu trop par le cercle et dézone pour se rapprocher de l’arceau, prêt à protéger le rebond où à aller le chercher, mais en négligeant son attaquant qui se retrouve avec tout l’espace nécessaire pour tirer librement s’il reçoit la balle.

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Au final, Dennis Smith Jr semble apporter un lot très varié et assez complet de qualités. Il peut tout simplement tout faire sur un terrain de basket : shooter, driver, passer, défendre. Un package assez complet livré dans une charpente puissante, mature et ultra explosive. C’est bien évidement un cocktail très intéressant, et suffisamment bon, talentueux et prometteur pour avoir sa chance pendant au moins quelques saisons pour être un meneur titulaire en NBA.

Le souci, c’est que bien qu’il sache tout faire, il ne le fait pas très bien. Mis à part son playmaking et ses qualités de meneur de jeu qui sont suffisamment accomplies, tout le reste ne reste demande confirmation. Autant en terme de qualités intrinsèques (savoir mieux réaliser les actions) qu’en termes de consistance et de production (savoir les réaliser plus souvent de manière tout aussi qualitative). Un Dennis Smith qui conclut mieux et plus souvent ses actions au panier, qui tourne à 40% à longue distance et qui défend chaque possession comme un mort de faim est sans doute meilleur que Markelle Fultz, ou en tout cas largement à son niveau. Sauf que ce n’est évidement pas le cas.

Sur ses pénétrations, il doit apprendre d’une manière ou d’une autre à contourner le problème de sa taille, et de son jeu en dessous du cercle, et cela passera par une dose de créativité et de qualité de finition bien meilleure qu’actuellement. Sur son jump-shot, il doit gagner en régularité, et en volume de jeu tout en restant efficace (même, en étant plus efficace qu’actuellement). En défense, le domaine où il a le moins de chemin à parcourir sans doute, il lui faut arriver à garder une concentration et une intensité d’un bon niveau plus longtemps pour manufacturer ses belles aptitudes sur l’homme comme loin du ballon.

Comme dit précédemment, le plus intéressant chez Dennis Smith Jr demeure son jump-shot et à quel point il va arriver à le développer. S’il parvient à faire de cette arme un outil suffisamment régulier et dangereux, son niveau de jeu et son potentiel pourraient monter en flèche et le faire passer de joueur solide à joueur de calibre All Star. Smith a démontré quelques fulgurances extrêmement intéressantes, notamment ce tir à trois-points en sortie de dribble, la nouvelle arme des superstars en NBA. Il ne manque « plus que » de gagner en consistance encore une fois, mais il ne part pas de zéro. Au contraire, il démarre d’une base solide : son 36% (et même 38% à un moment de la saison) se situe dans la fourchette du 35%-40% des bons shooteurs qu’il faut respecter. Au delà de 40%, c’est du très haut niveau, en dessous de 35% on peut se permettre de ne pas tout le temps le défendre. Autant dire que les fondations sont solides. Le delta pour arriver à un très haut niveau reste très grand, mais pas aussi énorme que pour des Marcus Smart, Elfrid Payton et autres meneurs non-shooteurs drafté dernièrement. L’espoir est mince, mais possible.

On parle ici du meilleur scénario possible évidement, et peut être que Smith ne s’approchera jamais de cela. Mais c’est tout de même important de le mentionner tant ce petit détail (qui n’en est pas un) peut faire une énorme différence. Pour reprendre deux comparaisons tout à fait crédibles, Ty Lawson et Kyle Lowry, la différence entre les deux c’est que le Raptor est meilleur artilleur longue distance que l’ancien Nugget. L’un affiche un bon 38% (même 41 % cette année) sur un gros volume de tir et l’autre peinait à dépasser les 35% en tentant beaucoup moins sa chance. Et au final, Lowry possède un plus gros volume de jeu et est un meilleur joueur (trois sélection All Star) avec plus d’impact sur son équipe que le Ty Lawson de Denver, superbe lieutenant mais du calibre d’une 3ème belle option d’équipe dans une très grosse équipe. On peut rajouter à cette conversation Brandon Jennings, également dans ce profil très équilibré scoring/passe, qui n’a jamais fait décoller son efficacité à trois-points et n’a donc jamais dépassé ce palier sur lequel Lawson était lui aussi coincé.

Là où tout cela est aussi très important dans le cas de Dennis Smith Jr, c’est que le garçon est un athlète hors du commun, bien meilleur que les joueurs cités tels que Lowry ou Irving. Et en NBA, posséder une explosivité de ce calibre est un ingrédient d’une importance capitale et facilite la vie d’une manière considérable. Qu’est-ce qui fait de Kyrie Irving un scoreur si unique et qui manque à John Wall pour passer un dernier palier ? Un jump-shot de grande qualité, notamment à longue distance : 40% pour le Cavalier toute sa carrière (lorsqu’on le voit à son vrai niveau, son année bougon 2014 et son retour de blessure en 2016 mises à part) sur un gros volume de jeu, entre 30 et 35 % sur beaucoup moins de tentative pour le Wizard. Vous imaginez à quel point Wall pourrait être encore plus incroyable s’il avait la capacité à dégainer à trois-points avec aisance ? Et vous imaginez un Irving avec en plus l’explosivité et la vitesse de Wall ?

