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« On a entendu les gens parler », les Suns, plus qu’un one shot ? 

Il est de certaines histoires qui commencent de façon incongrue. Dire que l’aventure des Suns jusqu’aux finales NBA face aux Milwaukee Bucks en fait partie est un sacré euphémisme. Et le plus beau dans tout ça, c’est sûrement qu’elle est loin d’être terminée. Combien d’équipes dans l’histoire de la ligue pourront un jour clamer qu’elles ont construit certaines des périodes les plus dorées de leur histoire à Disneyland à Orlando ? Peu a priori. Même les Lakers champions dans la bulle n’ont pas semblé construire quelque chose d’aussi fort. Les Suns, que tout le monde annonçait comme victime expiatoire des candidats légitimes aux playoffs avec leur treizième place à l’Ouest, y ont chamboulé tout leur futur. 8 matchs, 8 victoires et une qualification pour le play-in manquée d’un cheveu. Quelque chose était né à Phoenix.

Cette bulle, les joueurs des Suns l’ont vécu pleinement, à fond dans leurs entraînements et dans la continuité d’un travail personnel continue durant la coupure de la ligue. Portés par un Devin Booker littéralement en mission et plus leader que jamais dans les gros matchs comme avec son buzzer face aux Clippers, les Suns se sont transformés en une équipe au jeu fluide et léché capable de bousculer et de battre n’importe qui. Et déjà à l’époque, aussi fou que cela puisse paraître, les mots justes sont venus de Chris Paul, pourtant encore joueur du Thunder et lui aussi dans la bulle. Ami proche de Willie Green, à l’époque assistant-coach aux Suns, il lui avait laissé entendre que « L’équipe qui se complaindra le moins des conditions de la bulle sera celle qui s’en sortira le mieux. Les conditions ne seront pas celles auxquelles sont habituées les équipes NBA. » Résultat, un groupe galvanisé par son coach, Monty Williams, qui lui dit simplement d’aller jouer au basket et qui vit quasiment en permanence ensemble, avec un effectif jeune, presque comme lors d’un stage en équipes de jeunes finalement. Contrairement à certains effectifs où les disparités d’âges font que les joueurs d’une même équipe ne passent pas la majorité de leur ensemble, les Suns sont unis comme les cinq doigts de la main et tissent de profonds liens. Quelque chose est né au sein du groupe quasiment au complet lors de chacun des entraînements.

« Nous avions beaucoup de jeunes gars, fraîchement sortis de la fac, qui n’avaient pas de femmes ou d’enfants. Ça s’est un peu transformé en road trip à la fac. Nous avons été heureux dans la bulle. » Cameron Johnson

« La bulle m’a donné le temps de me concentrer. » Deandre Ayton

Avec 13 points de plus que leurs adversaires pour 100 possessions dans la bulle, les Suns ont joué un basket de rêve. Ils se sont calibrés à une vitesse rarement vue par leur coach, presque étonné de voir ses joueurs assimiler aussi vite ce qu’ils devaient faire dans la bulle.

« On a travaillé comme des fous et ça s’est traduit dans notre jeu. Généralement, vous travaillez beaucoup mais ça ne se traduit pas aussi vite sur le terrain en match. » Monty Williams

Avec Devin Booker comme parfait exemple.

« C’est là qu’il a haussé son niveau et qu’il s’est placé à sa place de leader. Il avait tout fait pour le devenir de toute façon. Les gens ne réalisent pas à quel point il travaille dur, combien de vidéos il regarde, à quel point il est intelligent. Il veut être un grand joueur. » Willie Green

Un phénomène que Willie Green explique par la très longue coupure de la saison. Et que l’on peut appliqué à tout l’effectif.

« Qu’importe l’année dans laquelle étaient les joueurs lorsqu’ils sont arrivés dans la bulle, c’est comme s’ils étaient déjà dans la saison suivante. S’ils étaient dans leur deuxième année, alors en réalité, ils étaient dans leur troisième. » Willie Green

Pour beaucoup, cette bulle d’Orlando n’appelait pas de suite malgré l’arrivée de Chris Paul. L’année dernière, après un début de saison mi-figue mi-raisin et 8 victoires pour 8 défaites sur les 16 premiers matchs, les plus sceptiques annonçaient déjà la fin de l’effervescence pour les Suns et un retour dans le rang bien plus rapide qu’espéré. Résultat, ils avaient par la suite, gagné 34 de leurs 42 matchs. Cette saison, bis repetita. Après seulement 4 rencontres jouées et un bilan de 1 victoire pour 3 défaites, certains de leurs détracteurs voyaient déjà la participation aux finales NBA 2021 comme un exploit sans lendemain. Depuis, Phoenix a battu un record de franchise et a enchaîné 18 victoires consécutives, pour se retrouver à la tête du meilleur bilan de la ligue avec 26 victoires et 5 défaites devant les Warriors, le Jazz ou les Nets. Déjouer les pronostics, c’est le dada de ces Suns version Monty Williams, version Booker et version Chris Paul aussi, surtout.

