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Road to the Draft : Malik Monk, quelque chose de Stephen Curry ?

Malik Monk est un prospect extrêmement intéressant. Après une très belle saison, voire même historique sur certains points, chez les fameux Kentucky Wildcats de John Calipari, Monk se présente à la draft 2017 avec l’étiquette du meilleur poste 2 de cette classe, et de loin. La densité du top 10 de cette année est néanmoins grande au point que l’on n’ait réellement aucune idée de la position où il pourrait bien se faire sélectionner, mais une chose est sûre : Monk possède tout ce qu’il faut pour que, si tout se passe bien, il devienne d’ici quelques années le gros coup gagnant de cette cuvée de draft.

Jetons un coup d’œil à son profil.

Guillaume (@GuillaumeBInfos)

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Cela fait quelques années que Monk est connu des scouts NBA. Arrière explosif et en plus doté d’un shoot fiable, c’est en toute logique qu’il a produit quelques uns des highlights de High School les plus spectaculaires de sa génération, qui lui ont valu d’être très bien considéré au terme de son cursus High School. Classé aux alentours de la 10ème place dans la liste des meilleurs lycéens du pays l’an dernier selon les différents évaluateurs, Monk partait d’en revanche un peu plus bas dans les mock drafts du fait de ses grosses faiblesses en vue de la NBA. Chez DraftExpress par exemple, le garçon était attendu entre la 15ème et la 20ème place à l’aube de la saison universitaire.

Sauf que très vite, l’arrière shooteur de Kentucky a rassuré et même agréablement surpris les observateurs, se positionnant très rapidement parmi le peloton de tête de prospects de cette année et s’installant de manière très ancrée dans un top 10 pourtant d’une qualité rare. Son duo avec De’Aaron Fox dans le backcourt de Kentucky a fait le bonheur des fans comme de leur coach.

Individuellement parlant, Monk a quelque peu baissé de rythme en fin de saison, mais il a produit une première et unique année université très complète. À peu près un mois après le début de la saison NCAA, il signe un premier coup d’éclat avec pas moins de 47 points contre la pourtant excellente équipe de North Carolina (futur champion, d’ailleurs). Il capitalise ensuite dessus en réalisant des prouesses au scoring que personne avant lui dans l’histoire récente de l’ère one-and-done de Kentucky n’avait réussit à accomplir. En 32 minutes de jeu par match, ce sont presque 20 points de moyenne (19.8, un haut total pour la NCAA) à quasi 50 % d’efficacité générale et 40 % à trois-points. Kentucky éliminera la grosse écurie d’UCLA avec un superbe duo Monk-Fox, mais Oregon et son roster très solide s’occuperont d’éliminer les Wildcats au tour suivant.

La bipolarité qui semble caractériser le jeu de Malik Monk de manière générale se retrouve également dans son profil physico-athlétique. En ce qui concerne son physique, c’est évident que ses mensurations sont insuffisantes pour son poste, et très limites pour la NBA, ce qui expliquait la réticence des observateurs à le considérer très haut dans un premier temps. Sa taille (6’3) est celle d’un meneur, d’un meneur de taille moyenne en plus de cela (Dennis Smith fait également autour de 6’3 mais tous les Fultz, Fox, Ntilikina et Ball, les autres meneurs de cette draft, sont tous plus grands que Monk). Plus encore, ses bras sont petits eux aussi (6’3), petits pour sa taille et petits en général. Même pour un meneur de jeu, ces mensurations sont correctes mais pas franchement idéales. Mais à la limite pourquoi pas, Stephen Curry et Kyrie Irving se débrouillent avec ce même bagage à peu près. Le problème de Monk, c’est qu’il n’a absolument pas le jeu d’un meneur, et ça paraît impensable de voir évoluer sur ce poste offensivement, alors que défensivement, ça paraît également très compliqué qu’il survive au poste 2.

En ce qui concerne le coté athlétique à présent, Monk est bien plus alléchant pour les décideurs de la grande ligue. C’est tout simplement un des athlètes les plus explosifs de cette classe de draft 2017. Ses mensurations assez petites l’empêchent de jouer dans les airs et de souvent claquer des dunks mémorables malgré cette explosivité, mais il est réellement d’une vivacité d’élite, aux appuis extrêmement légers et rapide, et tout autant explosif verticalement (la détente) qu’horizontalement (la capacité à se propulser vers l’avant).

Il convient en revanche de compléter ce portrait athlétique en mentionnant le fait que Monk demeure un gabarit très léger. Il ne compense pas ses petites mensurations avec une puissance et une épaisseur de charpente d’un grand acabit, comme peut le faire Dennis Smith par exemple. Monk, lui, joue aussi petit qu’il ne l’est réellement. Au delà de son manque de musculature, dérangeant mais pas inquiétant vu son jeune âge, ce sont surtout ses épaules assez étroites qui laissent quelques doutes quant à la capacité de sa carrure de pouvoir un jour supporter beaucoup plus de masse musculaire.

Offensivement, Malik Monk c’est d’abord, avant tout, et surtout un jump-shot. Non seulement utilisée à foison, cette arme là de son répertoire est même la seule qui soit réellement développée et calibrée pour le niveau de compétition de la NBA. Autrement dit, Monk existera et/ou survivra par son jump-shot dans la grande ligue, presque exclusivement.

D’un point de vue technique, il possède d’excellent fondamentaux. Sa mécanique et sa gestuelle générale sont tout bonnement excellentes, bien qu’on n’ait pas réellement à faire à un jump-shot à proprement parler. En effet, son tir à la particularité de pouvoir se modéliser par le mouvement d’un ressort : il y a un premier mouvement où Monk fléchit les genoux, accumule l’énergie, puis un second mouvement où dans le même temps il s’élève et relâche le tir. Son tir s’apparente presque plus à un set-shot (tirer les appuis collés au sol) plutôt qu’à un jump-shot (d’abord une élévation dans les airs, et ensuite relâchement du ballon).

