La touche StillBallin

Le jeu du GM: la Trade Deadline, The Phoenix Suns’ Edition, Ep. 17

Alors que les cendres de la trade deadline sont encore chaudes, on a décidé de se mettre à la place des GMs pour les jours qui la précèdent voir ce qu’on aurait fait, ce qu’on aurait voulu faire et ce qu’on a pas pu faire. J’ai ainsi donné pour mission à Anthony Dubourg (contributeur sur Débat-Sport, invité régulier de l’Echo des Parquets) de prendre une équipe en difficultés, les Suns de Phoenix en l’occurrence, et d’essayer de monter des transferts pour sérieusement améliorer son effectif. Pour ma part, je prendrai le rôle de chacun des GMs qu’il contacte pour réaliser ses transactions espérées.
[Précédemment: …, épisode 13, épisode 14, épisode 15, épisode 16]
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February 23, 2017 – 13:43 ET
Proposition d’Anthony, GM des Suns
Les Phoenix Suns envoient: Brandon Knight et deux choix du second tour de Toronto (17′, 18′) et Tyler Zeller
Les Philadelphie 76ers envoient: Timothe Luwawu-Cabarrot, Richaun Holmes et les droits sur Furkan Korkmaz

 

Brandon Knight ne fait définitivement pas partie de mes plans et j’escompte toujours trouver preneur pour mon combo guard.
Problème: sa valeur est au plus bas sur le marché.

A bien y réfléchir, seule une franchise me semble à même de l’accepter: Philadelphie. Bon, d’accord, il y en a une ou deux de plus dont les Nets, mais passons. En effet, qu’ils comptent sur lui ou non, les Sixers se trouvent dans la situation de le relancer en lui donnant la liberté nécessaire à son expression, ne serait-ce que pour accroître sa valeur marchande.
Bryan Colangelo a fait savoir que le temps du tanking était révolu tandis que son équipe s’est mise à gagner au point d’espérer, avec sans doute quelques illusions, s’incruster en playoffs in extremis. Comble du bonheur, ces victoires se sont enchaînées sans que Joel Embiid ne prenne part à chaque rencontre!

Sur le plan salarial, le contrat de Knight n’est pas compliqué à absorber pour la franchise la moins dispendieuse de toute la NBA, d’autant que le regain de compétitivité à prévoir du joueur nuancera l’importance du montant de ses chèques.
En ajoutant un élément d’expérience, pourtant âgé de seulement 25 ans, mon interlocuteur a toutes les chances d’étoffer la densité de ses lignes arrières avec un nom qui n’aurait pas nécessairement à rougir aux côtés de ceux de Gerald Henderson ou Jerryd Bayless.

C’est dans cet esprit que le téléphone sonne en Pennysylvanie. Premier malaise: la voix à l’autre bout du fil ne m’est pas familière. Un certain T me demande, avec une aigreur perceptible, si je suis le récipiendaire de Nerlens Noel. J’apprends rapidement que Bryan Colangelo est parti se pavanner devant la presse. Incité par un acteur occulte de la franchise? Je n’en saurai rien. T m’assure en tout cas avoir son aval pour prendre en charge la négociation. Qu’à cela ne tienne.

La mention de Brandon Knight me jette immédiatement dans une situation d’inconfort lorsqu’un murmure à peine audible marmonne « Salary Dump Trade ». Mince! Je n’ai certainement pas affaire à un basketball guy mais bien plutôt à un visiteur régulier du 3601 South Broad Street, le genre d’énergumène capable réciter les Treize Tables de la Loi sur le bout des doigts. La partie sera serrée.

Pour qu’une telle opération se réalise, il ne faut pas être gourmand afin qu’elle profite à la partie adverse. Trop demander, ce serait amputer sévèrement le groupe qui a mené les Sixers à relever la tête depuis deux mois.
La modération est d’autant plus de rigueur que mon interlocuteur semble partir du principe qu’il me rendrait service en accueillant mon combo guard.