Alors quand le nouvel arrivant au poste d’assistant coach, Jarrett Jack a senti bon le fait de leur rappeler que beaucoup de monde autour de la NBA ne les prenait pas au sérieux du fait des blessures dans les effectifs adverses lors des derniers playoffs, c’est l’ensemble de l’effectif qui s’est une nouvelle fois motivé.

« Il y a des gens qui ne pensent pas que vous méritiez d’aller en finales. » A déclare Jarrett Jack au groupe.

« On a entendu les gens parler. Mais c’était presque encore mieux d’entendre cela de la part de quelqu’un qui n’était pas dans notre équipe l’année dernière. Il a confirmé ce qu’on avait entendu. » Devin Booker

Mais avec des cadres d’expériences comme Paul ou un meneur d’hommes tel que Williams, pas question de s’affoler ou de se brusquer à Phoenix. On prend plutôt les matchs les uns après les autres, sans jamais prendre la peine de rappeler que Phoenix aussi a connu son lot de blessures lors des derniers playoffs. Le terrain se chargera de délivrer le dernier mot.

« Si c’était pour de vrai, si ce ne l’était pas (l’année dernière), on va le découvrir. » Chris Paul

Une attitude fidèle à celui qu’est Chris Paul, pas habitué à juger au premier abord et qui avait déjà son avis sur les Suns, bien avant leurs performances dans la bulle. Lui qui connaissait déjà Monty Williams de New Orleans et Devin Booker via leurs agents, a qui a aussi grandement contribué à l’arrivée de Jae Crowder dans l’Arizona, alors qu’il sortait pourtant d’une qualification pour les Finals avec Miami.

« J’ai toujours regardé cette équipe d’un œil différent. Sans m’intéresser à leur bilan. Je savais qu’avec Monty, ils allaient jouer avec de la détermination. Avec certaines équipes, même si vous gagnez vous vous dites que le match n’est pas terminé. Parce qu’untel est le coach et que vous connaissez ses principes et vous savez que cette équipe n’est pas autorisée à lâcher prise. Je savais déjà que Book avait cette mentalité lui aussi. » Chris Paul

Cette saison encore, les Suns peuvent compter sur une forme d’insouciance assez incroyable chez leurs jeunes pousses qui avait déjà bien surpris Monty Williams l’année dernière. Au point qu’il a très vite cru son équipe capable d’une belle épopée en postseason.

« Je ne savais pas si nos jeunes joueurs pourraient gérer ce genre de série. Book était prêt, mais D.A. (Ayton), Mikal (Bridges), Cam (Cameron Johnson) et Cam (Cameron Payne), c’était leur première fois dans cette situation. J’ai tempéré mes attentes. Leur jeu n’a pas changé. Lorsque vous arrivez en playoffs, généralement vos jeunes joueurs ne jouent plus pareil. Nos gars n’ont pas changé. Ils ne se sont pas tendus. C’est là que j’ai commencé à penser, « ‘Nous avons une chance. »‘Monty Williams

Au vu du début de saison, on se dit que cette année ressemble fortement à celle de la maturation pour des Suns qui, même privés de Devin Booker ont continué à gagner, qui font preuve d’une immense sérénité, qui réalise des matchs d’une puissance collective impressionnante. Surtout, les joueurs y prennent un plaisir fou, épanouis dans un système qui donne libre cours à leur QI basket, qui porte aussi la marque d’un Monty Williams plus qu’inspiré depuis le début de cette nouvelle campagne et qui savait qu’en aucun cas son équipe ne se reposerait sur les finales disputées l’année dernière pour baisser le pied, surtout des finales durement perdues.

« Je sais comment est fait notre groupe, qu’il ne viendrait pas en se disant « Ok on a été en finales ». Ça ne veut pas dire que l’on va de nouveau réaliser un long run en playoffs, mais je savais que la douleur que nous avons vécue contre Milwaukee serait suffisante. » Monty Williams

Alors pour lui les ajustements réalisés cette année sont surtout à mettre aux crédits des joueurs, surtout pour ces deux leaders.

« Nous avons fait certaines choses qui sont peut-être un petit peu différentes, mais ce sont les joueurs. Nous leur donnons une structure, mais rien ne fonctionnerait sans Chris et Book. Nous ne voulons pas des gars qui exécutent des systèmes. Nous voulons des joueurs qui créent des actions. » Monty Williams

Et si les Suns commencent doucement, mais (très) sûrement à gagner le respect qui leur est dû, seuls les résultats comptent, et parlent pour Devin Booker, qui ne s’étonne pas de voir les Suns à ce niveau malgré les années plus que galères qu’ils ont traversées, eux qui n’avaient plus connu les playoffs depuis la saison 2009/2010. Dans sa septième année dans la ligue, il a en tout cas grandement contribué à la renaissance des siens.

« Nous ne sommes pas là pour prouver quoi que ce soit à personne. Nous gagnons, et nous le faisons de façon durable. Ça peut donner l’impression que nous sommes partis de tout en bas pour monter au sommet, mais je ne suis pas surpris. Quelques joueurs peuvent tout changer. Le système et la culture – c’est fun d’en faire partie. » Devin Booker

On serait même tenté d’ajouter qu’un coach peut aussi parfois tout changer.

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