Tout du moins, Monk utilise ce tir en ressort la majorité du temps, mais il est parfaitement capable de shooter dans une gestuelle très pure d’un jump-shot, en sautant d’abord et en relâchant la balle ensuite. Pour caricaturer de manière assez grossière mais tout de même pertinente, la forme du shoot de Monk s’apparente plus à un ressort/set-shot lorsqu’il tire en catch & shoot, et ressemble plus à un jump-shot lorsqu’il dégaine en sortie de dribble.

Au delà de ça, sa posture au moment du tir est vraiment excellente (il se tient bien droit). Son élévation est également très bonne elle aussi, comme c’est toujours le cas chez les joueurs ayant autant de dynamite dans les jambes, et même au niveau de la gestuelle des bras, il positionne bien le ballon le plus haut possible. Ce que cela entraîne, sa capacité à sauter haut et à placer le ballon haut, c’est que Monk est alors capable de relâcher le ballon très haut lorsqu’il tire, beaucoup plus haut que ses mensurations ne le laisseraient penser à première vue, et à une hauteur où c’est très compliqué pour le défenseur de venir contester efficacement la tentative.

Particulièrement, Monk a fait admirer une mécanique de tir tout bonnement létale en catch & shoot. Fluide, régulière, rapide, efficace. À longue distance, il termine sa saison avec pas moins de quasiment 7 tentatives par match (énormément pour les standards NCAA) et à quasiment 40 % de réussite. Une efficacité qui a donc pu être admirée sur un suffisamment gros volume de tirs pour être considéré comme réelle, et pas le fruit du hasard ou d’une réussite passagère.

Ce que les équipes NBA doivent sans doute aimer le plus par rapport à son scoring à longue distance, c’est le fait que Monk peut faire partir son tir à trois-points de n’importe quelle manière qui existe. Sur du simple spot-up (réception de passe), il a toujours les mains prêtes, les appuis placés correctement et déclenche rapidement le tir. Sur du jeu en sortie d’écran, sa vivacité et son agilité lui permettent de perdre le défenseur, et d’ensuite très rapidement établir de bons appuis (bien orientés, le bon écart, etc) pour des tirs d’une tout aussi belle pureté de geste. Monk peut aussi se trouver un peu d’espace sur du dribble hand-off (récupérer la balle en même temps qu’un écran est posé par l’intérieur), sur des contre-attaques (la nouvelle tendance à la mode pour le jeu en transition NBA) et également en sortie de dribble.

Plus impressionnants encore, ce sont ses instincts naturels pour se créer des positions de tirs. Il possède une vraie science du tir et du placement préférentiel pour prendre des tirs les meilleurs possible. Lorsqu’il évolue sans la balle, il est en mouvement constant pour offrir une solution de tir au porteur de balle. Ce ne sont pas forcément toujours de longues courses sans la balle, mais au contraire de tout petits mouvements très subtils qui font la différence. Revenir réclamer la balle au meneur, s’écarter d’un mètre ou deux pour un tir dans le corner, coulisser le long de la ligne à trois-points pour punir un aide défensive, etc. Pleins de petits détails qui n’en sont pas, et qui font la différence entre une position de tir avec juste assez d’espace pour tirer et une position où le défenseur est bien en place et empêche le tir de partir.

Deux caractéristiques fondamentales rendent son tir aussi précieux et efficace, et permettent aux observateurs et aux décideurs de rêver. Premièrement, sa capacité à shooter par dessus ses défenseurs, évoquée plus haut déjà. Grâce à cette qualité, Monk peut se contenter de tout simplement s’élever et prendre le tir par dessus son défenseur même si ce dernier est bien positionné et ne lui laisse pas beaucoup d’espace pour opérer. Deuxièmement, également cruciale, c’est sa capacité à déclencher son tir de manière extrêmement rapide. Là encore, même si le défenseur semble être bien positionné pour le gêner, voire même pour contrer le tir, Monk arrive à faire partir si vite son tir que son vis-à-vis n’a pas le temps de réagir. La combinaison des deux est ce qui rend son tir réellement spécial.

En ce qui concerne le tir en sortie de dribble, Monk s’est montré largement capable, voire même plus que ça par moment, mais à ce stade de son développement il n’est pas un shooteur naturel dans cet exercice.

Monk est capable de shooter sur isolation, comme en sortie d’un Pick & Roll. Il n’a pas besoin de forcément chercher à générer une séparation avec le défenseur, ni d’ailleurs ne possède l’arsenal de moves ou le « shake » pour le faire. Il se contente bien souvent d’allier rapidité de geste et assez haut relâchement du ballon pour faire partir son tir. La majorité du temps, donc, le défenseur est encore en plein sur lui, et Monk a pu faire apprécier une capacité rare et pourtant précieuse de savoir marquer malgré la (très bonne) défense de l’adversaire. Que le tir soit gêné ou non, cela importe assez peu à Monk, et cette aptitude peut s’avérer décisive pour la suite.

Le revers de la médaille, c’est qu’en ne cherchant pas à créer de l’espace pour son propre tir, beaucoup de ses tirs sont très bien défendus. Bien qu’il en mette de cette manière, sur la globalité, ce n’est pas une bonne chose que de miser sur ce genre de tir. Au plus le tir est ouvert, au plus il aura de chance d’être converti. Or à l’heure actuelle il n’essaye pas de générer des tirs ouverts. Et vu sa capacité à mettre les tirs contestés, c’est dommage : il y a fort à parier qu’il serait encore plus efficace sur des tirs ouverts.

