Analyse Vidéo : Kyrie Irving est-il réellement surcoté ?
Après deux premières années passées à éblouir tout son petit monde, Kyrie Irving réalise une saison plutôt moyenne à l’image de l’ensemble des Cleveland Cavaliers. Au point que certains en viennent à se demander si finalement le kid n’est pas un poil surcoté à l’heure actuelle, en pointant du doigt son manque d’envie par moment et son incapacité à faire gagner les Cavs. Alors, que vaut réellement Kyrie Irving à l’heure où une possible prolongation de contrat pourrait pointer le bout de son nez (cet été), est-il réellement surcoté ?
Jetons un coup d’œil à son profil.
Guillaume (@GuillaumeBInfos)
D’un point de vue physique, le profil de Kyrie Irving demeure très satisfaisant même s’il n’est pas de la trempe de ces athlètes d’élite que l’on retrouve désormais fréquemment en NBA. Du coté des bons points, sa taille (6’3/1m90) très adéquate ainsi qu’une carrure plutôt solide pour son poste. Pour le moins bon, une envergure de bras moyenne (6’4/1m93) et un manque d’explosivité.
Dans sa palette offensive, c’est d’abord et avant tout de son jump-shot qu’il se sert le plus (près de 75% de ses tirs sont de cette nature). Excellent à mi-distance (40% d’efficacité depuis cette zone), il impressionne par sa capacité à créer parfaitement de l’espace sur P&R/ISO. Lui permettant d’obtenir de très bon tirs à suffisamment ouverts qu’il parvient à rentrer à un bon taux, même s’il est également capable de les mettre avec un défenseur en plein sur lui. Autre caractéristique qui force le respect : la portée de son tir, et l’aisance avec laquelle il peut dégainer de très loin, même en sortie de dribble.
Irving est également dangereux lorsqu’il attaque le panier. Comme dit précédemment, il ne peut pas se reposer sur l’explosivité comme peuvent le faire par exemple un John Wall, un Derrick Rose (qui ?) ou un Russell Westbrook. En revanche, il est très créatif et parvient très bien à se créer son chemin au cercle sans premier pas dévastateur. Doté d’une superbe qualité de dribble et de très bons changements de vitesses et directions, il est également tout le temps en équilibre durant ses drives. De plus, à l’inverse de certains meneurs NBA, il n’est pas effrayé par les contacts sous le panier et parvient à se rendre sur la ligne des lancers francs très régulièrement (4.9 FTA/m).
Seul bémol, Irving reste un finisseur sous le panier. Son 57% de réussite au cercle est due en grande partie à son superbe toucher de balle, mais est grandement limité par son manque de longueur et de verticalité. Ceci dit, avec cet exact même set de qualités/défauts, Chris Paul a réussi à passer d’un moyen 50% à ses débuts à un exceptionnel 72% depuis deux saisons. Les grands joueurs savent compenser par l’intelligence de jeu, et c’est en toute légitimité que l’on peut espérer voir Irving suivre ce même chemin.
Ses qualités de meneur de jeu sont sans doute les plus méconnues, mais certainement pas les moins intéressantes. Irving est un vrai général sur le terrain, qui sait gérer le tempo et joue toujours sous contrôle. Ses statistiques ne sont pas spectaculaires (6.4 ast/m) mais s’expliquent par le fait qu’il joue énormément sans le ballon, beaucoup plus qu’un meneur classique. En ce sens, Kyrie Irving ressemble beaucoup au Brandon Jennings de Milwaukee dont j’avais déjà dressé le portrait l’été dernier : de vrai meneurs de formation, altruistes, attentifs à faire tourner la machine, mais dont les lignes de stats en passe décisive ne sont pas époustouflantes du fait qu’ils ne vampirisent pas le jeu et évoluent pendant un temps de jeu conséquent sans la gonfle dans les mains. Comme Jennings, Irving n’est pas un pass first PG, mais un très bon équilibre entre scoring et distribution.