La discussion progresse lorsque j’ose affirmer des prétentions sur mon compatriote Timothe Luwawu-Cabarrot. Toutefois, ma voix rencontre un écho lorsque je prononce le prénom de Richaun Holmes. Une troisième guerre mondiale manque d’éclater avec l’intérieur pour casus belli. Je pensais requérir les services de Furkan Korkmaz en prime, je me ravise instantanément. Déstabilisé, j’ajoute en toute hâte les deux futurs seconds tours de Toronto pour faire le compte. T joue au roi du silence.

Je m’apprête à évoquer mon propre choix du second tour favorablement placé en 2017 lorsque j’ai l’idée de simuler une fatigue incapacitante. Le représentant des 76ers est pris de panique à son tour: il a lu dans mes pensées. Il tente vainement de me rattraper par la jambe à travers l’appareil. Rien n’y fait. T prend congé comme on se rend à des funérailles.

Ni une, ni deux, j’appelle les instances dirigeantes de la ligue pour obtenir le numéro de Jerry Colangelo. Après les compliments d’usage sur son self-made-man de fils, j’en arrive à ma proposition qui est entendue avec une écoute beaucoup plus bienveillante. Je lui fais valoir l’inutilité des deux role players de son effectif avec les hommes déjà en place, le peu d’espace dont jouiraient les espoirs en question pour se développer un jour alors que la concurrence ira en s’intensifiant. Petit coût, récompense moyenne, à défaut de grande. Avec l’aide de son père, Bryan pourrait réaliser là un « bon trade ». Pas chien, je lui propose Tyler Zeller de surcroit, conscient de l’état sinistré d’un poste de pivot amputé de Noel et d’Holmes. Néanmoins, un tel effort de ma part en appelle un autre… J’en viens donc auprès de lui à Furkan Korkmaz, que j’avais exclu lors de mes précédentes tractations.

Jerry m’assure qu’un accord sera trouvé. Je n’en doute pas.

I’m in a Philly Mood

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February 23, 2017 – 14:26 ET
Réponse de StillBallin, GM momentané des Sixers
Punaise, le plan est en train d’échouer salement. Depuis quelques semaines, le GM, Bryan Colangelo, n’est censé être qu’un homme de paille. Son père, Jerry, seulement un vieux monsieur enfermé dans un bureau d’ivoire à qui on fait semblant de demander l’avis pour qu’il se sente toujours important et n’interfère pas. Normalement, tous les appels des autres franchises de la ligue sont redirigés vers moi ou mon collègue, T. Mais là, dans la fièvre des dernières heures avant la date limite des transferts, le système vient de rater deux marches.

Sans qu’on ne comprenne comment, Bryan Colangelo s’est retrouvé à converser sans surveillance avec les Mavericks de Dallas à propos de Nerlens Noel. Avant que quiconque ne puisse se jeter sur le bouton d’interruption de l’appel téléphonique, le pivot à suspension était envoyé dans le Texas contre des bouts de chandelles.

Et voilà maintenant qu’un GM roublard est arrivé à entrer en contact avec le vénérable papa pour lui faire dire à son rejeton qu’il lui avait arrangé un joli plan. A coup sûr, le petit Bryan aurait fondu sur cette opportunité de convertir des jeunes en rodage ou en Europe contre un arrière qui n’était pas si loin du all-star game quelques temps auparavant et qui n’a que 25 ans. Heureusement pour nous, la presse harcèle ce bon Bryan de questions sur le transfert de Noel et la conférence n’en finit plus. Ne pouvant joindre son fils, Papa Jerry a laissé un message à un secrétaire subtil qui m’en a aussitôt informé. On pouvait voir dans son regard que lui-même savait que ce transfert n’était pas une bonne idée.

Ce n’est pas un hasard si les Suns demandent ingénument Timothe Luwawu-Cabarrot et Richaun Holmes pour équilibrer le transfert de Brandon Knight dans une tentative de maquiller un « salary dump » en un véritable échange traditionnel. Tous les deux sont jeunes, athlétiques, très énergiques et surtout, s’annoncent comme de futurs excellents role players. Luwawu-Cabarrot est déjà un défenseur extérieur intéressant qui devrait devenir un shooteur au moins correct et peut-être tout simplement devenir un véritable titulaire.