Ce n’est pas seulement qu’il ne cherche pas à se séparer du défenseur lorsqu’il recherche son propre tir. Monk n’a pas le matériel technique, les outils pour parvenir à le faire. Il bénéficierait évidemment de plus de variétés, même de très simples moves (crossover rapide, step-back) pour créer une petite différence. Également, une composante mécanique de son tir rentre en compte. Son tir n’est pas un jump-shot à proprement parler, comme évoqué plus haut, et même les fois où il décolle puis relâche son tir, Monk a toujours besoin de charger son tir. Il a besoin de réaliser cette prise à d’appuis à deux pieds pour faire son effet ressort, et il est donc beaucoup plus mal à l’aise pour prendre appuis de manière différente (sur step-back par exemple).

Une chose est certaine : de l’évolution de son jump-shot dépendra sans doute toute sa carrière. Monk est un scoreur explosif comme il l’a montré au niveau NCAA, atteignant même des totaux rares pour les standards universitaires. Seulement, il l’a fait la quasi totalité au moyen de son tir, et rien d’autre.

Difficile d’imaginer, pour un scénario catastrophe, un Malik Monk ne trouvant pas du tout son adresse extérieure en NBA. Il a montré avoir déjà une belle portée de tir, et sa mécanique amène de toute façon des certitudes que même le monde plus dur des professionnels ne pourra lui retirer. En revanche, ce qui est légitime de dire c’est que s’il ne parvient pas à faire évoluer ce shoot vers plus de création pour lui même (via du tir en sortie de dribble donc), Monk ne devrait alors pas dépasser le statut de role player offensif. La question de sa défense rentrera évidemment en compte dans l’équation à un moment donné, et le fait qu’il arrive ou non à tenir son rang défensivement décidera s’il sera un homme du banc ou un titulaire. Mais en ce qui concerne son importance en attaque, son volume de jeu, tout dépendra de ce fameux tir en sortie de dribble. Avec ça, il peut devenir un scoreur extrêmement intéressant, à qui on confie pas mal de ballons parce qu’il peut les convertir. Sans ça, il peut stagner dans un rôle de shooteur attitré, qui apporte son spacing en catch & shoot et pas grand-chose d’autre.

Son jeu en pénétration n’est pas à un très haut niveau pour le moment.

D’une part, il est vrai que Monk possède une explosivité réellement au dessus du lot. Il arrive d’ailleurs à s’en servir à de rares occasions pour placer des premiers pas bluffants qui clouent sur place le défenseur. Mais de manière plus générale, Monk ne possède pas le bagage technique nécessaire, dans tout ce que cela comporte, pour exploiter cette explosivité.

Il n’a pas le savoir-faire, le sens du placement, le positionnement des appuis, ni même la qualité de dribble pour réussir son premier pas très régulièrement. À l’heure actuelle, Monk est le plus à l’aise sur des situations qui ne demandent pas trop de variations dans son drive. D’abord, le jeu en transition, où Monk a tout l’espace et le temps pour faire parler son explosivité, qui a elle seule suffit sur d’aussi grandes distances à mettre dans le vent le défenseur. Il s’infiltre assez bien dans les espaces, et peut tout autant mener la contre-attaque lui même balle en main que de monter très rapidement vers le camp adverse pour demander la gonfle une fois tout seul en terre ennemie.

Ensuite, sur demi-terrain ce sont sur des straight-line drives (du tout droit) ou du spot-up drive qu’il s’illustre. Dès qu’il perçoit une faille dans la défense, un adversaire mal positionné ou un espace qui s’est ouvert vers le cercle, il se projette très rapidement et va conclure au panier. Les défenseurs redoutent d’ailleurs tellement son tir qu’ils se jettent bien souvent sur lui pour tenter de contester le tir, lorsque Monk reçoit la balle dans le périmètre. Dans ce genre de situation, il arrive assez bien à feinter le tir juste assez, puis à poser son dribble, laisser filer le défenseur qui s’est jeté sans pouvoir s’arrêter, et ensuite se rendre au panier.

Ce serait faux de dire que Monk n’a montré aucune variété dans son jeu en pénétration. À l’occasion, il est parvenu à réaliser un subtil move balle en main qui suffit à faire perdre un peu leurs repères aux vis-à-vis. Le problème, c’est que ces variations sont beaucoup trop subtiles, et pas assez marquées. Elles ne sont pas assez exagérées, et souvent le défenseur se rend à peine compte que Monk a feinté ou même changé de direction, et ne s’est pas précipité en réaction là où Monk voudrait qu’il soit.

Monk gagnerait énormément à travailler ses changements de directions et même de vitesse pendant ses drives, chose qu’il ne fait pas très bien aujourd’hui. Ses attaques vers le cercle sont beaucoup trop linéaires à l’heure actuelle, autant dans le rythme qu’il essaye d’imposer que dans la direction qu’il prend. Il joue en fait toujours à la même vitesse, et en gardant toujours à peu près le même cap, ce qui rend la tâche beaucoup plus facile pour le défenseur. L’idée n’est pas d’exiger de Monk qu’il devienne Kyrie Irving, mais étant donné qu’il possède une telle explosivité, y ajouter seulement quelques variations bien travaillées lui permettrait d’attaquer le cercle de manière bien plus belle et efficace.