En terme de ses pures qualités de passeur, Irving se montre très créatif sur P&R avec une belle capacité à délivrer de bons ballons au bon timing. Son impact en pénétration lui permet de créer des ouvertures dans la défense avant de trouver un coéquipier démarqué. Altruiste, il possède également une remarquable capacité à lire le jeu et prendre ce que la défense offre sans avoir à forcer les choses. Pour preuve, son très bon 2.7 tov/m seulement.
Défensivement, Irving joue avec une excellente intensité en démontrant une belle volonté de faire les efforts nécessaires. Sur le ballon, il a encore tendance à vouloir contourner les écrans par moment plutôt que de tout le temps se battre à travers. Et sa vitesse latérale reste correcte mais pas géniale, ce qui, en plus de sa longueur de bras assez moyenne (6’4/1m93) fait qu’il a parfois du mal à contenir les pénétrations. Pour le reste, il montre une bonne implication et parvient très régulièrement à provoquer des turnovers avec ses mains très vives (1.5 int/m).
Loin du ballon, son activité et sa compréhension du jeu sont tout bonnement excellentes. Irving a assimilé le concept de défense collective, et possède de ce côté-ci du terrain aussi un très bon QI basket. Très attentif, il sait quand et comment aider, possède de très bons fondamentaux, et revient toujours en défense sur contre-attaque.
L’un dans l’autre, difficile de rester sur cet a priori que Kyrie Irving n’est ni plus ni moins qu’un produit surfait. Superbe joueur offensif, capable de scorer depuis n’importe où et de se créer son propre tir à la demande, il possède aussi toutes les qualités d’un vrai meneur de jeu. Son exceptionnel QI basket en fait un joueur très intelligent, toujours sous contrôle et qui ne force pas le jeu en attaque, ainsi qu’un remarquable défenseur collectif.
Sa mauvaise saison reste ni plus ni moins le fruit d’une saison plus généralement ratée pour l’ensemble de la franchise, dans un environnement pas des plus propice au bon développement (casting moyen autour, organisation offensive désordonnée par moment, etc).
Quant à savoir s’il mérite ou non un contrat maximum au terme de son contrat rookie, la question ne se pose même pas. Très jeune, avec encore un énorme potentiel, Irving est un talent rare comme il n’en sort pas tous les ans à la draft sur ce poste de meneur de jeu. Qui plus est, son leadership (sur le terrain) est déjà excellent malgré son jeune âge, et on ne peut qu’admirer son attitude et professionnalisme (grand compétiteur, très bonne éthique de travail, intelligence, pas effrayé de prendre ses responsabilités de franchise player, etc). Pour tout cela, il semblerait même que plus de voyants soient au vert pour Irving que ça n’avait pu être le cas pour John Wall l’été dernier quand Washington lui offrait son contrat maximum (brillamment justifié depuis qu’installé dans des bonnes conditions avec enfin un très solide casting autour, d’ailleurs).
La question n’est donc même pas de savoir si Irving mérite ce gros chèque de 80M/5ans, mais est ce que Cleveland arrivera à construire une équipe suffisamment attractive autour de lui pour le convaincre de prendre cet argent. Après trois premières saisons compliquées, dont celle-ci on ne peut plus décevante, une ambiance pas toujours au beau fixe, et quelques draft assez mal négociées (les choix contestables de Trsitan Thompson, Dion Waiters voire même Anthony Bennett) ne plaident pour l’instance pas en la faveur de la franchise de l’Ohio. Il va falloir cravacher pour convaincre le fils prodigue 2.0 de ne pas plier bagage à son tour.
Merci pour l'analyse ! :)
SVP vous pouvez faire une analyse sur Russell Westbrook?? Je veux connaitre encore plus sur lui
Je ne suis pas du tout convaincu par certains exemples donnés sur la défense. De toute évidence, celui qui a réalisé ce (beau) travail de réalisation aime beaucoup Irving au point d'aller un peu loin dans l'analyse positive.