Qui est le meilleur meneur de la Draft 2017 ? (2/6)
Pour retrouver la première partie/l’introduction, c’est ici. En bref : on va essayer de trouver un système d’attribution de points pour établir un classement des 5 meneurs stars de la dernière draft.
Guillaume (@GuillaumeBInfos)
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Premier modèle : 4 variables pouvant prendre 3 valeurs différentes.
Pour bien commencer, commençons simple. Le jeu des cinq prospects majeurs a été découpé en 4 parties, les 4 parties essentielles du jeu. C’est à dire que n’importe quelle action prise au hasard au cours d’un match peut-être rangée dans une de ces 4 catégories.
L’idée est la suivante : pour ces 4 grands domaines du jeu, disons simplement si un joueur est bon (vert) ou mauvais (rouge). Et parce que la réalité est quand même un peu plus complexe et pas aussi manichéenne que cela, autorisons nous une catégorie « moyen » (orange).
Visuellement déjà, cela nous donne une rapide idée du niveau des joueurs. Fultz tout en vert semble déjà plus attrayant que Fox, un peu plus bariolé.
Le bidouillage mathématiques : Comme le répètent souvent les professeurs de mathématiques : les dessins c’est comme les mini-jupes, ça suggère beaucoup mais ça ne montre rien. De ce fait, allons plus loin que l’aspect visuel et attribuons des valeurs, très simples, par rapport au jugement émis. Vert = bon = 2pts. Orange = moyen = 1pt. Rouge = mauvais = 0pt. A partir de cela, un classement s’établit tout naturellement.
L’analyse : Il convient à présent de s’interroger sur la pertinence de ce classement. Et de toute évidence, notre modèle est trop simple, pas assez complexe.
Notre but est de distinguer les prospects entre eux, et ici, il n’y a pas assez de variables existantes pour créer de réelles différences. Plus encore, si on décidait de s’arrêter là on aurait une très mauvaise idée de ce qui est vraiment. C’est beaucoup trop grossier, et donc ça aboutit sur de trop gros contre sens : Dennis Smith (8pts) est-il réellement doublement meilleur que De’Aaron Fox (4pts) comme le suggère notre modèle ? Non, bien sûr que non.
Il faut donc réduire notre marge d’erreur pour que le modèle soit bien plus pertinent.
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Deuxième modèle : 15 variables pouvant prendre 3 valeurs différentes
Et du coup, notre nouveau classement :
Le bidouillage mathématiques : On est passé de 3 variables à 15. Se faisant, on peut ainsi exprimer beaucoup plus de choses. En effet, à présent on peut faire le distinguo entre les différents types de jump-shots, les différents aspects de la défense, etc.
On n’est plus obligé de donner une seule valeur pour tout un domaine du jeu, on peut spécifier. Par exemple, on avait attribué un « mauvais » pour la défense de Lonzo Ball, ce qui occultait complètement le fait que c’est un excellent playmaker défensif avec de superbes instincts pour aller à l’interception. Ici, en disséquant, on peut le préciser.
L’analyse : De deux choses l’une. Premièrement, on sent qu’on a fait des progrès, comme expliqué à l’instant. Le fait de compartimenter et de ne plus généraliser permet d’exprimer beaucoup plus de choses par rapport aux différents prospects. C’est satisfaisant.
Deuxièmement, ce qui l’est beaucoup moins, c’est le classement qui en découle. Dennis Smith qui passe en tête du classement, devant Markelle Fultz et alors que beaucoup de scouts le considèrent comme le 4e meilleur meneur de la draft, c’est louche. Ca colle pas.
Deux possibilités pour expliquer cela : soit le modèle est mal rempli (l’attribution des points est peut-être mauvaise, j’ai mis trop de points à Smith et/ou pas assez Lonzo), soit le modèle n’est pas assez bien bâti pour exprimer ce que l’on souhaite. Partons sur cette deuxième possibilité.
Essayons d’affiner tout cela.
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Troisième modèle : 67 variables pouvant prendre 3 valeurs différentes
Le bidouillage mathématiques : On a encore plus différencié les catégories du jeu, toujours dans un souci de ne pas tomber dans la généralisation mais au contraire d’exprimer exactement toutes les facettes possibles qui existent.