Son jeu offensif s’appuyant majoritairement sur son jump-shot, Monk a même tout intérêt à insister sur ce jeu en pénétration. Plus encore, s’il arrivait à le faire, les bénéfices qu’il en retirerait ne seraient pas proportionnels, mais bien plus grands au contraire. Ce n’est pas juste que ça lui permettrait de driver plus, c’est aussi et surtout que cela permettrait d’ouvrir son jeu de manière considérable. À l’heure actuelle, les défenses craignent énormément son tir extérieur et n’hésite pas à se jeter sans aucune retenue pour annihiler ce tir quitte à concéder le drive. Or, plus Monk arrivera à être un bon slasher, moins les défenses pourront se permettre d’ignorer cet aspect de son jeu, et donc moins elles pourront se concentrer uniquement sur son jump-shot. Ce qui, de toute évidence, lui permettrait d’avoir plus d’espace pour son tir, sa véritable arme à mettre en valeur le plus possible. Stephen Curry est un formidable jump-shooteur, mais il a réellement commencé à prendre un statut particulier en NBA du moment qu’il était devenu un excellent slasher, pas effrayé d’aller au cercle et très efficace même sur cet exercice. Le principe des vases communicants, en somme.

Une fois arrivé au panier, Monk n’est pas un bon finisseur.

En premier lieu, il convient de dire qu’il ne joue pas du tout à hauteur du cercle, mais bien en dessous, à une hauteur plus éloignée de l’arceau où il est donc plus difficile de conclure les actions. Le fait est que son explosivité et sa verticalité ne sont pas suffisantes pour compenser son manque de taille et de longueur de bras. De manière très concrète, il pourrait être très gêné une fois en NBA pour conclure dans le trafic, au milieux des bras des protecteurs de cercles très imposants qui grouillent en NBA. C’est un aspect qui paraît assez intangible pour Monk, malheureusement. Il ne va pas grandir, ni même améliorer sa détente déjà excellente.

Un aspect plus tangible, théoriquement en tout cas, et où Monk ne s’est pas montré bon du tout, c’est le toucher de balle pour finir. Un toucher qui s’est avéré moyen la plupart du temps, et même mauvais d’autres fois. En sachant qu’il doit en plus finir ses actions assez loin du cercle, vu qu’il n’a pas les capacité de jouer à hauteur du cylindre et de faire des lay-ups à dix centimètre de l’arceau, Monk est d’autant plus dépendant de ce toucher de balle. Plus le lay-up ou le tir à réaliser est proche du panier, plus c’est facile de le rentrer. Mais plus le tir est loin, plus il faut être précis, et la combinaison de manque de hauteur et de toucher de balle très moyen font actuellement de Monk un mauvais finisseur au panier.

Arriver à améliorer ce toucher de balle, ce doigté pour finir, ce dosage à savoir mettre dans le ballon et cette précision à savoir maîtriser, c’est tangible en effet. En tout cas plus que de faire pousser ses bras ou son corps. Mais dans les faits, ça reste assez rare pour un joueur de réaliser des progrès très conséquents dans ce domaine du jeu. Pas impossible, mais rare. Monk ne part pas non plus de rien, et a même fait voir à quelques reprises un petit floater très intéressant pour un joueur comme lui finissant sous le niveau du panier. Mais tout cela est évidemment à confirmer.

Ce qu’on ne peut pas enlever à Monk en revanche, c’est son agressivité et son acceptation du contact, au cercle particulièrement. Il manque évidemment de puissance, et sa frêle carrure l’a handicapé même au niveau NCAA où les standards athlétiques sont plus bas qu’en NBA. Mais même sans les kilos de muscles nécessaires, Monk ne fuyait pas du tout le contact, ni les défenseurs qui s’interposaient sur son chemin, et son excellent contrôle du corps lui a même permis de terminer quelques fois avec la faute. Il termine sa saison universitaire avec un total de 4.7 LF/m, un total assez bon pour un shooteur et un joueur aussi fin que lui.

En ce qui concerne son jeu de passes, Monk n’est pas non plus aussi bon que l’on pourrait le souhaiter.

Il y a deux lectures à faire de ses qualités. D’un côté, Monk possède la morphologie d’un meneur de jeu et pourrait grandement bénéficier de jouer sur cette position en NBA, mais le problème c’est qu’il n’a pas les qualités de passeur ni de meneur de jeu pour que ce soit le cas. De ce point de vue là, c’est dommage, et on peut même dire que son manque de capacité à distribuer le jeu le handicape et pourrait largement impacter négativement sa carrière.

D’un autre côté, il convient de dire toutefois que pour un arrière shooteur, Monk est un passeur très intéressant. Il ne l’est pas assez pour évoluer poste 1, mais en qualité de poste 2 présent sur le parquet d’abord et avant tout pour scorer, le fait qu’il puisse trouver de bonnes passes à l’occasion est un plus très appréciable.

Même pour le poste d’arrière, Monk n’est pas un passeur de très haut calibre comme on retrouve pas mal en NBA. Mais il est un peu plus que l’arrière incapable de faire quoi que ce soit balle en main et qui se contente de faire tourner la balle quand il faut. À terme, sa mentalité et son profil de jeu pourrait grandement se rapprocher d’un joueur comme Bradley Beal. C’est à dire l’arrière scoreur que l’on souhaite voire scorer, mais qui occasionnellement peut créer pour autrui, et n’est pas un trou noir. De l’ordre de 70 % option personnelle/30 % création pour les autres.

Monk est d’abord et avant tout un joueur assez altruiste pour sa position et son rôle. Il a prouvé toute la saison à Kentucky être capable de réaliser la passe simple qui s’impose dans la flow du jeu, ou la passe supplémentaire pour rapidement trouver le tireur ouvert avant que la défense ne réalise la rotation défensive. Sa vision de jeu est d’ailleurs plutôt bonne.

En sortie de dribble, Monk est capable sans être extraordinaire. Ce n’est pas le combo guard à qui on peut demander de créer régulièrement balle en main, mais il est tout à fait apte à le faire de temps en temps. A la fois sur pénétrations ou sur Pick & Roll, Monk arrive à trouver quelques angles de passes intéressants pour ses coéquipier. Une qualité appréciable pour un shooteur.