Voilà pourquoi le potentiel qui sommeille au fond de Dennis Smith est si alléchant. Le cocktail d’explosivité et (l’espoir) d’un shoot à trois-points entre-aperçu, ça fait rêver. Surtout quand on rajoute à cela ses qualités de meneur de jeu et son impact défensif (lorsqu’il s’y met vraiment).

Pourquoi n’est il pas attendu plus haut dans les mocks draft alors ? Parce que le scénario décrit ici est non seulement le meilleur possible, mais aussi celui qui a peut-être le moins de chance de se réaliser. Aussi, les GMs seront d’autant plus à l’aise de miser sur ce potentiel avec un choix plus bas plutôt qu’un choix très haut.

Absolument rien ne garantit qu’il réussisse à développer ce jump-shot, clé de son jeu. Déjà, on ne sait pas si les pourcentages de cette saison sont réellement représentatifs de son niveau de jeu, qui peut-être si situe encore au-dessous (après tout, sur 30 matchs, le facteur chance a peut être boosté cette réussite). Ensuite, même si c’est effectivement son niveau, arriver à améliorer son efficacité à partir de ce point de départ est extrêmement difficile. D’autant plus pour quelqu’un avec encore aucun de petits défauts techniques et d’irrégularités. On a certains doutes quant à certains joueurs, même dans cette classe de draft (Fultz ou Ball) quant à leur capacité à conserver sur efficacité de 40% à trois-points, alors améliorer un solide 36% en un 40% ou plus (le pourcentage nécessaire pour rentrer dans la catégorie des joueurs dominants décrite plus haut) est encore plus compliqué.

Certes, s’il y arrive, c’est jackpot. On pourra rétrospectivement se dire qu’un Dennis Smith drafté 6ème, 7ème, ou 8ème est finalement devenu le meilleur joueur de cette draft, et affirmer que ce potentiel était évident et qu’on savait que les choses allaient se dérouler ainsi, comme beaucoup « d’experts » aiment faire après coup (aucun cas n’illustre plus cette hypocrisie que la sélection de Porzingis en 2015). Sauf que la vérité d’aujourd’hui, c’est que pour autant grand soit le potentiel du garçon, les chances qu’il le réalise complètement sont assez faibles.

D’autant que d’autres doutes planent autour de lui, jump-shot mis à part. Pourra-t-il gagner en intensité défensive où est-ce une vraie tendance de son jeu ? Pourra-t-il maintenir et continuer d’améliorer sa prise de décision et ses pertes de balles dans sa distribution du jeu ? Pourra-t-il être plus lucide de manière générale, notamment sur les longs tirs compliqués qu’il aime prendre ? L’environnement médiocre de NC State ne nous a-t-il pas pousser à nuancer tout ces défauts de son jeu qui, finalement, pourraient s’avérer de vraies tare liées à son jeu plutôt qu’à un laisser aller dans une équipe sans queue ni tête ? Autant d’interrogations et de doutes conséquents.

Au final, les chances qu’il s’avère un bust total sont équivalentes à celles qu’il devienne la superstar qu’il peut devenir. De manière très pragmatique, la probabilité la plus haute est évidement qu’il nage entre les deux. Cela pouvant aller d’un statut de role player sortant du banc à celui d’un vrai bon titulaire du calibre de Kyle Lowry. Le développement (ou non) de ses qualités de scoreur (le jump-shot encore, mais aussi sa finition au cercle) devrait devrait aussi déterminer quel sera son rôle. C’est tout à fait légitime de l’imaginer dans un rôle de passeur organisateur pouvant tourner à 8, 9 ou 10 passes de moyenne, si ses capacités au scoring ne connaissant pas de grandes améliorations. Mais s’il arrive à prendre du volume de jeu au scoring, il privilégiera sans doute un peu plus le scoring. Tout comme Lowry par rapport à Lawson, encore une fois.

Beaucoup d’interrogations restent pour l’instant en suspend, et viennent nuancer en toute logique les avis enthousiastes quant à son énorme potentiel. Dans d’autres classes de draft il aurait peut être, sans doute même, été le meilleur meneur de disponible. En 2013 très largement (Trey Burke, Carter-Williams), en 2014 également (Marcus Smart), en 2015 peut être pas (D’Angelo Russell avait tout, dont du 3-pts à foison) et en 2016 très certainement (Kris Dunn). Mais il est tombé dans une année où se trouve Markelle Fultz, un des meilleurs prospects de ces dernières années, et deux wild card très intrigants en la personne de Lonzo Ball et De’Aaron Fox. Peut être pas tout en haut de la draft, mais au delà de la 5ème place, Dennis Smith est un pari rentable qui se tente assez facilement, avec son lot de doutes mais sa belle marge de progression également.

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Une réflexion sur “Road to the Draft : Dennis Smith

  • looser_23

    Toujours aussi agréable à lire. C'est quand même une bien belle draft pour qu'un joueur aussi intéressant que Smith soit annoncé en milieu de loterie. Vous avez des infos sur son envie/éthique de travail?

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