Anas Mahmoud à la conquête de la NBA

Anas Mahmoud a 26 ans, pourtant son espoir premier est toujours celui d’un jeune de 19 ans, rejoindre la NBA. Son rêve aussi, devenir le premier égyptien à jouer en NBA après avoir grandi en Égypte. Certes, Mahmoud ne serait pas le premier joueur égyptien à jamais jouer en NBA, Abdel Nader des Suns est né à Alexandrie et Alaa Abdelnaby, ancien joueur NBA aujourd’hui à la retraite, au Caire. Toutefois, les deux ont migré très tôt vers les États-Unis avec leur famille, ne faisant pas d’eux des purs produits du basket égyptien. Alors qu’il a seulement quitté l’Égypte pour sa dernière année de lycée avant d’explorer le championnat NCAA pendant 4 ans avec Louisville et les Cardinals, Mahmoud est revenu joué dans son pays natal depuis 2018 au Zamalek. Et si Mahmoud est aujourd’hui sous le feu des projecteurs dans son pays, c’est parce qu’il est pressenti du côté des Toronto 905 en G-League l’année prochaine. Une équipe où il pourrait avoir un rôle intéressant alors qu’il pourrait être invité au training camp des Raptors via un Exhibit 10 contract et qu’il vient de disputer la Summer League avec ces mêmes Raptors. Aujourd’hui, il sait que c’est le moment propice à un départ, après avoir beaucoup appris.

 » Je vais probablement être le premier égyptien à sortir de la ligue égyptienne (à aller en NBA). J’ai un parcours un peu différent parce que je ne suis arrivé ici qu’avant l’université et je suis retourné jouer dans la ligue égyptienne. C’est un plaisir et un honneur. L’opportunité que j’ai eue, être ici et représenter mon pays, représenté mon peuple et mon club. » Anas Mahmoud

Après avoir passé 3 saisons en Égypte pour régler son exemption de service militaire, qui aura duré plus longtemps que le service militaire en lui même, Mahmoud a vu son arrivée auprès des Raptors retardée pour des histoires de Visa et de protocoles Covid. Pourtant même s’il a raté les premiers moments avec ses coéquipiers, son coach pour la Summer League et coach de l’équipe affiliée de G-League, les Raptors 905, Patrick Mutombo, s’en dit satisfait.

 » Il est arrivé tard, mais il s’est vite adapté. Il a eu sa lettre d’autorisation et vous pouvez voir que c’est un gars qui comprend les choses, il connaît le jeu. Il comprend ce que l’on attend. Je dirais que son acclimatation est un processus. Comprendre les choses que nous exigeons de nos intérieurs est peut-être un peu différent de ce qui se passe dans la plupart des autres pays, mais il s’adapte. Il s’adapte assez rapidement. C’est bon à voir. » Patrick Mutombo

Malgré un temps de jeu réduit, Mahmoud a pu montrer ce qu’il savait faire lors de la Summer League. En 29 minutes de jeu total, il a su gober 10 rebonds et contré 3 shoots pour 8 points à 4/7 au tir. Mais il s’est aussi montré intéressant dans le jeu par sa protection de l’arceau et sa capacité à pousser le ballon en attaque malgré ses 2,13 mètres. Un physique pourtant encore léger, puisqu’avec seulement 95 kilos sur la balance, Mahmoud doit s’étoffer pour pouvoir s’adapter du mieux possible au jeu NBA. Et il compte bien travailler cela, comme vu avec le staff des Raptors. Patrick Mutombo ne s’inquiète en tout cas pas pour cela.

 » Une chose que je sais, c’est qu’il ne se cache pas. Il se bat. Je pense que son instinct c’est de protéger le cercle. Il n’est pas effrayé à l’idée de prendre des coups, ou d’en donner. C’est toujours un bon signe pour moi parce que pour prendre le rebond, il faut aller au contact. Et il est grand et ça, ça ne s’apprend pas, donc il va être, par son physique, une bonne force au rebond pour nous. » Patrick Mutombo

Avec un deuxième titre de champion d’Égypte cette année, Mahmoud a vécu un retour victorieux au pays. Mais il a aussi gagné au niveau continental au sein de la toute nouvelle Basketball Africa League, qui regroupe les meilleures équipes d’Afrique. Et si Zamalek s’est tout simplement imposé, il le doit en bonne partie à son pivot, nommé dans le 5 majeur de la compétition et élu meilleur défenseur. De nouvelles distinctions pour celui qui avait déjà été élu MVP de la ligue égyptienne. Alors Mahmoud savoure la progression du basket en Afrique et salue ces trois belles années de haut niveau.