Néanmoins, Monk est encore un passeur très largement impafait. Pour un rôle d’arrière scoreur, et évidemment encore plus pour celui de meneur de jeu. Intrinsèquement, il n’est pas non plus un passeur très pur et rencontre encore des difficultés à bien doser ses passes ou à transmettre des ballons avec une très grande précision.

Il ne lit pas bien le jeu par moment, et n’a pas le métier, le savoir-faire, la vision et l’anticipation pour voir les rotations défensives avant qu’elles n’arrivent ou pendant même qu’elles sont en train de se faire. Il lui arrive donc encore fréquemment de réaliser de mauvaises passes, en direction d’un défenseur, ou dans une zone surchargée en joueur adverses. Il lui arrive même d’être hors de contrôle par moment lorsqu’il attaque le cercle et cherche ensuite à trouver un coéquipier. Également, Monk manque régulièrement des coéquipiers largement ouverts et choisit l’option personnelle plutôt que de passer la gonfle. C’est peut être en partie à cause d’un manque de vision de jeu par instant plutôt que d’un réel égoïsme, mais dans les faits, son équipe de Kentucky se retrouvait donc avec un tir compliqué de Monk plutôt qu’un meilleur tir un peu plus ouvert d’un de ses partenaires.

Toutes ces imperfections se retrouvent d’ailleurs dans les statistiques, puisque Monk commet 2 pertes de balles par match pour seulement 2.3 passe décisives, pour un faible ratio de 1.15. Il est vrai, cependant, que de ne perdre que 2 ballons par rencontre, pour un joueur touchant quand même souvent la gonfle et jouant 33 minutes de jeu de moyenne, c’est un bel accomplissement. Mais mis en relation avec son total de passes délivrées, on se rend compte que son playmaking est presque nul, pas si rentable que ça. À l’heure actuelle, il y a encore une mauvaise passe pour chaque bonne passe.

Dans ces conditions, et avec de tels défauts, c’est évidement hautement improbable de voir Monk évoluer en meneur de jeu, même si cela doit handicaper son équipe défensivement (le fait qu’il soit arrière alors qu’il n’en a pas les mensurations). Monk est un bon passeur, mais ne crée pas suffisamment, et au-delà de ça, il n’a ni la science du jeu ni le savoir-faire d’un meneur de jeu de métier qui sait faire tourner une équipe. Pour certains meneurs NCAA on se pose parfois des questions quant à la transposition de leur rôle chez les pros, tant le métier de meneur est difficile et la NBA très dure aussi. Alors pour quelqu’un qui présente encore moins de choses au niveau NCAA, c’est très peu probable de l’imaginer devoir gérer le jeu d’une équipe NBA.

Au delà de ça, rien n’est réellement inquiétant. Monk commet des erreurs de lecture du jeu somme toute assez classiques, et même logique, pour un jeune joueur. Apprendre à mieux lire les défenses, ça s’apprend avec le temps et l’expérience, et comme l’indiquent ses chiffres, il ne perd pas non plus tant de balles que ça pour qu’il faille s’en inquiéter. Et même s’il ne réalise pas de progrès de ce point de vue là, le problème est aisément réglable en ne lui demandant pas de créer pour les autres. Ce n’est pas ce pourquoi il va se faire drafter, alors si ça pose problème il y a toujours moyen de contourner cela tout en profitant de ses forces réelles.

Défensivement, le constat est un peu plus terne. Et la projection que l’on peut faire de Monk dans le dur monde de la NBA l’est également.

C’est principalement sur l’homme que son niveau de jeu, ou plus particulièrement ses capacités défensives, inquiètent. D’une part, il est vrai que Monk possède une splendide vitesse latérale. Ses appuis sont extrêmement légers et explosifs, et il semble rebondir sur ses pieds pour aller d’un côté ou de l’autre avec une aisance et une rapidité que l’on ne retrouve que chez des joueurs très explosifs. De ce fait, Monk arrive par moment a bien rester en face de son vis-à-vis. Il parvient avec cette mobilité latérale à se positionner entre l’attaquant et le panier, et même s’il se fait dépasser, il est assez rapide pour se rattraper et provoquer l’interception ou même contrer le tir par derrière.

Néanmoins, une grande partie du temps, Monk se montre incapable de contenir les pénétrations. Plusieurs facteurs différents expliquent ceci. Le première, c’est la dimension physique : Monk n’est tout simplement pas assez grand. Ses jambes, particulièrement, ne sont pas assez grandes, assez longues, et bien qu’il arrive à se mouvoir de manière très rapide, même bien plus rapidement que la moyenne des joueurs, le fait est qu’il n’arrive pas à couvrir une grande quantité de terrain. Là où un joueur plus grand peut se contenter de trois ou quatre mouvements latéraux pour stopper le drive, Monk doit en faire cinq, six, ou plus. Alors certes, en ramenant par foulée, Monk est plus rapide que beaucoup de joueurs, mais il ne l’est pas au point de faire six mouvements plus rapidement que trois ou quatre.

Deuxièmement, ce sont ses fondamentaux techniques qui le pénalisent encore actuellement. Bien que ce ne soit pas inquiétant pour un sou actuellement vu son âge, Monk doit toutefois veiller à corriger très vite ces petits défauts. C’est encore plus primordial pour lui que pour d’autres, en ce sens que se faisant déjà battre sur un caractère intangible du jeu (sa taille, ses mensurations physiques limitées), et que pour ne pas être catastrophique c’est impératif qu’il s’améliore sur les points tangibles de sa défense. Les rares aspects du jeu qu’il est en mesure de contrôler et de maîtriser, il doit réussir à y exceller. Même en faisant ceci il devrait encore se faire battre purement et simplement sur sa dimension physique, alors ne pas être parfait sur les fondamentaux technique est synonyme d’encore plus de points accordés à l’adversaire.