Holmes montre quant à lui une petite base sympathique dans les éléments clés du poste de pivot, à savoir de la protection de cercle, de la mobilité, de la finition sur pick’n’roll et même, doucement, du shoot longue distance. Il n’y en a pas assez pour faire de lui un titulaire, même potentiel, mais en remplaçant, c’est parfait. Plus encore avec un contrat aussi ridicule que le sien (1 million par an jusqu’à l’été 2019). De son côté, Furkan Korkmaz est toujours en Turquie mais il faudra du miel pour me convaincre de céder le talentueux shooteur de 19 ans qui a du flair. On a jamais assez de bon shooteur dans un roster.

Je me doute que les Suns veulent se débarrasser de l’âme en peine qu’est actuellement Brandon Knight. Ils aimeraient récupérer quelques bonus dans l’affaire comme ils essaient de le faire ici avec Luwawu-Cabarrot et consort mais ça c’est dans le meilleur scénario. Simplement parvenir à se défaire de l’arrière serait une victoire pour eux et à Philly, on a le cap space pour avaler son contrat sans avoir à mettre des choses de l’autre côté de la balance pour faire fonctionner l’échange. Je gage bien que Phoenix serait prêt à huiler la transaction en plaçant les deux choix de draft du second tour de Toronto que la franchise avait elle-même proposé à Colangelo au départ.

Mais je n’en ferai rien. Je ne serai jamais contre l’arrivée de draft picks, mais Knight est un prix qui risquera de peser trop lourdement sur l’estomac de ma franchise qui commence tout juste à amorcer la troisième phase du plan de Sam Hinkie après la déconstruction et l’accumulation de valeurs: l’ascension. Ou du moins la progression sur le terrain. Dans ce schéma, Knight est une pièce plus gênante qu’autre chose.

Knight veut, et c’est légitime, se relancer, retrouver son brillant d’antan. Pour ça, il voudra du temps de jeu et des tickets shoots. Et si ce n’est pas le cas, on retrouvera la loque fantomatique qu’on voit actuellement dans l’Arizona. En somme, il risque de vampiriser un peu trop le jeu au détriment des pièces fondatrices que sont les Embiid, Simmons et autres dans le premier cas et de plomber l’atmosphère d’une équipe jeune et impressionnable dans l’autre. Deux situations où Knight pourrait être un frein au développement collectif.

Malgré une carrière en dent de scie, l’ancien grand espoir des Pistons et éphémère franchise player des Bucks est un joueur talentueux et quelque part, il existe un scénario où il est le faux meneur parfait en soutien de l’ailier fort playmaker, Ben Simmons, l’aidant dans la création et créant du spacing grâce à son shoot. Mais ce Brandon Knight-là est celui qui se met totalement au service des jeunes pousses pennsylvaniens et je doute qu’il ait abandonné ses ambitions de all-star game pour enfiler ce costume. Avec deux ou trois ans difficiles et la lourde maturité qui généralement vient dans le lot, ce sera peut-être le cas. Mais pas aujourd’hui, il n’a que 25 ans et sa défaillance récente est certes inquiétante mais vraisemblablement pas assez longue pour qu’il abandonne dès à présent l’idée de devenir un joueur majeur plutôt qu’un simple joueur de complément.

Je perds peut-être l’occasion d’avoir un solide titulaire au contrat correct bouclé jusqu’en 2020 mais ce faisant, j’évite aussi le risque -plus grand à mes yeux- d’avoir à traîner un problème pendant quatre ans.

J’envoie mon mail de refus au vicieux GM des Suns pour avoir une trace écrite et éviter toute future entourloupe. Je monte ensuite jusqu’au bureau de Jerry Colangelo. Il va me falloir le tact d’un diplomate au chocolat.

A suivre.

StillBallin (@StillBallinUnba)
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3 réflexions sur “Le jeu du GM: la Trade Deadline, The Phoenix Suns’ Edition, Ep. 17

  • WarriorsBlackKid #P

    Haha, l'épisode le plus drôle sans hésiter

  • StillBallinBB

    Règle n°37 du jeu du GM : jamais hésiter à taper sur les Colangelo quand on en a l'occasion (règle inscrite dans le code depuis que l'arrivée des intéressés a amené le départ d'Hinkie).

  • WarriorsBlackKid #P

    Et en plus ils prendront les louanges quand les sixers exploseront, quels escrocs

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