 » La ligue égyptienne a beaucoup grandi ces dernières années. Beaucoup des joueurs qui ont joué au lycée aux États-Unis sont revenus en Égypte, donc la compétition était plus relevée. Ils m’ont aidé à devenir meilleur moi aussi. Puis la BAL était d’un autre niveau. Donc la ligue m’a aidé. La BAL était comme le couronnement des trois années que j’ai passées en Égypte, où j’ai vraiment vu que j’avais évolué. Je n’ai pas perdu mon temps pendant trois ans. » Anas Mahmoud

Alors que son profil de grand, fort défenseur, mais aussi manieur de ballon interroge pour un joueur qui semble encore pouvoir beaucoup progresser malgré ses 26 ans, les Raptors ont choisi de le prendre parmi eux cet été. Et Mahmoud semble bien décidé à montrer qu’il est plus que motivé et qu’il travaillera comme il le faut. Surtout au niveau physique.

 » J’ai parlé avec Masai (Ujiri) et j’ai parlé avec les gars du front office, je leur ai dit  » Hey, regardez, maintenant le seul truc qui m’intéresse c’est développer mon jeu, me développer en tant que joueur. J’ai joué plusieurs années à l’étranger, j’ai gagné assez d’argent, donc, quelle que soit la bonne décision pour moi, je serai heureux de la prendre. Je vais avoir l’opportunité de travailler avec des gens qui savent exactement ce qu’ils font. Ils peuvent m’aider à aller là où je veux aller, en poids de corps et en force. C’est vraiment important pour moi. J’aime penser que je suis un joueur avec un bon QI basket. Je peux apprendre de nouvelles choses vraiment, vraiment vite. Donc je ne pense pas que je vais avoir des difficultés à m’adapter. Je dois juste travailler les petits détails. » Anas Mahmoud

Alors qu’il dispute actuellement l’AfroBasket avec sa sélection, Mahmoud s’est blessé à l’épaule. Une blessure sans trop de conséquences qui pourrait même être soignée en vue d’un retour pour de potentielles demi-finales du tournoi. Des conséquences à court terme assez handicapantes pour sa sélection, mais rassurantes pour la saison prochaine. En effet, une blessure plus sérieuse aurait pu boucher l’horizon de Mahmoud en vue de l’année prochaine. Par ailleurs, Toronto se trouve être le lieu d’une grande communauté égyptienne. Sur les 100 000 Égyptiens présents au Canada, près de 35 000 habiteraient à Toronto selon des chiffres de 2016. Et vraisemblablement, ils sont heureux de sa venue.

 » Je reçois beaucoup de messages d’Égyptiens qui vivent à Toronto. Beaucoup de personnes ont commencé à me parler sur Twitter et à m’envoyer des messages sur Instagram et tout, beaucoup d’Égyptiens qui vivent ici. C’est incroyable. Vraiment cool. » Anas Mahmoud

Alors qu’il est très impliqué dans le développement du basket en Égypte, Mahmoud est un précieux conseiller pour les autres joueurs égyptiens comme Mohab Yasser, son coéquipier au Zamalek qui s’envolera bientôt pour East Tennessee State. Pour lui qui a joué à Louisville, il est important de soutenir les jeunes égyptiens qui souhaitent partir se développer chez l’oncle Sam et de contribuer au développement du basket égyptien.

 » Parfois, on manque de talent en Égypte. Et je suis presque sûr que nous avons beaucoup de bons gars, beaucoup de joueurs, beaucoup de jeunes joueurs qui peuvent devenir quelque chose s’ils sont sur le bon chemin et dans le bon système. J’espère que je pourrai en aider beaucoup d’entre eux. J’essaye vraiment de faire en sorte de garder contact avec ceux qui ont quelque chose de spécial, pour peut-être aider à les développer, pour les aider à venir aux États-Unis, pour aller au lycée ou à l’université. Nous avons beaucoup de talents en Égypte. Nous en avons vraiment. J’espère que je pourrais aider mon pays dans cet objectif. Juste tâcher de développer ça. » Anas Mahmoud

Alors qu’il jouit d’un véritable engouement dans son pays, il est un exemple pour les plus jeunes. Et pour Mahmoud, la situation actuelle est tout bonnement incroyable.

 » J’ai reçu les messages, les DM, les gens me soutiennent, c’est incroyable. Honnêtement, c’est génial pour moi, parce que personnellement, je n’ai jamais pensé à faire carrière dans le basket avant d’être grand. En grandissant en Égypte, j’adorais le basket, j’aimais jouer au basket, mais c’était un hobby. Je n’ai jamais envisagé le basket comme une carrière. Donc de voir tout ça devenir réalité, c’est juste quelque chose d’incroyable pour moi et pour ma famille aussi. » Anas Mahmoud

Quelle que soit la suite de sa carrière, Mahmoud peut chérir les trois années qu’il vient de passer dans son pays natal. Elles lui auront apporté une visibilité conséquente, mais surtout, elles l’auront érigé comme l’une des icônes actuelles de basket égyptien qui pourrait beaucoup lui devoir dans les années à venir.

Via The Athletic