Ces défauts techniques, ce sont les suivants : Monk n’est pas toujours en très bonne posture défensive. Il peut parfois en faire admirer de très belles, en étant bien bas sur ses appuis pour coulisser et les bras actifs prêts à intercepter, mais à d’autres moments, il n’y est pas. Au-delà même de la hauteur de son centre de gravité, c’est surtout dans l’orientation de sa posture défensive que Monk fait des erreurs qu’il peut rapidement corriger. Il doit apprendre à mieux positionner ses appuis pour orienter le drive du bon côté, selon le plan défensif en place. Dans le corner par exemple, il lui faut inciter l’adversaire à driver ligne de fond et pas vers le centre du terrain, pour l’enfermer dans un coin du terrain où les options de passe sont réduites et où la ligne de fond en elle-même fait office de second défenseur (comme dirait Pep Guardiola de la ligne de touche). Au centre du terrain, c’est par exemple orienter le vis-à-vis du côté de sa main faible, puis en direction du protecteur du cercle qui attend sagement. Egalement, Monk s’est plusieurs fois fait pincer les appuis complètements « plats », c’est-à-dire orientés ni d’un côté ni de l’autre. La position la moins idéale pour coulisser d’un côté comme de l’autre et suivre l’attaquant au démarrage.

De même, il n’était pas rare de voir Monk en mauvaise position par rapport à l’adversaire. Au-delà du placement des appuis ou leur orientation, c’est aussi la distance avec le vis-à-vis qui n’était pas toujours parfaite. Il ne bouchait pas toujours très bien les angles au départ, et pire, se retrouvait beaucoup trop proche de son attaquant. En faisant cela, Monk ne se laissait aucune marge de manœuvre en cas de débordement. Ce ne fut pas rare de le voir se faire complètement mettre dans le vent par un simple mouvement de départ (jab-step, crossover, premier pas, etc) sans pouvoir se rattraper ensuite, alors que s’être laissé un peu plus de distance pour voir venir lui aurait peut-être permis d’avoir le temps de réagir un peu mieux.

Autre caractéristique tangible de sa défense sur l’homme : son indicipline. Monk s’est montré beaucoup trop tactile à Kentucky. C’est-à-dire que comme beaucoup de jeunes joueurs, il a tendance à utiliser ses mains de manière un peu trop grossière et évidente pour stopper son adversaire, ou tout simplement par manque de concentration et de rigueur, et il s’est fait sifflé assez régulièrement des fautes très évitables.

Là où les inquiétudes sont les plus grandes néanmoins, c’est dans son incapacité à contester les tirs adverses. En effet, même en NCAA Monk payait assez largement son manque de mensurations physiques, face à des adversaires d’un calibre bien moindre que ceux qu’il rencontrera en NBA. Il est petit, mais son envergure de bras l’est également. De ce fait, c’est très compliqué pour lui d’atteindre une hauteur suffisante pour réellement gêner l’attaquant qui ne se prive pas de lui shooter par-dessus la tête. Monk ne représente tout simplement pas un obstacle suffisamment grand et long, il est trop petit et trop court des bras. Il arrivait parfois à compenser avec son explosivité et son rapide temps de réaction mais même en NCAA cela ne compensait pas suffisamment souvent.

Plusieurs problèmes se posent à partir de ce constat là. Le premier, évident, est qu’en NBA il devra faire face à des adversaires qui seront en toute logique plus grands et plus longs que ceux qu’il a rencontrés jusqu’ici à l’université. Or, si ces athlètes NCAA arrivaient à lui tirer par-dessus la tête, ceux de NBA qui arrivent à relâcher la balle encore plus haut, y arriveront tout autant si ce n’est plus.

La deuxième chose, c’est la question de son positionnement. Monk possède des attributs limites pour le poste de meneur de jeu, soit le poste le plus petit des cinq au basket. Mais il ne possède pas du tout le jeu d’un meneur, et ce serait improbable et peu rentable de le voir évoluer sur ce poste chez les pros, ce qui du coup devrait le forcer à évoluer au poste 2, ainsi que de défendre des postes 2. En somme, Monk n’est pas polyvalent du tout défensivement, et même sur le plus petit poste possible, il est encore en-dessous des standards. C’est un réel motif d’inquiétude. Et c’est sans aucun doute la raison pour laquelle il oscille depuis le début de l’année entre la 5ème et la 10ème place des mock drafts, et pas plus haut.

Une solution qui serait toute trouvée serait idéalement de le faire évoluer en attaque en second arrière, et en défense en qualité de meneur de jeu. C’est-à-dire que quand son équipe attaque, il joue à coté d’un meneur de jeu qui l’alimente, mais quand son équipe défend, c’est lui qui défend le meneur adverse. Après tout pourquoi pas. La complexité de ce scénario c’est du coup de trouver un meneur de jeu que l’on peut placer à ses côtés mais qui soit assez grand pour défendre des arrières ou des ailiers. Et ça, c’est pas simple à trouver. Dans la configuration actuelle de la draft, seule une équipe semble pouvoir offrir ce cadre de jeu à Monk : les Sixers de Philadelphie. Ces mêmes Sixers qui ont drafté Ben Simmons et prévoient de le faire jouer avec la balle en tant que créateur, organisateur, et tout simplement meneur de jeu. Une opération qui permettrait même à Philadelphie de cacher Simmons en défense, lui qui est très mobile et avec de bons instincts défensifs, mais qui n’est toutefois pas suffisamment rapide pour tenir des meneurs de jeu d’élite pendant 100% de possessions. Reste à savoir si Monk est la meilleure option pour Philadelphie, qui pourrait aussi vouloir se tourner vers d’autres prospects différents (Jackson, Tatum, Ball, Fox, Ntilikina, et bien d’autres).