Par exemple, pour le jeu en pénétration, on a fait exploser les « variations » en listant à peu près toutes les façons de varier son drive, c’est à dire les changements de vitesse, les changements de direction, le dribble et le contrôle du corps.
Nous voici donc arrivé à un modèle mathématiques composé de 67 variables, chacune représentant une qualité ou une aptitude du joueur dans un domaine du jeu, et chacune de ces variables peut prendre trois valeurs différentes (le 0 pour mauvais, le 1 pour moyen et le 2 pour bon).
L’analyse : Ce troisième modèle semble assez pertinent, du fait notamment qu’il replace Markelle Fultz en tête de la liste avec un score de 123 points cumulés sur 134 possibles (quand on vous dit que c’est un prospect de la trempe de Kyrie Irving ou Derrick Rose, ce n’est pas pour rien). La réalité d’un Fultz meilleur que ses concurrents se retrouve assez bien dans ce modèle donc. Déjà, c’est un bon point.
Le problème, c’est que malgré la très grande augmentation des variables possibles (on est passé de 4 à 67) l’ordre de classement des meneurs n’a presque pas changé.
Notamment, ce qui fait tiquer, c’est la dernière place de Lonzo Ball. Des avis les plus pertinents qui existent, Ball n’est clairement pas la 5e roue du carrosse comme semble le dire le modèle. C’est donc que le modèle n’est pas encore assez bon.
Il faut encore affiner le modèle, essayer de le faire exprimer plus de choses.
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Quatrième modèle : 67 variables pouvant prendre 10 valeurs différentes.
Le bidouillage mathématiques : On a arrêté d’augmenter le nombre de variables, ce n’est plus ça la solution. Ce serait aller beaucoup trop dans le détail de continuer à fragmenter les compartiments du jeu.
En revanche, ce que l’on a fait pour continuer d’affiner l’analyse et l’évaluation, c’est changer les notes que l’on peut mettre à chacune de ces variables : la notation ne se fait plus sur 3 points, mais sur 10. Ainsi, on va pouvoir être plus précis. On peut préciser ce qui avant était un moyen (2pts sur 3 possibles) si c’est plutôt un moyen bon, presque bon (6/10) ou au contraire un moyen à peine moyen (4/10). Et ainsi de suite.
L’analyse : Ca ne change pas grand chose, au final. On a réussi à exprimer plus de choses, à mieux rendre compte de la réalité basket, mais le classement ne bouge pas. Et Lonzo Ball 5e, on ne s’en contente pas.
Il faut bien souligner, cela dit, que le profil de Lonzo Ball est très atypique. Il possède de très grandes forces, mais aussi de très grandes faiblesses, ce qui n’est pas souvent le cas chez des prospects de ce calibre. C’était aussi un peu le cas de Ben Simmons l’an dernier, mais Ball, c’est peut-être encore plus le cas. Aussi, cela paraît logique en un sens que ses grosses faiblesses, plus criantes que des faiblesses de prospects plus classiques (du genre Dennis Smith Jr) le fassent à ce point baisser dans le classement.
Ce constat nous fait cependant nous interroger sur la viabilité de notre modèle mathématiques. Mais pour bien comprendre pourquoi notre modèle ne dit pas ce qu’on voudrait lui faire dire, il faut se rendre compte de ce qu’il dit. Au fond, qu’est ce qu’il exprime ce fichu tableau ?
A suivre
Pour en savoir plus sur chacun des meneurs :
Markelle Fultz
Lonzo Ball
Dennis Smith Jr
De’Aaron Fox
Frank Ntilikina
J'aime bien la façon dont l'analyse est amenée et en plus ça se lit très bien.
Avec les tableaux c'est clair, et si on peut faire rapidement une analyse brute, ces garçons ne sont pas bien efficaces en pénétration, et ce, face à des jeunes joueurs beaucoup moins physiques et durs que les pros de la ligue. C'est ce qui m'inquiète un peu si cela s'avère véridique.
Bon…Comme le jeu tend à évoluer vers le shoot longue distance à outrance.
Le travail est énorme, et comme le dit droopy l'analyse est bien amenée