Au demeurant, Monk pourra sans doute survivre en NBA s’il réalise les progrès qu’on attend de lui. Ce n’est pas comme s’il était condamné à être une passoire défensive toute sa carrière. Il y a un risque qu’il le soit, certes, mais il existe aussi des scénarios où Monk se trouve une équipe où il peut défendre le poste 1 et réalise un très bon travail. Sa taille et ses bras (6’3 les deux) sont d’ailleurs ceux de joueurs tels que Kyrie Irving, Stephen Curry, loin d’être des trous noirs défensifs à défaut d’être des chiens de garde d’élite. Même dans cette classe de draft, Dennis Smith Jr présente des mensurations similaires avec en plus cette même explosivité, et devrait lui aussi être capable de tenir son rang juste assez, bien qu’il ne devienne jamais le défenseur de l’année a priori. Tout se résume à trouver le bon environnement. Facteur déterminant, sur lequel il n’a malheureusement aucune influence, étant donné que ce sont les franchises qui choisissent les joueurs et pas l’inverse.

Ce n’est d’ailleurs pas que ses mensurations le limitent complètement. Parmi les tout meilleurs défenseurs extérieurs de la ligue on retrouve aujourd’hui des Avery Bradley et Patrick Beverley. Deux joueurs de même taille et de même gabarit non-bodybuildé. Des différences cruciales existent cependant. Premièrement, Beverley comme Bradley possèdent une plus grande envergure de bras pour mieux contester les tirs adverses, là où Monk est vraiment limite là-dessus. Deuxièmement, le Celtic comme le Rocket sont des défenseurs accomplis, dans le sens technique du terme. Ils ont la science défensive infuse. Ce sont de brillants joueurs qui intellectualisent l’aspect défensif du jeu, et sont toujours en bonne position, placent les appuis là où il faut, maîtrisent les fondamentaux, etc. Les aspects du jeu que Monk n’a pas encore acquis, bien qu’il puisse le faire un jour.

Troisièmement, ce n’est pas dit que Monk acquiert tout cela justement, parce que ce n’est pas son rôle. Beverley comme Bradley sont des joueurs intéressants mais limités offensivement. Au contraire, on attend de Monk qu’il soit un excellent pétard offensif, enchaînant les shoots lointains et mettant au supplice les défenses adverses (peut-être pas jusqu’à un rôle de go-to-guy, mais en second ou troisième lieutenant d’une bonne équipe). Or, cette science défensive qui permet à Bradley et Beverley de maîtriser à la perfection chaque petit détail du jeu, ils ont travaillé pour l’avoir, ils ont travaillé très dur. Ils l’ont sans doute même fait au détriment de leur jeu offensif. Il n’y a que 24h dans une journée.

C’est inconcevable d’attendre de Monk qu’il travaille sur son jeu offensif, qu’il le diversifie, qu’il s’adapte au monde plus difficile de la NBA, aux petits détails importants et aux défenses plus attentives pour devenir une vraie force offensive, et qu’en même temps il devienne un technicien défensif d’une pureté extrême. Ce n’est pas ce que l’on souhaite. Cela peut être une possibilité, c’est vrai, de le faire se concentrer sur la défense et le trois-points pour être un génial role player. Mais Monk a le potentiel pour être un peu plus que ça, donc il faut tenter d’obtenir le maximum possible. Monk a « juste » besoin d’être un très solide défenseur s’il devient le joueur offensif qu’on espère, mais ce serait faux que d’attendre de lui une défense à la Beverley ou Bradley simplement parce qu’il a les mêmes atouts qu’eux.

Du reste, Monk s’est avéré un défenseur collectif très intéressant à Kentucky. Particulièrement, il a montré savoir appliquer des principes de base, lorsqu’il défend côté faible par exemple (zoner entre deux shooteurs, coulisser à l’intérieur pour couvrir le Pick & Roll, etc). Sa défense n’est pas très flashy, ni ses aides défensives très percutantes ou résultant de ballons contrés ou interceptés. Mais il est très souvent en bonne position, ce qui suffit régulièrement à empêcher l’action de se dérouler (le passeur ne va pas se risquer à envoyer la balle s’il est dans la bonne zone, etc).

Monk est toutefois un playmaker défensif intéressant (0.9 int/m) mais pas génial non plus. Sa vivacité de main lui permet d’arracher quelques ballons à l’occasion, mais c’est surtout sur ligne de passe qu’il opère. Son manque de longueur de bras ne l’aide pas vraiment, mais son explosivité lui permet de bien jaillir sur les ballons et de dévier les trajectoires à défaut de tout le temps avoir la longueur de bras pour gober la gonfle.

Son seul défaut à l’heure actuelle est sans doute de ne pas encore être assez attentif lorsqu’il défend loin du ballon. Il lui arrive un peu trop régulièrement de perdre de vue son attaquant, ou ne pas regarder la balle et le déroulement de l’action, ce qui l’empêche d’aider dans le bon timing (ou d’aider tout court).

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Difficile de réellement savoir à quoi ressemblera la future carrière de Malik Monk. D’un côté, l’arrière de Kentucky possède un atout de taille sur ce qui est exactement l’arme absolue dans la NBA actuelle : le jump-shot. D’un autre côté, son jeu offensif manque un peu de variations (aucune certitude qu’il développe son driving game en NBA), il n’a pas le métier d’un meneur de jeu pour évoluer à cette position qui semble être la plus adaptée à son profil défensif, sa défense présente bien plus de doutes que de certitudes, et même concernant son jump-shot il existe une possibilité qu’il ne demeure qu’un shooteur en catch & shoot et ne développe jamais un jeu en sortie de dribble. Très compliqué d’y voir clair dans tout cela, mais c’est exactement ce que les décideurs NBA vont devoir faire.

Toute la question pour Monk sera de savoir jusqu’où son jump-shot pourra le porter. Sans aller jusqu’à devenir Stephen Curry, Monk peut très bien se construire une excellente carrière dans la grande ligue, en qualité de second ou troisième couteau d’une grosse équipe, flirtant avec les 20 points de moyenne dans son pic de forme et dont le scoring sera déterminant. Pour accomplir cela néanmoins, il faudra que son jump-shot soit d’un très haut calibre.

Dans un premier scénario, où tout se déroule bien, Monk développe le jump-shot en sortie de dribble que l’on attendait, il terrifie les défenses adverses de par sa capacité à shooter de loin efficacement et en quantité. Il devient un slasher très correct, améliore sa prise de décision, s’avère un passeur intéressant, et fait le boulot défensivement (pas énormément mais suffisamment pour tenir son rang). C’est le cas de figure idéal.

Dans un second scénario, intermédiaire, il n’arrive pas à obtenir ce tir en sortie de dribble qui aurait pu ouvrir son jeu mais reste un pétard offensif intéressant et un role player très appréciable. Limite titulaire, ou élément de bonne valeur en sortie de banc.

Dans un troisième scénario, plus chaotique, il est trop catastrophique en défense pour être rentable lorsqu’il est sur le terrain, et il passe une carrière à être un 7ème ou 8ème joueur de rotation, apportant quelques tirs en catch & shoot à l’occasion, mais pas plus.

Le champ de possibilités est très vaste, du fait de son profil de jeu présentant un écart très grand entre forces et faiblesses. Certaines comparaisons s’imposent d’elle même concernant Monk. La première, c’est Terrence Ross. L’arrière du Magic d’Orlando se fait drafter très tôt en 2012 (8ème place) par les Raptors, qui espéraient en faire un titulaire de très haut calibre aux coté de DeRozan. Comme Monk, Ross présentait cette combinaison rare et précieuse de qualités athlétiques hors normes et de capacité à shooter, qui lui conférait alors un gros potentiel. Le reste de son jeu restait à faire.

Quelques saisons plus tard, le constat est, sinon mauvais, assez moyen. Ross n’a pas su développer son tir en sortie de dribble, ni même apporter les variations et la maîtrise technique pour exploiter son explosivité en pénétration. Son jeu offensif est toutefois assez limité à du scoring, et qui plus est à du scoring qu’il faut créer pour lui globalement. Sa non évolution offensive le fait stagner à un statut de role player, alors qu’on l’attendait pourquoi pas dans de plus hautes strates dans la grande ligue. Terrence Ross est peut être l’exemple le plus frappant de ce que peut devenir Malik Monk si les choses ne se goupillent pas comme prévu dans la grande ligue, mais sans être catastrophique non plus. Du tir lointain principalement en catch & shoot, pas grande chose à côté, et une bonne défense (Ross possède de bien plus grandes mensurations) sans non plus être exceptionnelle.

En termes de mensurations cette fois, et non de jeu, l’exemple le plus frappant est peut être celui de Monta Ellis. L’ancien arrière des Warriors est un véritable feu follet à sa sortie du lycée (il n’est pas passé par la case NCAA), qui apporte des points mais pas grand-chose d’autre. Dans le cas de Monk, c’est du shoot, dans celui de Ellis, ce sont des pénétrations. Comme Monk, Ellis semblait posséder un talent trop grand pour être ignoré, ainsi que des petites mensurations de meneur mais sans en avoir le jeu du tout. Néanmoins, sur la deuxième partie de sa carrière après son départ de Golden State, Ellis a eu la chance de tomber sur un coach comme Rick Carlisle, qui a réussi a en faire un très bon joueur, un lieutenant de très belle qualité. Moins poulet sans tête, beaucoup plus collectif, un peu moins passoire défensive, toujours aussi intéressant pour apporter ses points mais sans la lourde tâche de devoir être une première option d’équipe.

Une troisième et dernière comparaison semble intéressante, bien que moins flatteuse : Lou Williams. Beaucoup de shoot, dont du tir en sortie de dribble, mais pas grand-chose d’autres, et beaucoup trop d’erreurs défensives pour être un titulaire NBA.

Voilà à peu peu près toutes les possibilités de carrière de Malik Monk, du lieutenant très solide dans une bonne équipe (Monta Ellis), au joker offensif et rien d’autre (Lou Williams), en passant par la case role player intermédiaire (Terrence Ross). Au delà de ça, il existe encore une autre possibilité : celle de voir Monk devenir une réelle star NBA. Cette probabilité est très petite, mais on ne sait jamais, du fait tout simplement de la valeur du jump-shot qui ne cesse de grandir dans la NBA d’aujourd’hui. Stephen Curry est un joueur très complet, mais c’est d’abord et avant tout de par son tir qu’il est devenu une star, alors qu’on pensait encore en 2009 que cet aspect du jeu là ne pouvait pas revêtir une telle importance. Or, son trophée de MVP 2016 a prouvé le contraire.

Le fait de présenter autant de défauts solidement accrochés à des qualités pourtant très belles devrait le maintenir hors du top 5, ou à la limite. A fortiori dans une draft aussi dense où pas mal de prospects présentent déjà plus de certitudes.

Dans quelques années, les franchises qui ne l’auront pas sélectionné pourront tout autant se mordre les doigts d’avoir laissé filer un tel artilleur dans une ligue amoureuse du trois-points, tout comme l’équipe qui va le drafter pourrait aussi regretter d’avoir pris un role player alors que d’autres gros potentiels pullulent dans cette classe de draft. Pour Monk plus que pour d’autres sans doute, l’environnement et la manière dont il sera utilisé devrait déterminer de manière assez nette sur quel chemin sa carrière se dirigera.

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